Dragon Quest… un emblème parmi les fans de RPG. Un mythe inattaquable tellement il a apporté à ce genre sur console… il l’a même créé. Souvenez-vous, c’était il y a 22 ans. Et oui, déjà. Depuis, certains d’entre vous sont nés, d’autres sont morts et il y en a même qui ne connaissent peut-être même toujours pas la galère pour faire un DraQue. Les innombrables heures passées dessus, les interfaces vierges de tout icône (je ne parle pas du VIII en us et fr où tout a été fait pour aider les joueurs), les héros muets et les mêmes monstres à chaque fois. Toute une culture est née avec cette série. Hoime (le sort de soin) est même rentré dans le langage courant au Japon. Un truc de malade quand on y pense. Comme si G-Force rentrait dans le dictionnaire :
G-Force : nf animal de compagnie capable de venir à la rescousse de son maître après invocation.
Avouez que ce serait cocasse… Bon, le fan de Final Fantasy VIII serait heureux, certes, mais rien de tel pour provoquer des réflexions pseudo-philosophiques chez les personnes autoproclamées pensantes de certaines associations… Bref, avant de voir une telle passion chez nous, il y a le temps de se farcir moult vagues de next-gen encore. Et vu comment les finances de Square Enix vont bien ces temps-ci, nul doute qu’ils seront toujours là. Et pourquoi se portent-ils si bien ? Tout simplement car leurs titres se vendent comme des petits pains. Dragon Quest Monsters J, simple spin-off de la série-mère, est million-seller à peine trois semaines après sa sortie en terre nippone. Le plus drôle dans l’histoire, c’est que ce chiffre est ce qu’il est en raison d’un problème d’approvisionnement… Pensez-vous, il se serait vendu davantage sinon. Ce nom fait vendre. Le français moyen n’y voit que salasses allusions alors que tout un peuple se lève pour lui. Nous, c’est Danette, c’est … différent. Pour l’occasion, devenons japonais et examinons les entrailles de ce cher Dragon Quest Monsters J.
Amis nietzschiens rangez votre portefeuille vous allez être déçus. N’espérez pas l’ombre d’une profonde réflexion sur l’existence humaine avec la sacro-sainte question : qu’est-ce qu’on fout là ?! Non, c’est un Dragon Quest. Si l’on prêtait plus attention au titre, nous serions tentés de remarquer qu’en anglais, cela signifie « La quête du dragon ». Il s’agit donc soit d’une aventure mettant en scène un dragon partant en quête de quelque chose, on ne sait pas quoi, mais en tout cas, il va le chercher ; soit d’une épopée d’un chevalier-esclave désireux de tuer un pauvre dragon qui n’a rien demandé. Dans les deux cas, la finesse n’a pas cours. Et force est de reconnaître que, même si dans cet épisode, il n’est pas réellement question de dragon, le scénario ne va guère plus loin dans les réflexions philosophiques. En même temps, un jeu sur console portable n’est pas là pour nous retourner le cerveau. Son but premier ? Je ne sais pas vous mais j’ai dans l’esprit que cela doit toucher du doigt la notion d’amusement et il se trouve que l’histoire imaginée pour ce soft a sûrement été pensée dans ce sens là. Je préfère de loin me dire cela que de voir qu’en fait, il a été rédigé un soir de fête sur le premier post-it trouvé.
L’enquête quant au titre du jeu continue : Joker est le nom du héros. Dans un souci d’identification et pour assouvir mon égo démesuré, j’ai plutôt opté pour Vidok. Je peux toutefois comprendre que tout le monde ne désire pas mettre Vidok comme nom… Libre à vous de choisir le nom du personnage que vous allez manipuler pendant plusieurs dizaines d’heures. Si vous ne désirez pas trouver rendre le titre du soft obsolète, laissez Joker… De toute façon, qu’importe, cela n’influe en rien sur l’histoire et si c’est pour diriger une coquille vide, on peut très bien l’appeler Caliméro (カリメロ dans la version jap en fait, pas plus de 5 lettres latines, ça rigole pas chez Square…). Notre cher héros muet et à la coiffure dans le vent va se trouver un double but (puis un triple) : premièrement, aider son ami le monstre rare qu’il vient juste de rencontrer (quand on vous dit de ne pas parler aux inconnus…) ; la seconde, remporter le GP Battle, le tournoi des éleveurs de monstres.
