Les Immortels était attendu. Annoncé dans la même veine que 300 et le Choc des Titans (le premier !), le film de Tarsem Singh (The Cell) a bénéficié d’un budget conséquent, plus de cent millions de dollars. Reconstitution de décors antiques, prestigieux casting, la présence des producteurs de 300, tout est là pour réaliser une superbe fresque grecque…
Celle-ci prend part 1228 ans avant Jésus Christ et se focalise sur l’attaque des villes grecques par le roi païen Hyperion. Bien décidé à libérer les Titans autrefois enfermés sous le mont Tartare par les actuels Dieux de l’Olympe, il est à la recherche de l’arc d’Epire, seule arme capable de briser les chaines des Titans. Face à ses hordes de soldats masqués, les armées grecques ne font guère le poids. Pourtant, dans un petit village, un homme est pressenti par les Dieux pour faire face à ce conquérant, Thésée. Jeune tailleur de pierre, mais parfaitement entrainé au combat, il n’a d’intérêt que pour aider les gens qu’il aime et ne tente pas de s’immiscer dans cette guerre qui ne le concerne pas. Jusqu’au jour où sa mère est exécutée sous ses yeux par Hyperion lui-même. Esclave puis évadé aux côtés de l’Oracle et d’autres prisonniers, il n’aura alors que pour objectif de venger la mort de sa mère…
Chacun connaissant l’histoire de Thésée réalisera la libre interprétation de la mythologie grecque qui se trouve transposée ici à l’écran… Mais si l’infidélité par rapport aux mythes n’est pas un drame, présenter des personnes si creux l’est déjà davantage. A commencer par Thésée (Henry Cavill – Les Tudors) pour qui l’intégralité des émotions et des possibilités laissées se résume à des choix binaires. Aimer ou tuer. Vivre ou mourir. Oui ou non. Le peut-être ne semble pas avoir cours dans la Grèce antique. A ses côtés, le personnage de Phèdre (Freida Pinto – Slumdog Millionnaire) n’a pour elle que son physique aguicheur et présente un Oracle simpliste. Il y avait pourtant matière à donner de la consistance à ce personnage tiraillé entre son envie de vivre librement et son don de voir l’avenir, fatalement opposés. A ce petit jeu, les Dieux semblent déjà plus travaillés, avec un Zeus (Luke Evans – Le Choc des Titans) opposé à aider l’Homme malgré son parti pris évident, ainsi que sa fille Athéna et son frère Poséidon. Certaines remarques de Stavros (Stephen Dorff – Public Ennemies) nous font apprécier la petite troupe de héros. Malheureusement pour eux, en face, se tient le roi Hyperion, campé par Mickey Rourke. L’acteur signe décidément un retour grandiose après The Wrestler et Iron Man 2. A nouveau, l’acteur crève l’écran et écrase les autres participants par son charisme, tout simplement. Pourtant, la production a tenté de choisir un acteur insuffisamment connu pour ne pas éclipser son héros Thésée. Mais son physique, sa dégaine et sa mise à l’écran font qu’il monopolise l’attention. A croire que les rôles de méchants lui vont à ravir. Il impressionne dans la peau de ce roi cruel et sanguinaire.
Les Immortels à l’instar de 300 présente énormément de sang à l’écran. L’hémoglobine coule ici à flot et en gros plan. Sans compter que le démembrement et plus souvent la décapitation sont monnaie courante. Le réalisateur présente alors très souvent les joutes de côté à la Zack Snyder, mais sans offrir de zoom à la 300, si ce n’est lors des interventions divines, marquant la rapidité des impacts. Malheureusement, Tarsem Singh n’est pas Zack Snyder. Le génie du premier est très loin d’atteindre celui du second. Bien que le cachet visuel se rapproche une fois encore de 300 – qui semble bel et bien le modèle des Immortels – les chorégraphies n’atteignent pas la qualité de celles de son modèle. Le cachet visuel pour ainsi identique offre de jolies cartes postales, mais encore une fois l’évasion et la beauté des décors restent en retrait. Les Immortels tente enfin de se détacher de son ainé au travers de davantage de scènes de dialogue et des affrontements plus courts. Les premières se révèlent malheureusement peu aguicheuses passé la première demi-heure, et les combats auraient mérité de durer plus longtemps à l’écran, rien que pour savoir si un réel travail de détachement avait été réalisé. A noter l’invraisemblance de certaines scènes qui poussent plus à sourire qu’à retenir sa respiration…
Mais tout n’est pas noir dans Les Immortels. En sus de certains personnages sympathiques, de son Mickey Rourke grandiose, de ses jolis décors antiques (entièrement montés en studio), il offre, et c’est suffisamment rare pour être signalé, une 3D plus que respectable. Malgré son ajout en post-production, elle s’intègre très bien à l’image et amène une réelle profondeur aux scènes. Même les annotations à l’écran sont présentées en 3D, effet anodin mais sympathique. Elle permet de mettre en valeur les personnages et leurs somptueux costumes. Si certains pourront trouver l’habit des Dieux à la limite du kitsch, le débat sera plus féroce concernant les masques de l’armée d’Hyperion pour la plupart réellement réussis et impressionnants. On pense notamment à ceux de Mondragon, Hyperion et du Minotaure. Les Titans ne déméritent pas non plus avec leur tenue minimaliste leur donnant pourtant un aspect des plus dangereux.
Les Immortels, vendu comme le successeur de 300, reprenant tous ses codes et les adaptant à ses besoins, ne réussit pas à égaler le maître. Les producteurs ont beau avoir réutilisé leurs acquis, il manque la petite touche de génie visuel que peut avoir Zack Snyder. Les Immortels lui est donc inférieur sur tous les tableaux. A la différence près toutefois de son méchant, plus humain certes mais surtout plus marquant à l’écran que ne l’était Xerxes. Les Immortels se révèlent donc comme un film aux qualités réelles mais bien insuffisantes pour lutter face au manque de profondeur des héros, aux longueurs amenées par les dialogues peu inspirés et à sa bande son en dent de scie.
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