Wandersong

La fin du monde ? Ça va barder !

Genre
Aventure / Narratif
Développeur
Greg Lobanov
Éditeur
Humble Games
Année de sortie
2018

Wandersong est avant tout le projet d’un seul homme, même s’il s’est (un peu) fait épaulé au fil du processus. C’est ainsi qu’un dénommé Greg Lobanov lance en 2016 un Kickstarter afin qu’il puisse réaliser ce qui s’apparente davantage à une petite fable musicale à dimension ludique dans son résultat. Car on peut facilement s’y tromper en premier lieu. Non, il ne s’agit pas d’une sorte de Zelda-like avec une dimension musicale et plate-forme comme les trailers pouvaient le laisser supposer de prime abord. Mais une fois la surprise de ce réel constat passé, peut-on réellement condamner le résultat final de ce Wandersong ? Pas vraiment à vrai dire…

A quoi ça ressemble ?

Sorti plus ou moins sur la même période que Pikuniku, nombre personnes ont comparé les deux softs en terme de dimension artistique car toutes deux orientées univers enfantins, colorés et minimalistes. Abus de comparaison car même s’il est convenu que Wandersong joue les cartes précédemment évoquées, les deux softs n’ont clairement ni le même rendu (ne serait-ce que pour la colorisation autrement plus pastel pour le titre de Lobanov), le même sens du minimalisme qui s’exprime ici par l’utilisation de formes géométriques basiques pour représenter l’ensemble des personnages et objets de décors plutôt riches en éléments et encore moins de la même ambiance. Nous nous situons ici davantage dans de la véritable illustration animée de livres pour enfants qui rappellera davantage l’esprit craft des jeux Media Molecule ou encore certains épisodes récents de franchises Nintendo comme Yoshi, Kirby ou Paper Mario. En terme de ton, on est très loin de l’esprit potache de Pikuniku, Wandersong se présentant comme un véritable conte de fées interactif, non dénué d’humour certes, mais appuyant davantage le trait sur des aspects poétiques, laissant même transparaître en toile de fond implicite quelques petites morales. On y suit les aventures d’un jeune barde apprenant par ses rêves que la fin du monde approche à grand pas, un mal nécessaire afin de repartir vers un nouveau cycle de vie plus sain. Un esprit divin lui faisant comprendre au passage qu’il y a peut-être une infime chance de stopper ce processus funeste en regroupant et chantant les divers fragments d’un morceau sacré détenu par les différentes divinités de ce monde.

Comment ça se joue ?

Barde oblige, ce n’est pas avec notre cape et notre épée, contrairement à ce que les premières secondes parodient, que l’on mènera notre quête mais via la force de nos cordes vocales. Nous y menons une véritable petite aventure avec exploration de divers lieux citadins et autres phases plus orientées donjon où l’on retrouvera une dimension plate-forme s’appuyant sur les spécificités de l’arme vocale qui est la nôtre. A l’aide d’une roue de diverses couleurs, on se retrouvera confronté à des mécaniques plutôt variées et bien trouvées, allant de la phase « à la Simon », faire pousser et diriger une plante à partir des notes choisies ou encore activer des mécanismes via la force de notre pseudo-vibrato. Bref, l’aspect musical est un peu galvaudé et intervient ici davantage dans son sens le plus strict, à savoir sa thématique et non comme une dimension rythmique comme on le voit dans tout bon jeu dit musical. Il s’agit donc davantage de jouer sur des directions via le concept de la roue – ce qui posera un léger souci sur Switch tant ses sticks ne sont pas aussi précis que les manettes concurrentes – et de codes couleur.

Pourquoi on en parle ?

Malgré tout, s’il demeure que la gameplay est bel et bien présent et sait montrer diverses subtilités afin de ne jamais se retrouver dans des situations redondantes, on se rend vite compte qu’il n’est finalement que prétexte. Le jeu s’avère très simple et n’offre pas réellement de stimulation d’un point de vue ludique. Hormis le fait que les idées sont bien trouvées, originales dans le fond mais finalement que trop peu exploitées dans la forme. D’où le fait – et heureusement – que la fibre narrative omniprésente prend le dessus et que l’on soit finalement plus enclin à le catégoriser dans une mouvance de « conte interactif ». Chose qui, pour le coup, Wandersong fait fort bien et on regrette d’ailleurs qu’il n’ait pas bénéficié de localisation afin de l’ouvrir à un jeune public qui l’aurait sans doute accueilli à bras ouvert. L’histoire est vraiment intéressante et touchante, on s’attache aux protagonistes, le sentiment de voyage et de quête est présent via divers environnements variés dans ses formes et ambiances, de même que le background est bien plus fourni qu’il n’y paraît. Le tout s’étirant sur une durée de vie plutôt généreuse (environ huit heures), surtout compte tenu d’un soft majoritairement créé et développé via une paire de mains.

Wandersong
Appréciation
Wandersong pourra décevoir celui qui y recherche un véritable jeu d'aventure dont l'originalité a attrait à des spécificités musicales. C'est ce que le projet laissait transparaître en premier lieu et c'est ce qu'il n'est finalement pas. En revanche, en remettant les choses dans leur contexte et en acceptant que l'on se situe davantage ici dans du conte interactif musical usitant d'idées ludiques bien trouvées, le jeu prend une toute autre dimension. Car il faut admettre que l'on ressent pleinement avec ce Wandersong tout l'amour que son créateur pouvait avoir sur son projet tant le côté artistique, histoire, narration et ambiance est généreux... Et, on le répète encore, finalement le cœur du jeu.
Points forts
Une direction artistique forte
Une histoire touchante
Une durée de vie honorable
De bonnes idées de renouvellement de situation
Points faibles
Pas de traduction en français pour s'ouvrir au jeune public
Un gameplay pas assez exploité et peu stimulant
Le stick de la Switch peu précis pour gérer une roue d'action

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