[dropcaps style=’2′]Ici intégralement localisée en français (alors que le précédent volet, Till the End of Time, n’avait malheureusement pas été traduit dans notre langue), la série des Star Ocean est arrivée avec son (officieux) quatrième opus – qui se déroule en fait chronologiquement avant les autres – dans nos vertes contrées en se montrant cette fois accessible au plus grand nombre. Une bonne nouvelle quand on voit le niveau d’excellence des trois autres jeux principaux qui constituent la saga (et celui, à part, sorti sur Gameboy uniquement au Japon). Il est vrai de dire que la série Star Ocean est difficilement détachable de celle des Tales of tellement les deux peuvent partager des points communs. Pourtant, depuis ses origines, les Star Ocean ont largement su trouver leur propre identité et leur public. Et c’est logique. [/dropcaps]
Mais attardons-nous plutôt sur le jeu lui-même. Comme dit en introduction, ce quatrième épisode se situe en fait chronologiquement avant les autres. Avec la traduction française, le jeu se veut donc une initiation parfaite à la série pour tout le monde, car même s’il est bardé de références et autres clins d’oeil en tous genres à la saga, n’importe qui peut commencer d’attaquer celle-ci par The Last Hope. Moins connue du grand public que les biens plus prolifiques Tales of, Dragon Quest ou encore Final Fantasy en Europe, la série des Star Ocean est pourtant celle qui a révélé au grand jour le studio Tri-Ace (ayant ensuite travaillé sur Valkyrie Profile, Resonance of Fate, ou encore Infinite Undiscovery…), fondé à l’époque par des créateurs venant de quitter – en grande partie – Namco après avoir fait Tales of Phantasia (d’où les fortes similitudes entre ce premier Tales of et le premier Star Ocean !), devenue l’une des meilleures armes d’Enix, puis évidemment de Square-Enix.
Bref, rentrons dans le vif du sujet. Et au début, il faut bien dire que le jeu ne paye pas de mine. Il y a ce démarrage poussif qui semble si caractéristique à la majorité des J-RPG de cette génération… Une première heure qui laisse pantois, mettant en scène quelques dialogues un peu longuets pour pas grand chose, avec des personnages qui nous semblent assez… particuliers, on va dire. On reviendra sur ce fameux casting ultérieurement. Une fois lâchés dans la nature, ça va déjà mieux. Il faut admettre que la plupart des environnements extérieurs sont jolis et visuellement plutôt agréables à parcourir. Cela ne vaut pas Final Fantasy XIII sur ce point, certes, mais l’ensemble demeure plus que correct, surtout que les jeux de rôle japonais sont rarement des foudres de guerre en terme de graphismes sur la septième génération de consoles. Dommage que la distanche d’affichage de certains éléments ne soit en revanche pas vraiment terrible. Les intérieurs, dans les donjons notamment, sont globalement plus ternes (logique), mais là encore, ça passe. Le chara-design de certains personnages est cependant bien plus douteux, et on peut regretter l’aspect « vide » de leurs visages (même si ça va un peu mieux pendant les cinématiques), mais au final, tout ça fait partie du côté très kitsch qui caractérise le jeu, à l’instar de la mise en scène, ou de certains dialogues qui peuvent parfois sembler relativement décalés. Un aspect graphique qui apparait en demi-teinte, mais qui reste dans une moyenne honorable des jeux de l’époque. Sur le plan sonore, on retrouve notre inépuisable Motoi Sakuraba (qui ne semble pas prendre énormément de congés). Il nous livre une bande-son très correcte, pas sa plus inspirée certes, mais qui comporte son lot de thèmes typés rock’n roll comme il nous avait déjà habitués, et d’autres plus mélodieux. En outre, la musique de combat principale (sachant que les thèmes de combats sont renouvelés à plusieurs reprises), Blood on the Keys, s’avère être très enivrante. Côté doublages, les voix anglaises sont imposées dans la version Xbox 360, et ça va de moyen à bon selon les personnages.
