Le Xbox Live Arcade et le Beat’em all ont toujours été très proches l’un de l’autre, le premier prenant un malin plaisir à accueillir des représentants du second. Chaque développeur y va de son originalité pour sortir du lot mais n’est pas The Behemoth qui veut, avec son Castle Crashers de compétition. Pourtant, le studio britannique Mediatonic s’y lance avec un Foul Play à la fois humble et blindé de bonnes intentions.
La touche originalité de Foul Play est contenue dans sa mise en scène théâtrale : l’aventure n’est autre qu’une pièce de théâtre, avec ses spectateurs en premier plan et son lever de rideau à chaque nouvel acte, celui-ci laissant la place au baron Dashforth. Chasseur de démons depuis des années, vocation amenée par son paternel aujourd’hui porté disparu, il nous raconte ses principales péripéties jusqu’à celles prenant place de nos jours. Narrateur à chaque début et fin d’acte, au nombre de cinq, et acteur au milieu, il représente ce que les étrangers comme nous appellent le flegme britannique. Gentleman dans l’âme et jamais avare en bon mot – bien que le jeu ne soit pas doublé – il n’hésite jamais à placer une remarque incisive à chaque occasion, donnant la réplique à son apprenti, Scampwick Steerpike, tout aussi généreux que lui en terme de boutades et autres calembours. Pour faire fi des limitations induites d’une scène de théâtre, le décor évolue sans cesse. Dunes placées à l’aide de filins, mur remontant et marchant vers le backstage, nettoyeur encore sur scène, la construction des environnements recèle une myriade de détails nous rappelant sans cesse le lieu où nous nous trouvons. Des astuces pas forcément inédites mais suffisamment amusantes pour aller chercher encore un peu plus le sourire et ne pas se focaliser uniquement sur les protagonistes. Plutôt honnête, la technique du jeu ne faillit que rarement et affiche un dessin très british du meilleur goût. Les mimiques sont, soit dit en passant, plus que réjouissantes.
Comme tout bon beat’em all à l’ancienne, la progression de nos deux héros se fait au travers d’un scrolling horizontal, où l’avancée est ponctuée de zones à nettoyer. Plusieurs vagues d’ennemis apparaissent alors, submergeant heureusement rarement l’écran, offrant une lisibilité sans faille. Du gringalet au gros costaud, les différents stéréotypes sont respectés, faisant appel, comme toute petite production, à un set d’acteurs récurrents jouant plusieurs rôles. Amusant de constater qu’une fois un ennemi terrassé, celui-ci tente de sortir discrètement de la scène pour endosser son nouvel habit. A hauteur de cinq chapitres par acte, sauf le cinquième n’en comportant que deux, Foul Play présente le schéma classique d’ennemis simples dirigés par un mini-boss concluant l’acte. Le super vilain termine l’acte. Malgré la découverte de nouvelles techniques et coups au fil de la progression, celle-ci demeure étonnamment simple : le théâtre ne requérant que le plaisir de ses spectateurs, il n’est pas possible de mourir. Aucune barre de vie, uniquement un applaudimètre indiquant le plaisir rencontré par les spectateurs. Plus les combos s’enchaînent, sans rupture, plus le public est heureux, doublant, triplant voire quadruplant les points engrangés. En cas de coups reçus, la jauge chute ; recevoir trop de coups oblige à refaire la scène. Malgré cela, Foul Play reste un jeu extrêmement simple, où il suffit souvent de correctement enchaîner les coups et les gardes. Une bonne pratique à prendre, permettant de vite s’en sortir même au milieu de nuées d’adversaires.
Très vite, des schémas de jeu se dessinant, une routine s’instaure et des automatismes apparaissent. Le mode solo se résume bien vite à tapoter en rythme sur les touches pour ne pas perdre ses chaines. Le Beat’em all étant un sport voué à être partagé, un mode deux joueurs permet, en ligne ou en local, de faire face, diminuant d’autant la difficulté. D’autant que des techniques à deux sont réalisables, réalisant de très gros dégâts sur le camp d’en face. Le challenge du jeu réside uniquement dans l’accomplissement de défis, au nombre de trois par chapitre, permettant de booster son score – classement en ligne présent – et débloquer des gri-gris, équipements permettant de profiter de bonus non négligeables. L’aventure s’étalant sur guère plus de cinq heures, le joueur désireux de rentabiliser son achat tentera le cent pour cent pouvant aisément monter l’addition à sept ou huit heures de jeu. Mis à part l’aventure, aucun autre mode n’est proposé à l’écran-titre, exception faite de l’encyclopédie. Il est cependant dommage que la replay value soit pour ainsi dire nulle en raison d’une répétitivité, certes inhérente au genre mais ici exacerbée par une liste de coups assez restreinte et des patterns d’attaque très classiques.
Passé relativement inaperçu à sa sortie, Foul Play a revêtu le costume du Beat’em all affreusement classique, trop classique même, et très peu varié, au point qu’il n’intéressera très certainement pas les vétérans du genre. Une fois l’aventure terminée, peu d’entre vous retourneront écouter les récits de Mr. Dashforth. Pourtant, il dispose de plus d’un atout dans sa manche. Des niveaux bien pensés, un mode multijoueur sympathique – bien que limité à deux – et, surtout, un humour jubilatoire au possible pour tout amateur d’humour anglais, parfaitement traduit en français. Rien que pour ses tirades il mérite que vous y jetiez un coup d’œil.