Pour son deuxième film tourné en anglais, Agnès Merlet s’est rendue en Irlande. Après avoir été reconnue pour ses courts-métrages et notamment Artemisia, nommé aux Golden Globes, elle a connu les joies du succès international grâce à Dorothy. Elle y présentait une jeune fille soupçonnée d’avoir attenter à la vie d’un bébé au sein d’une communauté qui recelait bien des secrets. La réalisatrice s’engouffre à nouveau dans le monde de l’adolescence au travers de Hideaways.
Nous y découvrons l’histoire de James Furlong et de sa famille qui présente bien des particularités. La principale tient dans le caractère héréditaire de pouvoirs des plus insolites. Il se transmet uniquement de père en fils. En tant que dernier né de la famille Furlong, James en a naturellement hérité. Orphelin de mère, il vit auprès de son père et sa grand-mère. Malheureusement, le pouvoir de James cause la mort du reste de sa famille sous ses yeux. Le drame se reproduit dans la maison de redressement où il est temporairement envoyé en attente d’une famille d’accueil. Il décide alors de fuguer et de s’isoler de la population pour suspendre la succession de décès. Des années plus tard, Mae, jeune cancéreuse condamnée, s’enfuit de l’hôpital où elle reçoit ses soins et se perd dans les bois. Elle tombe alors sur une cabane et son étrange occupant, James Furlong…
Le pitch est à la fois simple et recherché, dans le sens où les particularités des Furlong n’ont vraiment rien de commun et sont plutôt originales. Les premières minutes du film en jouent beaucoup, décontractant aussitôt les spectateurs. Le film en profite ensuite pour les cueillir et leur proposer plusieurs drames d’affilée et instaurer un climat d’effroi. L’ambiance visuelle passe de chaleureuse – pour raconter le passé – à très froide – représentant le présent. On se prend à avoir pitié de ce jeune garçon maudit par la vie ; à l’inverse de ses « victimes-rescapés » qui ne désirent qu’une chose : se venger. Mais avant de faire ressurgir les affres du passé, la réalisatrice insiste sur la découverte entre Mae (Rachel Hurd-Wood – Solomon Kane, Le Portrait de Dorian Gray) et James Furlong (Harry Tradeaway – Fish Tank). La première est condamnée par sa maladie et recherche le contact du jeune homme. Le second est, quant à lui, condamné à vivre isolé en raison de sa malédiction. Ces deux envies totalement opposées vont se heurter pour trouver un point de convergence. C’est ainsi qu’une idylle apparaît, comme le spectateur s’y attend dès les premiers instants de la rencontre.
Ce qu’il suppose moins c’est que de cette idylle va naître un effet imprévu, une variante de la malédiction qui nous fait alors douter sur sa réelle nature. Et en même temps un très beau message de la réalisatrice envers le spectateur. C’est ainsi que l’on suit avec intérêt l’avancement de leur relation en nous demandant sans cesse son issue. La réalisatrice ne s’embarrasse pas des limitations de la réalité et intègre ce qu’il faut de fantastique pour compléter son conte et y intégrer ce qu’il faut de magie et d’inexplicable. Et si sur le fond, Hideaways est très plaisant, la forme l’est tout de suite moins. Les acteurs principaux, tous jeunes voire très jeunes, sont plutôt bons – mention spéciale à Thomas Brodie-Sangster (Love Actually) – mais manquent encore de crédibilité lors des scènes poignantes et, c’est là que le bât blesse, Harry Tradeaway en premier. D’autant que la dernière demi-heure de pellicule lui laisse la part belle en tentant de nous enivrer dans un conte romantique qui ne prend pas. Agnès Merlet insiste malheureusement trop sur la symbolique de l’amour et de la mort, de manière bien banale et ostentatoire. A vouloir trop en faire, pour atteindre son but, elle finit par braquer le spectateur qui ne désire pas la suivre sur un terrain aussi peu aménagé par les acteurs.
Après une première demi-heure à la fois sombre et poétique, à la limite du récit d’horreur, à l’image de Dorothy, Hideaways se perd dans sa volonté de faire passer un message à tout prix. L’abus de message tue le message serions-nous tentés de dire, surtout si le jeu d’acteur ne suit pas. Un conte à découvrir par curiosité.