Ce qui va vite permettre à Star Ocean 4 de prendre son envol, c’est son gameplay d’exception. Le système de combat est tout bonnement l’un des plus prenants, dynamiques et joussifs que l’on puisse trouver dans un J-RPG. On retrouve les fameux combats orientés action en temps réel, où l’on se déplace librement dans l’arène. Il est très facile de changer de personnage (avec les gâchettes), et on peut aussi remplacer ceux-ci par d’autres facilement en plein combat. Pour la première fois dans la série, il est également possible de sauter pour esquiver des attaques ennemies. A noter qu’il y a aussi un système de parade automatique en fonction de notre garde et de la précision de l’ennemi qui attaque. Vous pouvez renforcer vos aptitudes en assimilant des compétences à vos combattants. Certaines sont automatiques, un peu comme les skills de Valkyrie Profile (par exemple : faire plus de coups critiques, regagner des PV automatiquement, etc…) tandis que d’autres permettent d’enchainer des combos dévastateurs que l’on assignent à l’une de nos deux gâchettes arrières. Enfin, il y a aussi la symbologie, sorte de magie, accessible par seulement certains de nos alliés. On reste dans le classique avec des sorts de soin et d’autres qui sont offensifs (attaques terriennes, piques de glace…). En combat, on peut changer de cible intuitivement en se rapprochant de l’ennemi que l’on vise avec le joystick droit. De plus, lorsque l’on est visé par un ennemi, si on appuie sur la touche de vitesse et le stick au bon moment, on crée une « attaque surprise » en se faufilant derrière notre adversaire, ce qui permet d’asséner un coup critique obligatoirement. A noter également l’apparition d’une jauge qui se remplit à chaque coup émis ou encaissé. Une fois pleine, on peut passer en « mode vitesse » en appuyant sur la touche X, nous permettant de nous déplacer plus rapidement et d’augmenter nos chances de faire des coups critiques. Vous l’avez compris, le système de combat est d’une extrême richesse et permet de varier action et stratégie pour ne jamais s’ennuyer. Exemplaire !
Pourtant, les subtilités du système ne s’arrêtent pas là, car il reste un point lui aussi très important. En effet, vous disposez d’un « tableau de bonus » dans lequel vous pouvez empiler des sortes de gemmes en réalisant certaines actions spéciales en combat : tuer l’ennemi d’un coup critique, tuer plusieurs ennemis à la fois, etc… Ces gemmes, de quatre couleurs différentes, peuvent vous offrir plusieurs bonus très intéressants : gagne plus d’argent ou plus d’expérience, regagner des PV/PM après chaque fin de combat, ou bien gagner des PC bonus (points qui permettent de renforcer nos compétences pour les faire gagner en efficacité). On peut donc aller, par exemple, jusqu’à +140% d’expérience par combat, un atout à ne pas négliger pour faciliter le level-up, passage évidemment important dans ce genre de jeu ! Toutefois, ce tableau peut être brisé (ce serait trop facile autrement) à chaque fois que le leader (le personnage que vous jouez en combat) encaisse un coup critique, même s’il est possible de réduire les dégâts causés en collectionnant des gemmes d’une même couleur ; et surtout à chaque fois que vous quittez/chargez une partie… car oui, le jeu incite à jouer beaucoup. Les points de sauvegarde sont ainsi souvent bien espacés (ça change de ces jeux « modernes » blindés de check-points à chaque coin de couloir, n’est-ce pas ?), et les donjons sont généralement longs (là, au moins… on se retrouve avec un VRAI jeu de rôle, à l’ancienne si je puis dire !). Ceux-ci ne sont pas trop difficiles et ont parfois des structures intéressantes (et quelques autres malheureusement plus maladroites), qui vous prendront beaucoup de temps ; rares sont les donjons faisables en moins de deux heures ici (à moins de rusher les combats, mais ce serait parfaitement inutile). Les ennemis étant visibles directement sur les maps, vous pouvez créer une attaque surprise vous donnant l’avantage si vous arrivez par derrière, ou au contraire, être pris en embuscade. Les environnements extérieurs, eux, sont assez vastes mais grâce aux cartes qui sont très claires, difficile de se perdre dedans. Aussi, vous avez plusieurs choix de difficulté, selon votre façon de jouer. Même si du levelling est toujours un peu nécessaire, grâce aux joutes si prenantes, ce n’est au final pas forcément désagréable !
