Suite à son grand retour sur les étales de la scène vidéoludique, le pointé cliqué s’est vu approprié et réinterprété au travers de très nombreuses productions, principalement indépendantes, pour des résultats à en faire souvent rougir les anciens ténors du genre. Later Alligator, fruit de la collaboration entre le studio d’animation Smallbü et le développeur Pillow Fight, et objet du présent article, entre particulièrement bien dans cette catégorie, même s’il en modifie quelques points du cahier des charges.
Le jeu, dont le titre est probablement (ou non) une référence à la chanson de rock’n’roll d’à peu près le même nom, nous invite dans la ville de Alligator New York City, dans une ambiance film noir, et au cœur d’un complot impliquant Pat et son entourage de sauriens. Visiblement un peu tendu, il est persuadé que sa famille toute entière prépare un sinistre dessein contre lui et que quelque chose de probablement épouvantable va lui arriver durant « l’évènement » prévu en fin de journée. Il nous somme donc, nous le simple anonyme affublé d’un attaché-case qui vient d’arriver dans le coin, d’aller mener une rapide mais studieuse enquête.
Cette enquête, dont on comprendra très rapidement les tenants et aboutissants, est évidemment un prétexte pour offrir, au travers des différents membres souvent loufoques de la famille dont on devra tant bien que mal – mais plutôt mal – tirer les vers du museau, de dialogues drôles voir hilarants (mais en anglais uniquement) et situations cocasses. Bien entendu, le style graphique façon cartoon ne laissait pas de place au doute, avec ces personnages aux apparences et mimiques rigolotes propulsées par une impressionnante réalisation au niveau de l’animation, mais Later Alligator brille tout autant au niveau de son écriture, bourrée de blagues, trouvailles marrantes, jeux de mots pourris et absurdes non-sens, avec beaucoup de références à la culture pop, passées ou actuelles, ici parodiées textuellement et visuellement avec une habilité certaine.
Les premières minutes de jeu permettent de s’approprier rapidement de ce qui sera un point-and-click assez classique, avec mine de rien une originalité intéressante qui pourrait déplaire aux habitués du genre, et donc qu’il est logique d’aborder : en effet, si l’on passe un peu de temps à cliquer un peu partout pour se balader aux quatre coins de la ville, engager des conversations et trouver quelques objets ici et là, c’est surtout pour finir, à chaque conclusion d’un dialogue avec un relatif de Pat, sur des minis-jeux, présentés via une affiche de théâtre de boulevard, avec un slogan à parfois se pouffer de rire. Bien qu’un peu redondants dans le fond et parfois très rapides à boucler, ils s’avèrent plutôt variés du fait de leurs inspirations aux classiques des puzzles « réels » mais aussi des hommages à d’autres genres vidéoludiques avec, cela s’entend, du pastiche à fond les ballon parfois surprenant. Ceux-ci sont nécessaires pour progresser dans l’aventure, avec une pénalité de temps en cas de non réussite… Ce qu’il faut avouer, arrive rarement, tant le jeu n’étant globalement pas difficile. Dans tous les cas, il faut noter que la journée passe, et il faudra à certains intervalles revenir voir notre protagoniste angoissé, et ce jusqu’à la soirée fatidique. Il ne sera ainsi pas possible de voir tout le monde lors d’un premier run, mais le titre offre suffisamment de quoi se relancer une nouvelle partie, notamment via la recherche de pas mal de pièces de puzzle cachées à retrouver dans les nombreux décors qui composent l’aventure.