[dropcaps style=’2′]Xenogears a atteint au fil des ans le statut de jeu culte. Le scénario dantesque a laissé sur le derrière une caste entière de joueurs. Pourtant, les délires philosophiques de Takahashi étaient échelonnés sur de nombreux chapitres. Il avais mis en place une histoire tellement complexe qu’il était nécessaire de la séparer en plusieurs jeux. Malheureusement pour lui, Squaresoft n’avait accepté de créer que le cinquième, jugé comme plus intéressant que les autres. Ainsi, notre cher monsieur Takahashi décida de quitter Square pour fonder Monolith et continuer sa série comme il l’entendait. Ainsi, a pu naître Xenosaga Episode I. Il a enfin pu mettre toutes les idées qu’il désirait dans son titre sans aucune censure (Namco, l’éditeur, était bien plus confiant). Il en ressort maintenant une trilogie unique, au scénario incroyable. Jetez-vous dessus, vous ne le regretterez pas.
Voilà… [/dropcaps]
Besoin de davantage d’explications ? Bien. D’autant, qu’il faut reconnaître que ce premier volet Xenosaga est un titre excellent mais perfectible sur bien des points.
~ Les défauts ~
Une irrégularité graphique irritante
Le plus flagrant quand on débute le jeu, c’est l’irrégularité de la réalisation. Les personnages sont magnifiquement réalisés, pas un pet d’aliasing sur eux, des réactions plus que réalistes s’affichent sur leurs visages ; l’Emotion Engine a enfin pu montrer ce qu’elle savait faire, pour notre plus grand plaisir. Sony nous avait assez bassiné avec ses bienfaits alors qu’à part Final Fantasy X, nous n’avions pas eu l’opportunité de réaliser si l’expression des émotions était si bien réalisée que cela. Xenosaga nous donne une réponse plus que positive et c’est à se demander, à la sortie du titre, si ce n’est pas celui qui exploite le mieux la technologie. Mais, là où le bat blesse, c’est du côté des décors. Ceux-ci sont, pour la plupart, dépouillés au point de flirter avec la laideur. Nous sommes forcément déçus sur ce point puisqu’il semblait acquis que les gars de Monolith, au vu du budget annoncé colossal accordé par Namco, nous pondraient une réalisation au moins à la hauteur de celle du concurrent Final Fantasy. C’est bien dommage, surtout qu’on a déjà vu mieux sur Playstation avec des titres tel que Chrono Cross, FFIX et même FFVIII d’ailleurs. Incroyable. Il y a bien certains paysages qui nous rappellent que nous sommes sur PS2 mais ils sont tellement rares qu’ils en deviennent anecdotiques.
Le design des monstres en combat n’est guère mieux. La majeure partie ne ressemble malheureusement pas à grand chose. Exception faite des boss, vous ne rencontrez que des robots ou des gnosis – nous y reviendrons. L’originalité n’est réellement pas de rigueur ici puisque vous affronterez souvent les mêmes adversaires, à la couleur près. A cela, ajoutez des décors qui se répètent méchamment dans les donjons, vous en déduirez que le bilant graphique de Xenosaga est mitigé et vous aurez raison. L’animation de course de l’héroïne est atroce – où est la motion capture ? – sauvée par celle des combats. Même constat pour tous les personnages.
Pas de quoi fouetter un chat du point de vue technique. La déception est au rendez-vous et on se rappelle que Xenogears possédait également une carence technique. Cela ne l’a pas empêché de devenir culte dans le cœur de millions de joueurs de par le monde.
Une bande son mal exploitée
Maître Yasunori Mitsuda a encore fourni un travail exceptionnel sur ce titre. Il suffit d’entendre quelques pistes pour retrouver son savoir-faire : Zarathrustra, Song of Nephilim ou encore Omega. Que des morceaux qui restent gravés une fois le jeu terminé. Mais leur utilisation semble avoir été moins inspirée : ces si belles mélodies ne nous accompagnent pas toujours, laissant par instant de très longues périodes sans musique. Il arrive donc régulièrement que nous nous déplacions avec pour seule mélopée nos bruits de pas. Non pas que ce procédé ne puisse pas être utilisé – au contraire – mais il est ici inutilement surexploité, allant jusqu’à amener certaines traversées désespérément tristes. A cela, on pourrait ajouter qu’il n’y a pas de thème de boss : il nous faut nous contenter du – certes – très bon thème des combats, mais qu’il aurait pu être bon de varier. Les combats contre les chefs de secteur se veulent, de plus, plutôt longs pour certains. Dommage, surtout si nous venons à comparer Xenosaga à Xenogears.
Des Gears de figuration
Les fans de Xenogears savent à quel point les Gears sont importants pour l’histoire et le déroulement du jeu. Pour rappel : ce sont les immenses mechas/robots, ici nommés AGWS, que les protagonistes pilotent. Ceux de Xenosaga Episode I avaient été révélés très tôt et des voix se sont très vite élevées contre leu design plutôt dépouillés. Mis à part peut-être celui d’Albedo, aucun Gear ne crève l’écran, et surtout pas ceux des héros. Pourtant, difficile de critiquer puisque cet épisode doit se passer des millénaires avant Xenogears. Ainsi, la technologie est forcément bien moins évoluée. Les robots de combat sont obligatoirement plus sommaires, aussi bien dans leurs capacités que dans leur design. A moins que ce ne soit tout simplement un coup de crayon raté… En revanche, leur utilisation fait l’unanimité, ou en tout leur inutilité. Sans réelle justification scénaristique, difficile de les apprécier. Même en combat, ils ne servent finalement que peu : les dégâts qu’ils infligent sont moindres que ceux de votre équipe. Aberrant.