Intervient alors la notion manquante dans notre analyse de titre : Dragon Quest MONSTERS Joker. Ici, le héros n’est là que pour faire potiche et les véritables personnages auxquels vous vous attacherez seront les créatures. Autant vous le dire tout de suite : Pokemon/DraQue Monsters, même combat. Dans le principe, c’est pareil : vous dirigez une équipe de bestioles que vous avez capturées et les faites combattre pour récolter amour, gloire et beauté. Des mots qui font rêver n’est-ce pas ? Après avoir fait tourner des têtes pendant l’éternité, voilà que cette doctrine devient le leitmotiv de notre cher jeu.
Le seul monstre que vous n’aurez pas à recruter sera votre premier. Vous aurez le choix entre trois bestioles qui, rien qu’à leur charisme, vous donneront envie de très vite avancer dans le jeu. Vous vous souvenez du grand dragon du début ? Eh bien, il s’est depuis lors transformé en vulgaire chauve-souris… Autant de rêves qui s’écroulent, alors que je me voyais déjà contrôler de féroces créatures aux dents acérées et au regard perçant. Ne vous inquiétez pas, les utopistes avaient raison, tout vient avec le temps : votre équipe deviendra plus forte. Comme dans tout RPG, gagner de l’expérience est un bon moyen pour améliorer vos personnages mais il est un système autrement plus intéressant et surtout pratique : l’accouplement. Pour cela, rien de plus simple : vous prenez un mâle, vous prenez une femelle et hop, le tour est joué : un nouveau monstre est né. C’est beau l’amour, hein ? Malheureusement pour les plus curieux, Square Enix reste assez évasif quant à la manière de faire chez les monstres. Ici, pas de préliminaires, pas d’acte, même pas de rapprochement : les deux monstres sont sous les feux de la rampe, ils disparaissent et le nouveau né apparaît… sous son physique d’adulte. La jeunesse n’existe pas. Vient alors l’inévitable questionnement de tout bon joueur sensé : pourquoi ne pas avoir nommé ce système « fusion » ? C’est une bonne interrogation mais on avait dit pas de question, on est ici pour s’amuser donc on laisse.
Votre nouvel esclave (n’allez pas me parler d’amis : on ne lui donnera que des ordres) a alors la faculté d’apprendre trois packs de capacités. Qu’est-ce donc ? Un pack de capacités regroupe plusieurs magies, techniques ou caractéristiques détenues par un monstre. Pour exemple, vous pouvez avoir un pack contenant Hoime, ReHoime et Zaoraru. C’est une capacité qui englobe plusieurs magies. Le bébé obtenu a donc le choix parmi 6 packs de capacités (pas plus de trois par individu). Vous pouvez donc choisir de mettre des capacités essentiellement centrées sur les caractéristiques (HP+10, MP+20, etc…) ou plus orientées magie. Ces capacités peuvent évoluer (vous gagnez des points à certains niveaux) et la descendance d’un monstre profitera des bonifications. Cela tombe sous le sens : il est préférable d’accoupler des créatures qui ont bien vécu, c’est-à-dire qui vous ont fait gagner moult combats.
Des confrontations, vous allez en effet en avoir beaucoup. Il ne faut pas jouer à DraQue Monsters J pour espérer faire les boutiques et vagabonder au gré des rues d’immenses métropoles. 7 îles, une ville. Le reste n’est que donjons où il faudra taper sur de vilains ennemis… ou pas. Étant visibles sur le terrain, c’est à vous de choisir si vous désirez les affronter ou non. Un conseil : combattez tout ce qui bouge et ce plusieurs fois de suite. L’essentiel est de faire évoluer ses monstres et il n’y a que rarement des raccourcis (mis à part les slimes en métal qui rapportent un max d’expérience). Le système de combat est un mix entre celui des anciens et celui du VIII : pas de vue subjective mais toujours des menus relativement austères pour le profane. Il suffit d’y aller à tâtons pour tout saisir mais il est préférable d’avoir de menues connaissances (haha) pour naviguer sans problème. D’ailleurs, les déplacements se font par l’intermédiaire de la croix directionnelle. Oubliez que vous jouez à une console dotée d’écran tactile. Ah si ! Vous pouvez éventuellement sortir votre stylet pour faire apparaître la carte de l’île où vous vous trouvez en appuyant délicatement sur le coin supérieur gauche de l’écran. Possibilité anecdotique trahissant le sentiment de culpabilité des développeurs une fois le jeu terminé : « Et les gars ? On n’aurait pas oublié quelque chose ?… **intense réflexion** Ah ! Le tactile ! Bon, on va rendre touchable la petite flèche en haut de l’écran, ça permettra de voir la carte complète » « Oui, mais le joueur la voit déjà quand il se déplace… » « Ah oui pas faux… bon, on s’en fout, les joueurs n’y verront que du feu ». Pas loupé : on n’y prête absolument pas attention et les heures défilent sans qu’on n’ait le temps de souffler. Les combats s’enchainent facilement, sans réelle lassitude si toutefois le leveling intensif ne vous dérange pas… si ? Au revoir…
Pour ceux qui ont décidé de rester, sachez que voir vos monstres gravir les échelons de la société est source de grande satisfaction. En effet, chaque créature a un rang, de F à A, et chaque rang a un niveau, de +1 à… +10 sûr. Je n’ai pas monté de monstre plus haut. Un monstre de rang C+6 est théoriquement plus costaud qu’un C+1. Posséder les êtres les plus forts devra très vite devenir une priorité pour avancer sans encombre. Surtout qu’il est difficile de bloquer : votre prochaine action à réaliser est inscrite dans un bandeau en haut de l’écran. C’est sûr, cela demande de comprendre ce qu’il y a d’écrit mais disons que dans une version américaine, vous seriez heureux d’avoir cette indication. Sans cela, nous pourrions croire que Dragon Quest est l’opposé du jeu linéaire. Vous avez assez vite accès à plusieurs îles et seul le niveau des monstres d’en face saura vous dire si vous avez eu raison de venir ou pas. Avis aux japonisants donc.
