Le programme des Utopiales étant dense, vous vous doutez bien que, même avec la moitié d’Archaïc sur place et qu’elle a une endurance à toute épreuve, difficile de tout couvrir. Le don d’ubiquité est sur sa liste des prochains talents à apprendre.
C’est donc à une sélection que vous aurez affaire ici, MAIS chaque membre a tenu à préciser son avis, de manière même courte, sur chaque oeuvre visionnée.
Longs-métrages
Europa Report
Une équipe internationale de six astronautes, envoyée en mission vers la quatrième lune de Jupiter, enquête sur une possible existence extraterrestre… Soutenu par Guillermo Del Toro, l’équatorien Sebastián Cordero propose une odyssée de l’espace en found-footage. Pour ce faire, il s’est inspiré du documentaire For All Mankind. Avec Sharlto Copley, la révélation de District 9 et Michael Nyqvist, découvert dans la trilogie Millenium.
[spoiler intro= »Avis de Hyades Luine » title= »A la découverte d’Europe »]
Très bonne surprise de ces Utopiales, Europa Report nous a offert un voyage spatial assez impressionnant de réalisme malgré son budget limité. La présentation du film sous la forme d’un montage d’enregistrements vidéo par des caméras de bord prend tout son sens pour retracer au plus près le périple d’un vaisseau expérimental vers les satellites de Jupiter. Ce style permet notamment de se familiariser avec les membres d’équipages de la mission et de s’y attacher. Et si en début de séance on peut se demander si on ne va pas un peu piquer du nez devant un film d’une heure et demie qui se contente de retracer un voyage spatial vers Europe et son exploration, le tout sur un ton scientifique plutôt réaliste, on se surprend à se passionner pour cette aventure humaine qui réserve son lot de surprises. Malgré sa durée conséquente pour traiter un sujet qui semble limité, Europa Report ne souffre d’aucune longueur et d’aucune baisse de rythme.
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[spoiler intro= »Avis de Mizakido » title= »L’alternative de Gravity. »]
Assurément la meilleure surprise de ce salon (du moins pour moi). Surfant sur la vague des films « found footage », Europa Report nous propose de revivre une expédition spatiale vers le satellite Europe de la planète Jupiter, qui a visiblement mal tourné. Le montage est particulièrement bien foutu, nous montrant différents moments du voyage, exposant au monde ses astronautes, leurs vies à bord, leurs peurs, leurs rires… Plus que de poser une mystérieuse intrigue très bien menée de bout en bout, le film offre un aperçu de ce que pourrait donner une aussi longue mission, que cela soit d’un point de vue psychologique pour l’être humain, ou carrément technique, en cas de problème. L’ensemble est très crédible, et compte tenu du budget alloué au film, on ne peut que saluer l’exploit.
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[spoiler intro= »Avis de Vidok » title= »Hey ! Un bon film dans l’espace ! »]
Europa Report fait en quelque sorte écho à Gravity. Un hasard de planning et de production qui place ces deux films spatiaux dans des fenêtres de lancement très proches. Si Gravity se repose complètement sur sa photographie absolument incroyable, et en oublie son scénario, Europa Report, en raison de moyens financiers particulièrement modestes, opte pour la fiction-documentaire. Les angles de caméra sont conditionnés par les caméras au sein de la navette, nombreuses et très bien placées. Comme l’intégralité des éléments du film, leur positionnement est expliqué, et cohérent. Un énorme travail a été effectué sur le réalisme des situations et des événements, rien que dans son histoire ancrée dans la réalité du moment – les découvertes liées à Europa, une des lunes de Jupiter. A deux près, le casting d’acteurs est peu enclin à la célébrité. L’occasion pour nous d’y croire encore un peu plus. Europa Report nous narre le voyage de ces aventuriers, dont le destin est des plus incertains. Intervient alors à la fois de l’empathie et de l’attente, épaulées par de nombreux flashbacks et d’instants privilégiés nous les rendant toujours un peu plus proches de nous. Du début à la fin, Europa Report sait nous captiver, pour peu que la découverte de l’inconnu nous intéresse un minimum. Petit protégé de Guillermo Del Toro, Sebastian Cordero fait montre d’un talent rare de narrateur. Pas parfait – certains allers-retours pas forcément nécessaires – Europa Report fascine. Et c’est bien là son tour de force.
