[dropcaps style=’2′]2015 fut une année de profondes transformations. Le monde vidéoludique a vu bon nombre d’évolutions importantes, voire de révolutions. 2016 s’ouvre sur une industrie du jeu vidéo qui change progressivement de logiciel et même temps que de nouveaux rapports de force s’installent.[/dropcaps]
Assez bonne année de JRPG en 2015. Les consoles ont tourné non-stop, particulièrement la 3DS que j’ai dépoussiérée pour Fire Emblem Fates. En dépit de son scénario faible et ce dans ses trois déclinaisons (je finis en ce moment même Conquête), les équilibres de gameplay ont été trouvés et bien trouvés pour que le plaisir tactique soit un maximum. Avec un contenu ultra-généreux et une myriade de personnages attachants, c’est mon GoTY pour 2015. Autre produit Nintendo, Xenoblade Chronicles X n’a pas complètement comblé mes attentes. Je dirais que le titre de Monolith Software est un bon RPG, mais un mauvais JRPG dans le sens où il en sacrifie sciemment les éléments essentiels (narration, personnages, combats…) sur l’autel de la seule exploration. Cette dernière est évident passionnante, mais pour tout le reste, mes quelques 90h de jeu ont été partagées entre frustration et ennui. Le jeu de 2015 qui porte bien haut les couleurs du JRPG, c’est Tales of Zestiria : année après année, la série n’en finit pas de m’émerveiller tout en se renouvelant à chaque fois, avec encore pour cette épisode des combats explosifs et une excellente galerie de personnages. Tokyo Xanadu est l’autre bonne surprise de l’année côté JRPG, avec sa narration impeccablement structurée et la progression technique sensible depuis Legend of Heroes Sen no Kiseki. Mention bien également pour Dragon Quest Heroes (pour la nostalgie), Lost Dimension (pour l’ambiance), Final Fantasy Type-0 HD (pour l’action) et Nights of Azure (pour le final dantesque).
Année noire en revanche pour Compile Heart : aucun jeu ne dépasse les 35’000 exemplaires vendus sur l’archipel, et la série Neptunia perd la moitié de ses acheteurs. On ne peut qu’espérer qu’elle progresse assez en occident pour compenser. Cette baisse n’a rien d’étonnant : la licence tourne en rond, on a l’impression que les développeurs ne veulent pas sortir de leur zone de confort, qu’ils ne veulent pas avancer. Pire, ils reculent, comme dans le cas de Blanc + Neptune vs Zombie Army qui supprime sans un préavis des éléments de Hyperdimension Neptunia U Action Unleashed. Makai Shin Trillion apporte la fraîcheur d’une nouvelle licence et de son système de jeu unique, mais ne convainc pas totalement par son manque de variété, et surtout par sa cruauté. Autre gros loupé, Sword Art Online Lost Song saborde l’essor de la licence en jeu vidéo. Atelier revient avec l’énergique Sophie dans un épisode qui revient aux sources de la série avec un format classique et efficace, mais sans surprise.
Pour les autres genres, mon coup de cœur sera Yomawari, une petite perle de Nippon Ichi Software sur PSVita. Survival-horror pas comme les autres car en 3D isométrique, vous incarnez une écolière partie dans nuit noire chercher son chien et sa sœur disparus. La ville infestée de Yôkai est terrifiante, l’ambiance est incroyable et le jeu prend aux tripes émotionnellement parlant. Comment ne pas parler de Bloodborne, un chef-d’œuvre de jeu d’action comme on en voit 1 ou 2 par génération. Bloodborne, c’est des sensations comme j’en avais pas ressenties depuis belle lurette, et c’est relativement abordable car la courbe de progression est bien faite. Dans le chapitre «je ne prononce pas», il y a Metal Gear Solid V. Je ne l’ai pas terminé car il est à mon sens beaucoup trop long, donc tout va dépendre de la qualité des dernières missions. La gameplay infiltration est à son zénith, mais la longueur de l’aventure dilue grandement la narration et c’est assez fatal pour un MGS à mon sens. L’occident ne m’a pas bluffé cette année : malgré sa campagne sympa, Call of Duty Black Ops III est tellement lamentable dans son multi que j’ai acheté Advance Warfare juste derrière (et je m’amuse bien avec ce dernier). Star Wars Battlefront est avec Life is Strange la seule vraie bonne surprise de l’Ouest : c’est un excellent jeu Star Wars, extrêmement beau, immersif et accessible. J’ai jamais demandé un pur FPS pour ce jeu, donc pour moi le contrat est rempli.
