C’est bien connu : la Xbox ne dispose pas de beaucoup de RPG dans sa ludothèque. C’est un fait avéré et l’arrivée d’un nouveau représentant du genre dessus est à chaque fois un événement. En gestation pendant plus de deux ans, Sudeki est l’un de ses rares RPG xboxistes. Aux commandes du projet se trouve Climax. Petite société anglaise à ne pas confondre avec le développeur nippon, Climax propose son premier RPG, si l’on excepte le portage de Diablo sur Playstation pour le compte d’Electronic Arts. Un jeu de rôle occidental ? Généralement, cela est synonyme de jeu moyen voire très mauvais. Déjà qu’il y a peu de jeux de la sorte sur la console de Microsoft, alors s’ils sont de surcroît loupés… Eh bien, Climax s’en est finalement pas trop mal tiré.
Ça part mal !
Premier sujet qui fâche : le scénario. Au lieu de lancer d’immondes insultes et autres insanités à son sujet, je préfère vous laisser seuls juges.
L’histoire prend part dans un monde de fantaisie où le bien et le mal s’affrontent depuis des années, Haskilia. Le royaume d’Illumina est au cœur de ce monde. Dirigé par la reine Lusica, ce royaume est le symbole même de la paix et de la quiétude. Le seul problème vient des attaques de plus en plus fréquentes des Akloriens. Ces êtres, venus du monde des ténèbres n’hésitent pas à s’en prendre aux innocents et à ravager les terres humaines. Il fut alors décrété de construire un système de protection tout autour du royaume. Des tours furent alors construites autour de la cité. Elles doivent grâce à quatre cristaux devenir opérationnelles et établir un bouclier enveloppant Illumina. Vous prenez les commandes de Tal, un jeune garçon qui a rejoint depuis peu les troupes d’élites du royaume. Rebelle dans l’âme en raison d’une enfance difficile, il est désormais sous les ordres du général Arlo, son propre père qu’il déteste. Accompagné d’Alco, le savant du royaume, sa mission est de trouver et ramener à la reine les quatre cristaux.
Le jeu se résume alors à une quête pour les réunir, les donjons s’enchaînant linéairement. Les rebondissements ne sont pas légions et quand ils font enfin leur apparition, on les avait anticipés de plusieurs heures. Le scénario n’est certes pas très original mais si les personnages sont travaillés… que nenni ! Nous avons affaire à des personnages stéréotypés au possible. L’équipe se composera de quatre personnages : Tal, le chevalier rebelle rêvant secrètement de la princesse, Ailish la princesse capricieuse désireuse de partir à l’aventure tombant par la même occasion du beau chevalier, Buki, la femme guerrière aux fortes convictions et croyances et enfin Elco, le scientifique extrêmement cultivé et d’un calme olympien. Bref, que du vu et du revu. Le scénariste ne s’est donc réellement pas foulé pour dégotter une intrigue au jeu.
Une réalisation en demi-teinte
Même si le jeu date un peu, il faut avouer qu’il reste toujours très beau. Profitant des capacités de la Xbox, Climax a tenu à proposer un jeu aux graphismes enchanteurs et là le pari est réussi. Les décors sont réellement superbes, très détaillés. Généralement immenses, les environnements de jeux sont pourtant riches en détails. Le level design est lui aussi agréable. Chaque donjon est agencé de façon bien distincte par rapport aux autres et vous n’en traverserez pas un identique. Certes, ils répondent eux aussi à des stéréotypes à l’instar des persos (le donjon de feu, d’eau, de fer, de terre, …) mais ils sont suffisamment travaillés dans leur construction que cela ne vous gène pas outre mesure. Là où le bât blesse c’est au niveau des personnages. Leur modélisation est réellement bonne et précise, le problème ne se situe pas là, mais alors qu’est-ce qu’ils sont laids… Le character designer est à licencier sur le champ tellement il a loupé son travail. Il a sûrement voulu faire un mixte entre les habituels dessins occidentaux et le style manga, et le résultat donne des protagonistes sans aucun charisme à qui on a envie de foutre des baffes à chaque nouvelle cinématique. Sentiment renforcé par le doublage français du jeu, absolument scandaleux ! Déjà que les héros manquent de personnalité, il a fallu que l’on demande aux doubleurs de prêter leur voix pendant qu’on leur enfonçait un bâton dans le cul. Ils semblent complètement éteints et ne croient pas un seul instant ce qu’ils disent – lisent -, c’est assez consternant. Finissant d’enterrer tout charisme. Pourtant, les filles ont été courtement vêtues afin de tenter de plaire à la gent masculine mais, visiblement, la pente est trop dure à remonter : le design est définitivement mauvais.
Pour le moment, Sudeki passe pour une daube infâme, nous sommes d’accord, et pourtant ce jeu est un véritable paradoxe à lui tout seul. Explications.
Un système de combat novateur
Afin de rendre le jeu accessible et surtout dynamique, Climax a opté pour un système de combat tout à fait original, deux systèmes de combat même. Le premier se déroule sous forme d’un beat’em up et l’autre à la FPS. Au moment où vous pénétrez dans une salle à monstres, vos persos sortent leurs armes et la bataille commence. Vous ne dirigez qu’un seul personnage à la fois, avec cependant la possibilité de switcher entre chacun par l’intermédiaire des boutons noir et blanc.