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Real
Atsumi, talentueuse dessinatrice de mangas, se retrouve dans le coma après avoir tenté de mettre fin à ses jours.Son petit-ami Koichi ne comprend pas cet acte insensé. Afin de la ramener dans le réel, il rejoint un programme novateur permettant de pénétrer dans l’inconscient de sa compagne.
[spoiler intro= »Avis de Hyades Luine » title= »Sleepy… »]
Real est un film étrange qui a du mal à se fixer dans un genre. Il y a cette ambigüité entretenue entre le réel et l’imaginaire, typique des films dans lesquels un protagoniste explore le contenu de la tête d’un autre. Il y a ce prétexte du manga d’horreur qui déborde sur le réel pour justifier des apparitions spectrales glauques (mais ici inoffensives), typiques des films de fantômes japonais façon Ring. Il y a le retour aux sources vers l’île bucolique où les personnages principaux ont grandi, typique de l’anime traditionnalo-écologique à la Miyazaki. Bon, il y aussi des scènes d’action improbables avec un plésiosaure métamorphe, et ça personne n’avait encore osé. Mais il ressort de ce mélange des genres une sorte de grand bazar pas très cohérent en plus d’être trop long et assez ennuyeux. Quand le tout est desservi par des effets spéciaux souvent loin d’être top, on ne se sent par moments pas très loin du nanar. Certainement le film le moins emballant de la sélection officielle des Utopiales 2013.
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[spoiler intro= »Avis de Mizakido » title= »Wait what? »]
Real part de cette idée originale qu’il est possible de visiter l’inconscient de quelqu’un alors que ce dernier est dans le coma, et ceci grâce à une machine très sophistiquée et visiblement accessible au grand public. Et c’est en l’occurrence ce qu’un jeune homme va faire pour savoir pourquoi sa petite amie, mangaka de son état, a tenté de se suicider. Le postulat de départ est bon, et durant la première demi-heure, tout va bien. On suit l’intrigue avec intérêt, les visites dans l’esprit de l’amie du héros est plutôt bien pensée et nous montre pas moins une âme un peu torturée. Cependant Real montre rapidement des signes de faiblesses en s’embarquant dans un méandre de retournements de situations douteuses pour finalement se finir avec une conclusion très douteuse. Bien longuet, avec une réalisation digne d’un drama – les scènes en voiture semblent toutes droit venues de vieux films et certains effets spéciaux sont ridicules, ce (télé)film mêlant horrifique et tranche de vie reste assez moyen, et c’est très dommage.
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[spoiler intro= »Avis de Vidok » title= »Is that real ? »]
Après plus de deux heures, Real, dernière réalisation de Kiyoshi Kurosawa, laisse un petit goût amer dans la bouche. Partant pourtant sur un postulat intéressant mais au twist convenu et déjà vu, le film enchaine les clichés pour faire un tout intéressant mais tellement inférieur à d’autres monstres du genre tel qu’Inception. Oui, la comparaison est audacieuse, peut-être hors de propos selon certains, mais la logique n’en est pas si éloignée. Malheureusement, Real n’en a ni le budget, ni les acteurs, ni la qualité de narration. Real se perd en longueur, présentant une bonne demi-heure de trop. Le propos, très japonais, est toutefois à saluer, mettant le doigt sur les enjeux et conséquences du métier de mangaka. Un métier aux coulisses finalement assez méconnues du grand public, sujet de certaines œuvres telles que Bakuman, ici mises en lumière. Dommage que les acteurs représentent des caricatures de la représentation japonaise à l’occident. Le long-métrage reste intéressant à suivre, mais n’étonne pas.
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Imaginaerum
Tom, un compositeur âgé et sénile imagine un monde dans lequel il est toujours un jeune garçon. Alors qu’il est endormi, il voyage dans son passé où ses anciens rêves se mélangent au monde imaginaire fantastique et musical du jeune garçon. Gem, la fille du compositeur, tente de recréer les liens qui l’unissaient auparavant à son père, mais ses tentatives sont compromises par la santé déclinante de ce
dernier.