Même si certains sont truffés de défauts, les jeux de choc et de charmes étaient au rendez-vous en 2015. Il y a eu 3 nouveaux Neptunia en import : Megadimension Neptunia VII, Blanc + Neptune vs Zombie Army et Neptunia vs Sega Hard Girls. Pas mal, mais j’attendais mieux des trois. Du coup, les épisodes sortis en début d’année en Europe (Hyperdimension Neptunia ReBirth 2 et Hyperdevotion Noire) font figure de bons élèves dans l’univers ecchi. Gal Gun 2 Double Peace est sorti un peu de nulle part mais ce FPS bizarroïde et sans grandes qualités outre-mesure ne manquait pas de plans osés. Valkyrie Drive, malgré son gameplay raté, s’est avéré relativement sympa. Il souffre cependant de la comparaison avec son modèle : Senran Kagura Estival Versus reste le roi de la discipline. Aboutissement de la vision de Kenichirô Takaki, ce spin-off à la plastique remarquable que ce soit sur PSVita ou PS4 repousse les limites de l’imaginable et raye complètement de son dictionnaire le mot « compromis ». Ne zappez pas, vous pourriez en apprendre plus dans pas longtemps.
L’autre gros enseignement de cette année, c’est la structuration du marché qui s’est grandement accélérée. Avec presque 36 million de machines dans les foyers et un carton monstrueux pendant les fêtes, la PS4 est (théoriquement) deux fois plus vendue que la XboxOne, et trois fois plus que la WiiU. Les éditeurs y compris japonais maintenant sont massivement derrière Sony, avec une belle liste d’exclusivités à la clé. Résultat, 10 ans après la PS2, Sony est de nouveau la seule superpuissance vidéoludique. Mais les remous de l’industrie peuvent être cruels et on a deux consoles qui sont poussées vers la sortie : la PSVita chez Sony avec l’absence de Gravity Daze 2, et la WiiU chez Nintendo avec l’absence de perspectives à l’E3. La PSVita a encore de très beaux mois devant elle, mais si le général n’est pas là pour montrer la voie, il est clair que la page se tourne. L’autre point excessivement important est la segmentation économique. Si l’on observe bien les meilleures ventes japonaises de ces derniers mois, on constate que l’offre comme la demande sont de plus en plus rationalisées entre la 3DS et la WiiU qui se dédient entièrement au grand public et aux plus jeunes, et la PS4 et la PSVita qui reçoivent la grande majorité des jeux core gamer. Les joueurs Playstation n’ont que faire de Yôkai Watch ou Disney Magical World, et le public WiiU/3DS se tient de plus en plus éloigné des jeux core gamer au vu de certaines contre-performances commerciales comme Bravely Second, Atelier Rorona, Project X Zone 2, Ace Combat Cross Rumble, Kenka Banchô et surtout Genei Ibun Roku #FE. Il y a donc une logique de marché qui s’installe progressivement et les jeux sont maintenant développés sur les consoles adéquates, en direction des audiences appropriées. Les développeurs peuvent alors travailler sereinement, les éditeurs vendent bien et rentrent dans leurs frais, les joueurs achètent et s’éclatent. Tout le monde a commente avec satisfaction les chiffres hebdomadaires, il n’y a donc plus à l’heure actuelle de guerre des consoles à mener.