En résumé : faites des combats ! C’est très important, tout en créant fréquemment de nouveaux monstres car grâce aux dons de programmes génétiques, les générations deviennent de plus en plus puissantes et c’est essentiel pour obtenir la gloire ensuite. Mais qu’importe le système de jeu, la société responsable du soft ou encore son nom, ce qui a fait la renommé du titre lors de son annonce, fut ses graphismes.
A moins de souffrir de cécité, il est difficile de reprocher quoique ce soit à la réalisation technique de DraQue Monsters J. Entièrement réalisé en 3D, il en met tout simplement plein la vue à tous les détracteurs de la console. La DS incapable de rivaliser avec une Playstation ? Foutaise et Square nous le démontre ici. C’est beau, c’est bien réalisé et cela met une grosse claque à la plupart des jeux de la console, les Final Fantasy compris. Heureusement, les ambitions d’un FF et de ce volet de DQ sont complètement différentes (malgré le gros point commun : rapporter des sous), ce qui fait que les deux sont indispensables. DraQue fait donc partie de la caste des beaux RPG DS mais surtout, là où il peut pavaner face à son concurrent fraternel, c’est que le joueur peut diriger la caméra. Il est tout à fait possible de la faire tourner autour de son héros pendant des heures si l’envie vous prend et ainsi faire augmenter artificiellement votre compteur de temps. Quelques ralentissements surviennent quand trop de personnages sont à l’écran mais rien de bien grave. La beauté fait que l’on oublie bien vite ce désagrément.
Amour, gloire et beauté. Voilà, nous avons fait le tour de DraQue Monsters Joker. Cependant, je vais apporter quelques précisions sur la durée de vie, il paraît que c’est important pour un RPG. Alors sachez que vous aurez besoin d’une vingtaine d’heures de jeu pour voir le boss de fin. Il faudra alors réussir à le vaincre et cela dépendra clairement de votre façon de gérer votre équipe. Il ne sera pas question d’attaquer pendant tout le combat en espérant vaincre avant de voir les HP à 0. Les accouplements et la capture de monstres est réellement primordiale donc ne la négligez pas. Si vous prenez votre temps à tout explorer, à faire beaucoup de leveling et à croiser vos monstres quotidiennement, alors vous atteindrez la fin en une trentaine d’heures. En quoi croiser des créatures prend du temps ? Je ne l’ai pas précisé plus tôt mais chaque nouveau né découvre votre équipe avec un magnifique lv1. Même si le gain de niveaux est assez rapide, il faut bien le faire.
Malgré l’absence d’un réel scénario (il existe mais demeure d’un classicisme absolu), Dragon Quest Monsters J remplit totalement son contrat en nous amusant et en nous occupant de longues heures durant, sans l’ombre d’une lassitude. D’ailleurs, il en est presque décevant de le finir si vite (30 heures, je rappelle). On espérait encore plus. On rêve alors de rangs après A pour nous donner un espoir de continuité. Le boss de fin n’était finalement pas si méchant, on en veut un autre. Eh bien, soyez heureux, la fin est ouverte : vous pouvez continuer à jouer même une fois le générique visionné. Vous vous demandez si ce jeu est fait pour vous ? Si vous ne vous êtes pas reconnu dans les quelques catégories de personnes citées tout au long du texte, alors il y a des chances pour qu’il vous plaise. En tout cas, le plaisir a bel et bien été là en ce qui me concerne. Pourquoi pas chez vous ?
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