[spoiler intro= »Avis de Hyades Luine » title= »Sympathique »]
N’étant pas un amateur de Nightwish, j’ai abordé ce film en novice et je l’ai trouvé bien sympathique. Le principe évoque beaucoup celui de L’Imaginarium du Docteur Parnassus, avec en commun le même contraste entre le monde réel et les visites d’un monde imaginaire, servies par des décors et des personnages qui invitent au dépaysement. Le film se double juste ici d’une histoire de famille qui a mal tourné et de quelques morceaux de rock interprétés en grandes pompes par le groupe. Le résultat est très plaisant à suivre, fait agréablement voyager et ferait même écraser une petite larmichette sur la fin. Une bonne surprise.
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[spoiler intro= »Avis de Mizakido » title= »Metal mignon »]
C’est en parfait non connaisseur du groupe de métal symphonique Nightwish que je suis allé voir (les mains les poches) visionner ce Imaginarium. En fait j’ai pigé qu’au moment où l’organisateur a demandé combien il y avait de fans dans la salle pour comprendre que le groupe était plus ou moins dedans. Et en effet. Se fût en tout cas une excellente surprise que ce film à l’ambiance très proche d’un Tim Burton, qui mélange plutôt avec succès le monde imaginé par un vieil homme, avec un monstre pas sympa et un enfant au passé torturé, de la musique qui dépote et qui en plus donne du cachet à l’ensemble, et une histoire au final pas très joyeuse. Un petit film très sympathique, du moment que l’on est pas allergique au possible au genre musical.
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[spoiler intro= »Avis de Vidok » title= »I wish ! »]
Imaginaerum est le premier film de Stobe Harju, sur le scénario de Tuomas Holopainen, membre fondateur du groupe Nightwish. Autant dire que sur le papier, Imaginaerum part très mal. Et les premières minutes nous perdent. Le spectateur se retrouve perdu entre les rêves, le passé, le présent. Les personnages ne sont pas tous clairement identifiés, tout est brouillon au point que seule la concentration peut nous permettre de suivre les mésaventures de Tom, ce compositeur dans le coma qui tente de se rappeler de sa vie d’adulte. Véritable épopée magique, sa quête de souvenirs s’éclaircit peu à peu et nous entraine littéralement dans un contre-la-montre chargé en émotions. D’un casting assez peu connu et en partie composé par les membres du groupe Nightwish, Imaginaerum réussit à nous toucher, au travers de moments difficiles très bien mis en scène. Soyons clairs, l’histoire du film n’a rien de réjouissant. Le propos est dur, aborde la notion de famille et d’éducation, en y intégrant la mort. Un cocktail qui ne laissera personne indifférent, joliment filmé et merveilleusement mis en musique, pour peu que l’on soit un tant soit peu sensible au style Nighwish. Stobe Harju nous présente une œuvre sur laquelle peu de monde aurait parié et nous offre une belle surprise. A découvrir.
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[spoiler intro= »Avis de Margoth » title= »Pas qu’un film : un véritable album musical »]
Imaginaerum, l’album qui a inspiré le film du même nom – et non l’inverse, qu’il en soit bien clair – est présenté pompeusement dans le programme des Utopiales comme l’album préféré des fans de Nightwish. A défaut de l’être réellement – le groupe finlandais attirant autant de débats enflammés que la série des Final Fantasy dans le monde du jeu vidéo – il faut reconnaître qu’il s’agit bien là de leur opus le plus ambitieux. Il est vrai que Once sorti en 2004 plaçait déjà la barre très haute en terme de prétention cinématographique mais pour le cas de ce crû 2011, il suffit simplement de voir les conséquences pour se rendre compte qu’on arrive à un tout autre niveau : la concrétisation réelle d’un support filmique où le groupe a pleinement participé en tant que guests de luxe en plus de l’investissement de Tuomas Holopainen, la tête pensante incontestée du combo, dans l’écriture même dudit film. Les mauvaises langues du milieu metallique ont tout d’abord crié au scandale et à la grosse tête à l’annonce qu’Imaginaerum serait bel et bien accompagné de son alter ego visuel, il n’empêche que lorsque l’opus est enfin sorti, il était bien plus difficile de jouer habilement de la langue de vipère sans partir vers des vieilles tendances de hyènes aigries. Il est peut-être en effet impossible de confirmer qu’Imaginaerum est le meilleur album de Nightwish à ce jour tant cela ne tient qu’à une histoire de goût – le changement de chanteuse dotée d’un registre diamétralement opposé à celui de la vocaliste originelle fortement appréciée des fans n’aidant pas beaucoup à unir les foules accessoirement – mais il serait fichtrement culotté de dire qu’il est mauvais. Au contraire, cette galette est même fortement inspirée, alliant à la fois le savoir-faire des vieux jours, des explorations plus récentes par le biais de Dark Passion Play, la monture précédente, et des chemins plus tortueux jusque là jamais foulés.