Un climat apaisé donc, qui est indissociable des changements dans la presse française puisque les deux sites sérieux (Gamekult et JeuxVideo.com) ont grandement modifié leur ligne, avec en particulier une place beaucoup plus importante accordée au jeu japonais. Gamekult équilibre bien son information avec l’émission Gaijin Dash, les GK Live & tests import, ainsi que des news vraiment exhaustives. Mais surtout, le site n’accorde aucun passe-droit et fait moins dans l’idéologie et plus dans le pragmatisme. On ne peut que féliciter Yukishiro qui a bien accompagné le développement de l’offre premium et j’espère que cela continuera en 2016. JeuxVideo.com a poursuivi l’essor de respawn en ouvrant largement les contributions : tout utilisateur peut proposer un test ou une news qui est traité dans des délais très rapides. Résultat, plus aucun jeu n’est oublié, plus aucune annonce n’est passée sous silence et tout le monde est informé avec justesse et précision. Une démocratie participative qui fait le plus grand bien à notre loisir, pourvu que ça dure!
2016 sera année démente, faute à trop de jeux. Alors qu’on ne cesse de nous parler de déclin du jeu vidéo traditionnel et de migration vers le mobile, l’offre est pléthorique et il va falloir faire ce truc que je déteste : des choix. Ma foi en Final Fantasy XV (PS4) a considérablement diminué, surtout après le trailer enthousiasmant de la nouvelle star Final Fantasy VII Remake (PS4). Le jeu d’Hajime Tabata semble plus que jamais se matérialiser en un RPG découverte aux combats aussi légers que son casting. Une sorte de Xenoblade Chronicles X en somme, je prie vraiment pour un destin plus excitant. Je suis beaucoup plus serein en revanche pour Tales of Berseria (PS4) : la logique artistique conservée depuis Tales of Xillia promet une nouvelle aventure comme je les aime. Ma confiance ira aussi à Hatsune Miku Project Diva X (PSVita/PS4), Star Ocean 5 (PS4), Pokémon Tournament (WiiU), Gran Turismo Sport (PS4), Persona 5 (PS4), Ace Attorney 6 (3DS) et NiER Automata (PS4). La partie curiosité de mon encéphale attend Hero Must Die (PSVita), ce petit JRPG qui se passe après la victoire sur le boss final (!), et SummonNight6 Lost Borders (PSVita/PS4) et sa chouette héroïne équipée d’un non moins chouette fusil sniper.
L’occident devrait également avoir du très bon en 2016 : Deus Ex Mankind Divided (PS4) n’a qu’a faire à peu près aussi bien que Human Revolution pour être exceptionnel, Mirror’s Edge Catalyst (PS4) s’agrandit et s’embellit et The Division (PS4) promet un gameplay TPS/RPG alléchant. No Man’s Sky (PS4) joue clairement le coup du siècle : il sera difficile de réenchanter le rêve spatial, mais ce sera incroyable s’il y parvient. Reste la grande inconnue : la Nintendo NX. Cette question me hante et j’ai tenté un nombre incalculable de fois de modéliser les différents scénarii économiques : Salon? Portable? Les deux? Quels éditeurs tiers? Quelle orientation pour le line-up? Quelle que soit sa réussite, ce sera sans nul doute l’événement majeur de 2016, tant les enjeux sont grands pour la firme de Kyoto.
Impossible de conclure sans faire le lien avec mon paragraphe attentes de l’an passé. J’avais demandé un nouveau Project Diva, je l’ai eu. J’avais également pensé très fort à un nouveau Valkyria Chronicles et… JE L’AI EU AUSSI! Je le vois mal sortir avant début 2017, mais Valkyria Azure Revolution (PS4) est assurément celui qui fait chavirer mon cœur de gamer. Après la mise au placard de la série et la fin du Valkyria Blog il y a 2 ou 3 ans, quel bonheur d’avoir dans les mains cet article de famitsu montrant ces premières images et le personnage successeur de Selveria (le seul lien avec l’original d’ailleurs, c’est dire l’importance du perso). Alors évidemment le gameplay va changer étant donné que la licence se déporte sur son côté RPG, mais au vu des screens actuels, l’ambiance militaire/résistance est clairement conservée.