Lorsque vous dirigez Tal ou Buki, les séquences de fight peuvent être assimilées à un vulgaire beat’em up. Vous commandez votre personnage dans l’aire de jeu dans laquelle vous pouvez vaquez comme bon vous semble. A l’aide des touches de la manette, vous pouvez frapper vos ennemis et effectuez des enchaînements comme un Fighting Force ou un The Bouncer. Un gros coup est également disponible pour écarter les monstres trop enclins à vous enchaînez dans un coin ou pour faire reculer le surplus d’ennemis qui est sur vous. Ce style de combat se rapproche beaucoup de celui des Action-rpg tout en étant bien plus bourrin mais incroyablement dynamique car ne vous laissant ainsi aucun répit.
Vous l’aurez deviné, le style FPS est réservé aux deux autres personnages, Ailish et Elco. La première est votre mage du groupe. Vous la solliciterez fréquemment pour des sorts de soin notamment et quelques autres bien sentis. Elle se conduit en vue subjective, avec son bâton de mage pour seule arme. Vous pourrez ainsi envoyer diverses boules d’énergie dans la face de vos opposants. Dans le même ordre d’idée, Elco est un savant disposant d’armes à longue distance. Il servira en quelque sorte de tireur d’élite au groupe. Le mode FPS lui sied donc à ravir.
Les deux systèmes sont donc très agréables et surtout novateurs dans leur approche des combats d’un RPG. Même si l’ATB d’un Final Fantasy est un système testé et approuvé, un peu de fraîcheur est toujours bien accueilli.
RPG ou Action-RPG ?
Si les développeurs ont mélangé les deux genres dans le système de combat, le constat est le même durant le cheminement du jeu. Chaque personnage dispose de capacités qui lui sont propres afin de progresser dans Sudeki.
Elco, grand savant, a mis au point un jet-pack dont il ne se sépare jamais. Grâce à ce dispositif, il pourra voler durant quelques secondes et atteindre des plates-formes éloignées voire trop hautes en temps normal pour les autres.
Buki est équipée de griffes. Elle peut à loisir grimper et arpenter des surfaces rugueuses fréquentes dans le jeu.
Tal est le guerrier classique du groupe. Même s’il ne le laisse pas réellement paraître au premier coup d’œil, il dispose d’une force physique assez conséquente ce qui lui permet de déplacer tout obstacle un tant soit peu lourd du chemin, rocher et autre petit inconvénient du genre.
Nous trouvons enfin Ailish, propriétaire du don qui vous fera surtout trouver des trésors : la voyance. Elle peut déceler dans les décors des objets cachés et invisibles à première vue (même si il y a tout de même des signes bien visibles pour le joueur…).
Les capacités de chacun seront mises à rude épreuve durant les donjons. Chaque personnage aura d’ailleurs un niveau qui lui est dédié, arrivant peu de temps après l’obtention d’un pouvoir. Eh oui, l’un des intérêts de Sudeki est de découvrir les différentes facultés des héros, je n’allais pas gâché cela.
Le paradoxe Sudeki
Dès l’annonce du jeu, nous savions que Sudeki ne serait pas parfait : un développeur européen qui désire copier les japonais…ça sentait le roussi. Le scénario est donc d’un classicisme affligeant tout comme les personnages tant sur le plan physique, mental ou encore lyrique. Il faut dire qu’ils ne donnent pas spécialement envie de se lancer dans l’aventure. Pourtant, la réalisation plus qu’honnête du soft pousse à y jeter un coup d’œil, et heureusement ai-je envie de dire. Le jeu possède un gameplay tout à fait original. Le système de combat, empruntant à divers genres, est unique et le principe des pouvoirs exclusifs aux persos, permet une certaine diversité dans l’action qui n’est pas pour nous déplaire. Je finirais en précisant deux points : la durée de vie et l’aspect musical. Il n’y a pas grand chose à dire si ce n’est que le jeu se finit malheureusement en une petite quinzaine d’heure la première fois, la majorité des trésors débusquée. C’est triste mais le jeu se suffit parfaitement à lui même, des heures en plus, l’ennui aurait gagné le joueur, des heures en moins, cela aurait été de la frustration. Bref, cela paraît très court pour un soft du genre mais pourtant suffisant. Côté audio, le jeu s’en sort plutôt bien. Même si aucune musique ne restera gravée dans votre mémoire, il n’y en a pas qui saoule, et c’est bien là l’essentiel, non ? Nous dirons qu’elles rattrapent la pauvreté du doublage.
Sudeki est donc un jeu très plaisant qui m’a réellement surpris. Si de prime d’abord, il paraît bâclé, il recèle en fait beaucoup de bonnes idées. Juste pour cela, il mérite que l’on s’y intéresse. D’ailleurs, une suite est en préparation dans les studios Climax. Espérons que leurs têtes pensantes aient eu la présence d’esprit de changer de character designer et de scénariste…