Bande originale oblige, les orchestrations sont plus réussies et grandiloquentes que jamais – rapportez vous à la version instrumentale de l’album incluse dans la version limitée pour vous en convaincre – les atmosphères développées plus abouties également. Mieux encore, on a l’honneur d’avoir une Anette Olzon, chanteuse ayant eu la délicate mission de remplacer l’estimée Tarja Turunen lors de l’album précédent, plus convaincante dans son rôle, plus à l’aise dans ses baskets. Alors que Dark Passion Play avait été écrit avant même son intégration dans la bande, on sent que les choses en ont été autrement cette fois et que ses spécificités vocales ont bien été prises en compte. Cela se ressent d’autant plus que la dame semble avoir mis du cœur à l’ouvrage dans l’affûtage de sa technique. C’est bien simple, il nous arrive de la redécouvrir sous un jour nouveau, dans un rôle qu’on ne lui avait jamais vu, jamais imaginé. Et pourtant, elle s’en sort avec tellement de brio que cela semblait évident que le fait de faire d’elle une conteuse, une narratrice, permettrait d’exploiter une très grande étendue de son potentiel. Et il aurait vraiment été dommage de ne pas l’exploiter puisqu’en terme de composition pure, la musique de Nightwish est avant tout sujette à raconter des histoires, entre fantastique et onirisme (pourvues de touches Elfman et Zimmer très palpable sur cet opus d’ailleurs). Enfin, les innovations notables telles que des incursions jazzy et des chœurs d’enfants (entre autres), ont de quoi faire taire les mauvaises langues : en plus de donner de la variété à Imaginaerum, Nightwish nous prouve là qu’il a encore des choses à dire et peut encore se renouveler. Et beaucoup de groupes ayant dix-sept années d’existence au compteur et un très gros succès commercial ne peuvent pas se targuer de faire de même. On salue donc l’effort ainsi que celui de se donner les moyens de vivre de ses rêves afin de parvenir au bout de ses ambitions. Car critique qui veut mais donner un pâture une véritable bande originale de film, excellente de surcroît, à un jeune réalisateur inconnu, il fallait quand même une sacré paire de couilles.
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Jodorowski’s Dune
Ce documentaire tourné entre la France, l’Angleterre, la Suisse et les États-Unis raconte la tentative d’adaptation don quichottesque du roman Dune par Alejandro Jodorowsky en 1974.
Après 2 ans, le projet tomba finalement à l’eau. Cependant les artistes réunis autour de ce projet pharaonique continuèrent à travailler ensemble. Ce film est présenté par Alejandro Jodorowsky.
[spoiler intro= »Avis de Hyades Luine » title= »Il faut pas voir la folie de l’homme mais le délire de l’artiste »]
Pour être tout à fait honnête, je ne connais pas bien Alejandro Jodorowsky ou son œuvre. Je savais vaguement qu’il avait fait de la bande dessinée, mais pas plus. Par contre, j’adore Dune. J’ai découvert la version cinématographique de David Lynch très jeune et j’ai enchaîné avec le cycle de Franck Herbert (ainsi qu’une bonne partie de ses autres romans). Ce documentaire qui retrace la première tentative donquichottesque d’adaptation par Jodorowsky m’intéressait donc tout particulièrement et je n’ai pas été déçu du voyage. Parce que Jodorowsky’s Dune, c’est l’histoire hallucinante d’un artiste, entre le génie mégalomane et le gourou illuminé, qui voulait transformer le chef d’œuvre d’Herbert en message messianique pour les générations futures. Et pour atteindre ce but grandiose, il rassemble une équipe surréaliste qu’il qualifie (sans rire) de guerriers mystiques. Et pas n’importe qui ! L’étrange magnétisme de Jodorowsky lui a permis d’agréger autour de lui Chris Foss, Moebius et Giger aux designs, David Carradine, Salvador Dali, Orson Welles et Mick Jagger à la distribution, Pink Floyd et Magma à la bande-son… Excusez du peu ! Chacun de ces recrutements invraisemblables est retracé par les témoins de l’époque. Le Dune de Jodorowsky a bien sûr capoté, et c’était sans doute inévitable. Malgré tout, le projet a marqué la science-fiction de son époque en essaimant ses idées et en attirant l’attention des producteurs sur les membres de sa fine équipe. Mais l’attraction principale du documentaire reste Jodorowsky lui-même : un artiste décidément perché mais étrangement attachant dans sa folie et dans son refus de se conformer aux règles du bon sens, même quand il force son fils à s’entraîner sept jours sur sept pendant deux ans aux arts martiaux pour le préparer à incarner le rôle principal d’un film qui ne se fera jamais. Et même si une bonne part de la réussite du film tient à la personnalité de Jodorowsky, on ne peut que saluer bien bas la maestria de Frank Pavich qui a su mettre à profit la personnalité de sa star pour réaliser un documentaire d’un humour et d’une humanité qui sortent de l’ordinaire.
