Lorsque l’on s’attaque à une icône, il faut forcément s’attendre à recevoir les foudres des fans. En tant que farouches défenseurs de la fidélité, ils ne tolèrent en général qu’assez peu les écarts. Et s’ils le font, c’est que le film aura prouvé sa valeur tout au long de ses deux heures. Cependant, il arrive souvent que les réalisateurs se fichent royalement de leur avis et se concentrent sur l’idée qu’ils ont en tête. Bien évidemment, le clash est inévitable, et pour peu que ledit réalisateur s’amuse à distiller des piques, alors là, c’est la guerre ouverte. Il se trouve que ce brave James Wong (monsieur Destination Finale et The One) l’a fait. Son film avait intérêt d’être à la hauteur de la licence et de ses dires… ha ha, franchement, qui a cru que ça pouvait être le cas ?
– La quête finale, des sept boules, de cristal, venues des étoiles
Pour resituer l’histoire à ceux qui auraient la mémoire qui flancherait, Dragon Ball s’ouvre sur la rencontre entre le jeune Goku et la charmante Bulma. Le premier a récemment perdu son grand-père, tué de ses propres mains durant une nuit de pleine lune, et la seconde recherche la boule de cristal (la Dragon Ball) que détient Goku. Ils s’associent pour toutes les réunir et doivent ensuite lutter contre l’Armée du Ruban Rouge et divers malfrats.
Ceci est le pitch connu de tous… mais ce n’est pas celui du film. Car dans « adaptation cinématographique », il y a adaptation. Autrement dit, l’œuvre est totalement dénaturée :
Des années auparavant, le démon Piccolo a tenté de s’approprier la Terre, sans succès. Il est de retour, à la recherche des boules de cristal, seul moyen pour assouvir ses rêves de domination. Pendant ce temps-là, Goku, jeune lycéen maltraité par certains de ses camarades ( !! ), ne pense qu’à une chose : Chichi, une fille de sa classe qui ne le laisse pas indifférent. Mais tandis qu’il est en vadrouille, Piccolo, épaulé de son acolyte très porté sur le cuir, met fin aux jours de San Gohan, son grand-père. Arrivé chez lui, Goku découvre la maison détruite : il ne lui reste plus que la Dragon Ball. Une étrange jeune femme débarque d’on ne sait où : Bulma. Jeune, belle, maligne et sachant se battre, elle est l’archétype de la femme fatale. Ce nouveau couple va décider de s’entraider pour enrayer les plans de Piccolo…
Si vous ne retrouvez pas toute la puissance du script de Dragon Ball, c’est normal, c’est qu’elle n’y est pas. Les scénaristes ont produit une histoire totalement différente en y rajoutant l’imbuvable sauce teenager que les superproductions hollywoodiennes aiment bien insérer pour garantir une ouverture grand public.
– Pour un idéal, combat glacial, du bien, contre le mal
Les digressions sont donc énormes sur le script mais également à l’écran. Son Goku ne ressemble absolument pas à son modèle papier. Ils ont autant de gel l’un que l’autre, mais la version en chair et en os ne possède malheureusement aucun charisme. Avec son look d’adolescent moyen, il ne présente ni la carrure du Goku adulte ni le charme de celui de début d’aventure. Et c’est sans parler des autres protagonistes… Que dire de ce Tortue Géniale (incarné par Chow Yun Fat…) qui n’arrive même pas à nous faire esquisser le moindre sourire, ce Yamcha tout simplement pitoyable, de ce Piccolo qui n’impressionne pas, et n’osons surtout pas aborder le cas des transformations en gorille… Il ne faudrait pas devenir vulgaire. Les personnages n’ont de commun avec leur modèle que le nom. Des références apparaissent de temps à autre, mais c’est souvent extrêmement léger, à croire que le réalisateur a juste eu quelques remords sur certaines scènes. Mais ce n’est que pour mieux démolir son film avec des dialogues tous plus niais les uns que les autres. Ah ça, nul ne pourra reprocher la fidélité de la naïveté de Goku. Mais si elle est censée être naturelle et expliquée, ici, ce n’est qu’un bonus qui fait perdre beaucoup de crédit au héros. Et comment ne pas rire de lui ? Avec ses ennuis insignifiants, sa coupe en pointe et son air ahuri, il n’émet juste aucune émotion. La mort de son grand-père n’arrive même pas à tendre l’atmosphère. Nous avons clairement à faire au jeune looser qui n’a finalement pas grand-chose pour lui – si ce n’est sa connaissance des arts martiaux – et qui va du jour au lendemain devenir le dernier espoir de l’humanité. Non, ce n’est pas cliché du tout, c’est du « bankable » à l’américaine. Il ne faut pas se demander longtemps pourquoi l’équipe et la production a tenu à tenir à l’écart la majeure partie de la presse et ce jusqu’à la sortie en salles du film…
– La lutte infernale d’une petite fille d’un enfant-animal
Seules les scènes d’arts martiaux ont filtré au travers des multiples trailers. Il est vrai que les effets spéciaux sont probablement le point le moins raté. Les combats auraient pu passer dans une petite production, pleine d’ambition, celle de proposer un aspect attrayant autour d’une intrigue bétonnée avec amour. Mais là, 100 millions de dollars ont été engloutis dans cette production, autrement dit un budget colossal qui le sort du statut de long-métrage intimiste. Ici, il y a presque une nécessité de réussite… A croire que le staff ne s’en est pas rendu compte. Attendez de voir le placement des ralentis pour comprendre qu’il y a réellement un problème. Car si en pleine baston, ce serait logique ; les placer lorsque des gouttes tombent, moment disloqué de tout intense moment, est tout de suite plus discutable. Et que dire de l’utilisation des boules d’énergie… Les scénaristes n’ont visiblement pas bien saisi leur intérêt, ainsi, le kamehameha sert ici à éteindre des bougies et faire des massages cardiaques. Ah celle-là, on ne l’avait pas vue venir ! Les surprises se succèdent au cours de l’heure et demie de bobine ; par contre, elles sont toutes mauvaises. A moins de le regarder enlacé(e) avec votre amoureuse(-eux), vous risquez de passer un sale moment.
Même si Dragon Ball Evolution n’est pas mal filmé, James Wong n’est pas totalement un manche non plus, il n’en demeure pas moins totalement inintéressant. Les dialogues sans saveur ne rattrapent pas le jeu d’acteur, proche du néant. Quand l’un est plus qu’éteint, son interlocuteur est bien trop exubérant. L’équilibre ne s’établit jamais. Et si l’univers est volontairement extravagant, il aurait été appréciable qu’il soit intéressant. Ici, la mythologie de l’univers se résume à une vieille légende d’un démon vengeur. Les responsables du script ont retenu de Dragon Ball qu’il y avait des boules, des coiffures pleines de gel et des nénettes qui savent se battre. Remarquez, on aurait pu se retrouver avec un porno…
– Contre l’immoral Méchant Orak à la force bestiale
Dragon Ball Evolution rejoint les Street Fighter, Alone in the Dark et autres Mario Bros parmi les plus grands nanars adaptés de jeux vidéo. Les amoureux du manga et de l’anime ne doivent absolument pas visionner cette ignominie sous peine d’avoir des envies de meurtre. En espérant que James Wong se soit offert les services de gardes du corps… Mais, je vous rassure, les autres ne doivent pas le voir non plus. Ennuyeux et grotesque, DB Evolution ne mérite même pas que vous dépensiez le moindre denier pour le visionner. N’offrez pas l’opportunité à l’équipe d’en faire une suite…
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