Quant à l’histoire, elle est relativement simple dans la forme. On part à la conquête de l’espace pour trouver une planète d’accueil pour les Terriens, qui peinent à se remettre d’une terrible 3ème guerre mondiale. Cependant, la manière dont elle est développée est bien plus intéressante. On va d’aventures en aventures, et au final, on se détache de notre mission initiale pour évidemment participer à quelque chose dont l’ampleur sera bien plus grande. Le tout gagne en profondeur et même des héros que l’on pensait définitivement mauvais parviennent à gagner en importance. Le héros blondinet, Edge, est le stéréotype du gentil naïf et énérvant, mais va se montrer un poil plus développé dans la seconde partie du jeu. On a aussi Reimi, l’habituelle amie d’enfance, nunuche et cruche au possible, mais qui elle aussi va devenir davantage importante au fur et à mesure de l’histoire ; tout comme Faize. Certains personnages se montrent assez quelconques (Merracles, Sarah) malgré tout, tandis que d’autres sont bien plus réussis, comme Myuria, bien que certains diviseront les joueurs : la petite Lymie et ses fameux « ‘kaay » qui engendrent soit un profond attachement soit un énorme agacement, Bacchus qui n’est pas vraiment raté mais qui a un style qui ne plaira pas à tout le monde, et Arumat qui a certes la classe mais qui reste finalement assez prévisible et stéréotypé. En somme, malgré ce casting très hétéroclyte aussi bien au niveau de la personnalité des personnages que de leur design, l’histoire en elle-même est loin d’être mauvaise et réserve quelques bons moments, avec deux ou trois surprises ; sans pour autant vraiment marquer les esprits.
Le jeu peut se boucler en environ 45 heures, ce qui est donc plutôt long. Dommage, toutefois, que la construction du jeu soit défaillante à certains moments : on va parfois faire un donjon de plus de deux heures, puis se farcir une heure d’enchainement de cinématiques, puis deux villes à visiter sans combat, etc… des problèmes d’équilibre parfois récurrents, malheureusement. Notons aussi les phases de dialogue à bord du Calnus, notre vaisseau, qui permet de renforcer les relations entre les personnages (comme ça, vous pourrez même dormir avec Reimi, wouhou), et d’en apprendre plus sur eux. Et si jamais elles vous ennuient, pas de souci, vous pouvez les passer en dormant jusqu’à l’arrivée à destination. Admettons que les scènes sont de plus en plus « wtf » vers la fin, avec des délires parfois totalement en décalage avec le reste (même si certaines sont plus ou moins drôles)… Le vaisseau vous permettra aussi de créer des objets grâce à la fatiguante Welch, en associant certains personnages dans un même groupe, et ainsi obtenir de nouveaux items… à condition d’avoir les ingrédients requis. Car vous pouvez aussi crafter des objets grâce à Reimi ou Bacchus, en allant chercher des points de cueillette ou d’extraction. On pourra regretter que ce système d’item creation ne soit pas constamment disponible, comme ce fut le cas dans les anciens opus. Bref, les activités sont diverses et ne manquent pas dans Star Ocean : The Last Hope. Et pour ceux qui souhaitent prolonger le plaisir, il y a de nombreuses quêtes annexes (malheureusement trop peu passionnantes, puisqu’il s’agit en général de retrouver un objet précis à un endroit plus ou moins donné), et surtout deux donjons optionnels aussi longs que difficiles. De plus, le jeu est maintenant sorti en version « Internationale » sur PS3 avec plusieurs ajouts intéressants (nouveaux personnages jouables comme Crowe, images CG des personnages remplacées par les plus jolis artworks originaux, possibilité d’avoir les doublages japonais, et jeu condensé en une seul disque grâce au format blue-ray…). Un jeu difficile à appréhender au début, mais une mine de richesse et de profondeur que les adorateurs de J-RPG ne peuvent ignorer !