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[spoiler intro= »Avis de Lolita » title= »Chouette »]
Petite Padawan des jeux vidéo et des Utopiales, c’est avec un regard, jeune, pur et innocent, que j’ai décidé d’assister a la projection du vainqueur de la compétition internationale, vainqueur Grand Prix du Jury et Grand Prix du Public… pour au final me dire : WHAT THE FUCK ?!
En résumé, c’est un documentaire sur un mec : Alejandro Jodorowsky. Un homme, complètement givré, décide de faire un film, selon lui “extraordinaire” et complètement révolutionnaire, sur un livre qu’il n’a pas lu – Dune de Frank Herbert. Honnêtement, et si vous vous dîtes qu’il est franchement mal barré, lui, NON ! Il est aisé de se dire que ce mec a une araignée au plafond lorsqu’il vous décrit ses oeuvres ( “un film où les gens auraient la sensation d’avoir prix du LSD sans en avoir pris”).
Pour réaliser son projet, il recrute d’autres personnes – acteurs du film, dessinateurs ou artistes pour créer les décors et costumes, … malheureusement, comme lui, ils ont tous un grain ! Et là, ça devient l’histoire d’une secte dont le gourou ne sera jamais assez lucide pour comprendre qu’il est la cause de l’échec de son propre rêve … Ce docu-film expose tous les tenants et aboutissants de cet échec, donnant la parole à nombre de protagonistes de l’aventure permettant de prendre pleinement conscience de l’ampleur des dégâts. Cette succession d’interviews, très bien montée, entrecoupée d’extraits de film, d’images d’archives, permet également d’entrevoir ce que Dune a pu apporter au cinéma tel qu’on le connaît aujourd’hui. Si le documentaire en lui-même et sa construction n‘ont rien de révolutionnaire, ses révélations, elles, laissent sans voix.
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[spoiler intro= »Avis de Vidok » title= »Enfermez-le ! »]
Dune, symbole de la science-fiction aux yeux de millions de personnes, adapté au cinéma. Si ceci a été réalisé en 1977 par David Lynch, il faut savoir qu’une version avait été tentée par Alejandro Jodorowski. Le documentaire de Franck Pavich nous décrit les différentes étapes de la création de ce film qui ne se fera jamais. L’arrivée du réalisateur sur le projet, le casting des acteurs, la recherche de fonds mais aussi et surtout les idées de mises en scène, révolutionnaires pour l’époque (1972). Un projet colossal, qui aurait dû instaurer bien des codes dans l’industrie du cinéma, mais avorté. Le documentaire revient aussi sur son échec. Si Jodorowski’s Dune a remporté à la fois le prix du public et celui du jury, c’est que le récit narré semble tout simplement sorti d’une comédie. Pourtant, tous les participants encore envie témoignent et nous prouvent que tout ce qui est dit est vrai. Tantôt amusante, tantôt énervante, la personnalité du réalisateur chilien transparait à l’écran. Un peu trop. Tellement que son utopisme et son inconscience énerve. On ressort de la projection énervé du gâchis, un gâchis finalement créé par l’instigateur du projet lui-même. Le documentaire destiné à nous montrer ce qu’aurait dû donner le plus grand projet de S.F. de l’époque, plutôt que nous pousser à être derrière Jodorowski, nous braque plutôt contre l’homme. Il demeure toutefois très intéressant à suivre.
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Outland
Un policier accepte le poste de shérif d’une station de forage minier sur l’un des satellites de Jupiter.Des incidents se produisent et les ouvriers ont un comportement très agressif. Le shérif s’aperçoit qu’on les dope pour obtenir un rendement meilleur avec une drogue très dangereuse.
