La plus grande arlésienne du jeu vidéo est enfin sortie dans les bacs. Il aurait été dommage de ne pas revenir sur son périple, de sa phase de conception à la parution sur les rayonnages.
Le réel déclencheur de toute cette attente n’est autre que Duke Nukem 3D. Comme son nom l’indique, la série Duke Nukem, composée alors de deux épisodes, se voit rentrer dans la nouvelle ère technologique. Les développeurs s’amusent énormément avec ce DK 3D et le proposent au public en mai 1996. Le jeu remporte un succès inespéré au point que 3D Realms envisage aussitôt la création d’une suite. Cela tombe d’ailleurs très bien puisqu’un projet parallèle à celui de Duke Nukem 3D, mené par Keith Schuler, est justement dans les cartons depuis quelque temps : Duke Nukem 4ever. Reprenant la logique de déroulement des premiers volets, celui-ci s’affiche en 2D, en scrolling horizontal. Les équipes avaient dans l’esprit de revenir aux origines de la saga, et surtout son gameplay.
Malheureusement, le projet s’enlise et à la sortie de Duke Nukem 3D, le 4ever n’a pas réellement progressé. Pire : sa réalisation paraît extrêmement datée en comparaison de ce qui se fait dans le genre. 3D Realms décide alors de suspendre le projet préférant la mise en chantier d’une réelle suite à Duke Nukem 3D dès juin 1996. Mois durant lequel GT Interactive signe un contrat de licence avec 3D Realms concernant ce nouveau bébé déjà appelé : Duke Nukem Forever.
Décembre 1996 : le moteur Build, déjà utilisé pour Duke Nukem 3D et devant servir pour sa suite, est abandonné au profit de celui de Quake, au doux sobriquet de Quake 1. La phase de recherche et développement débute alors réellement au sein de l’équipe qui a œuvré sur DK 3D, avec notamment Allen Blum, l’une des rares, si ce n’est la seule, qui suivra l’intégralité du développement.
Après un peu plus de quatre mois, en avril 1997, 3D Realms annonce officiellement l’existence de Duke Nukem Forever. La société est tellement enthousiaste sur l’avancement du projet qu’elle planifie d’ores et déjà une sortie pour 1998, soit l’année suivante. Pourtant, l’équipe a décidé de changer de moteur, pour passer à celui utilisé par Quake 2.
Dans un souci d’autonomie, deux personnes de l’équipe DNF, Randy Pitchford et Brian Martel, quittent 3D Realms en mai 1997 afin de travailler sur Prax War, titre d’une toute nouvelle société, Rebel Boat Rocker. Le jeu ne sortira jamais et les deux compères montent alors Gearbox Software.
Le développement se poursuit jusqu’en novembre 1997 où les premières captures d’écran sont dévoilées dans le magazine américain PC Gamer. Le jeu existe donc. Pourtant, il ne réapparaîtra réellement sur les feux de la rampe qu’en mai 1998, au cours de l’E3. Pour la première fois, une bande-annonce y est dévoilée. Et si le jeu semble bien parti, 3D Realms annonce dès la fin des festivités que Duke Nukem Forever va être porté sur le moteur Unreal. L’équipe rencontre en effet des problèmes avec les grands espaces, bien plus aisés à gérer sous le moteur d’Epic.
A partir de là, et alors que DNF devait initialement sortir en 1998, silence radio de la part de 3D Realms. Une petite annonce en mars 1999 pour assurer que le groupe Megadeth signera le thème du jeu. Et puis, le projet revient, en novembre 1999, à nouveau au travers de PC Gamer qui illustre sa couverture avec Duke et la célèbre phrase « Miss Me ? ». Le dossier consacré à Duke fait la part belle à de toutes nouvelles images issues d’une version tournant sous Unreal Engine. Le développement du jeu semble donc suivre son cours.
Le mois suivant, les droits de Duke Nukem Forever changent de main, passant de GT Interactive à Infogrames, en raison du rachat de la première entreprise par la seconde… avant de changer à nouveau en mai 2000 pour Gathering of Developers. Ces derniers sont en réalité un ensemble de développeur unissant leurs forces pour éditer leurs jeux, ensemble dont fait partie 3D Realms. GoD ayant été racheté par Take-Two Interactive, un accord est signé juste avant le noël 2000 pour que GoD conserve les droits sur Duke Nukem Forever mais cède ceux sur tous les autres jeux de la licence Duke Nukem, passés et à venir.
Duke Nukem Forever, toujours en développement, frappe un grand coup à l’E3 2001. Afin de fêter les 10 ans de la licence, 3D Realms réalise une bande annonce qui, à l’époque, fait sensation par sa mise en scène et les promesses d’un Duke Nukem Forever de plus en plus avancé…
Mais c’est avant le drame. Duke Nukem Forever disparaît tout simplement de la circulation pendant plus de trois ans. En septembre 2004, 3D Realms, par l’intermédiaire de George Broussard, annonce l’abandon de l’Unreal Engine au profit du moteur de Megon Games Dynamics, jugé le plus flexible et rapide parmi ceux du marché. Nous remarquons donc, une fois de plus, l’envie de 3D Realms de proposer une aventure à la pointe de la technologie, pourtant, une fois encore, la société se fait discrète sur son jeu. En Août 2006, les fans prennent peur en apprenant que 3D Realms se voit désertée d’une grande partie de ses employés, et notamment certains travaillant sur DNF. La plupart d’entre eux sont recueillis par Gearbox Software.
Pourtant, en décembre 2007, Duke Nukem Forever se montre au travers d’une vidéo inédite, la première depuis celle diffusée à l’E3 2001. 3D Realms révèle également, au travers des paroles de Scott Miller, que l’équipe aimerait bien porter le jeu sur les consoles HD du moment, à savoir Xbox 360 et Playstation 3.
Des captures d’écran suivent neuf mois plus tard, non pas dans la presse comme nous aurions pu nous y attendre, mais comme bonus de l’édition Xbox Live Arcade de Duke Nukem 3D. Une dernière image est dévoilée en décembre 2008 avant que le je ne replonge dans sa léthargie. D’autant qu’en mai 2009, la presse du monde entier relaie l’info que 3D Realms a licencié l’équipe s’attelant à Duke Nukem Forever le 6 mai.