[spoiler intro= »Avis de Hyades Luine » title= »Après James Bond, le western spatial »]
On reconnaît aisément en Outland un film de science-fiction spatiale du début des années 1980s grâce aux quelques décompressions explosives (notamment de têtes) qui le jalonnent. Et accessoirement aussi grâce à un Sean Connery qui y tient un rôle de sheriff de l’espace encore alerte malgré sa barbe grisonnante. Ce dernier partage d’ailleurs l’écran avec quelques autres personnages forts en gueule avec lesquels il va pouvoir échanger nombre de commentaires assaisonnés au vitriol. Et cette dynamique de personnages aux caractères bien marqués n’est pas sans rappeler le codes du western, surtout quand le film aborde sa dernière ligne droite. Outland est un film dont la vision de l’humanité n’invite pas à l’optimisme, et paradoxalement il n’est pas rare que les défauts et les failles de ses personnages les rendent plus attachants que de raison. Et au final, c’est un film de science-fiction atypique dans son approche et intéressant dans son traitement qui émerge.
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Zombie
Des morts-vivants assoiffés de sang ont envahi la Terre et se nourrissent de ses habitants.
Un groupe de survivants se réfugie dans un centre-commercial abandonné. Alors que la vie s’organise à l’intérieur la situation empire à l’extérieur…
Mark Brooks étant auteur de livres traitant d’invasions de zombies, et surtout parce qu’il était invité d’honneur de cette édition des Utopiales, il était normal que l’homme choisisse quelques films du genre, avec le récent et excellent Shaun of the Dead, mais également le grand classique Zombie (aka Dawn of the Dead) de George A. Romero, que je n’avais personnellement jamais vu. C’était donc l’occasion de découvrir ce second épisode de la saga culte, qui malgré le poids des années, reste une virulente critique de la société consumériste (entre autres choses), étant donné que l’action se passe majoritairement dans un centre commercial où les héros et morts vivants errent… Après oui, au delà de ça, le film est tellement dépassé qu’il en devient ridicule, avec ses maquillages d’un autre âge, l’hémoglobine ketchup, et les scènes d’actions pas crédibles… Ce qui donne à l’ensemble un petit côté nanar sympathique. Puis il a inspiré Dead Rising quoi.
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Les Survivants de l’Infini
Quelques habitants de la planète Metaluna, dont le savant Exeter, débarquent sur Terre pour trouver l’uranium qui leur permettra de résister aux attaques des habitants de la planète Zahgon.
Ils sont aussi venus chercher les meilleurs esprits scientifiques de notre planète.
Les Utopiales est l’événement idéal pour découvrir quelques perles du passé dont on n’aurait pas eu l’idée de voir avant. En l’occurrence, voici Les Survivants de l’infini, un des premiers films de science-fiction à utiliser le sensationnel Technicolor. Hum. Oui bon. C’est surtout l’occasion d’admirer un objet d’antan, qui propose un scénario plutôt intéressant pour l’époque – un scientifique à l’américaine est recruté par un alien afin de sauver la planète de ce dernier, mais aussi une vision de la SF assez marrante pour nous et tellement crédible dans les années 50. En résulte un objet de musée, avec des acteurs stoïques et des effets spéciaux rigolos.
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La Machine à Explorer le Temps
Un scientifique fabrique une machine à voyager dans le temps qui le transporte vers un futur où la race humaine s’est divisée en deux espèces : l’une vivant à la surface, l’autre sous terre.
Quand sa machine est volée par le peuple souterrain canibale, il doit risquer sa vie pour revenir à son époque.
Il y a finalement eu que deux adaptations du grand classique de H. G. Wells, à savoir La Machine à Explorer le Temps : le visiblement pas terrible sorti en 2002, et une, bien plus ancienne, diffusée la première fois en 1960, et donc durant ces Utopiales. Un film qui n’a pas du tout du vieilli malgré le poids des années : un scénario tout d’abord, crédible, qui nous emmène des années 1900 aux deux guerres mondiales, mais aussi dans un futur (enfin, les années 60) pas très radieux, et un extrême futur loin d’être utopique. Les effets spéciaux ensuite, pas si dépassés que ça. Et un splendide jeu d’acteur enfin, très classieux et particulièrement dynamique. Un grand classique.
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