[dropcaps style=’2′]Les jeux d’enquête, on en voit des pléiades. Genre tout d’abord fait sur PC, les consoles ont elles aussi pu connaître quelques softs, souvent adaptés de notre bon vieil ordinateur. Puis, la DS a débarqué et a pu démocratisé le genre en s’éloignant de sa plate-forme mère, la technologie de l’écran tactile se rapprochant à bien des égards de la souris. Maintenant que le genre commence à se voir pousser des ailes, on a toute l’occasion de remarquer quelques paris audacieux, même s’ils sont présentés sous forme de petits jeux téléchargeables sans prétention. Cette année, par exemple, on a pu voir Red Johnson’s Chronicles débouler, non pas dans notre lit ou dans le train, mais bel et bien dans notre salon, sur PS3. Lexis Numérique s’est en effet décidé à sauter le pas et s’est mis en tête de développer un nouveau jeu autour de son sympathique Red Johnson qu’on avait déjà eu l’occasion de voir par le passé dans Metropolis Crimes sur DS (comme par hasard). Mais le sentier de développer un jeu d’aventure/point’n click spécialement adapté pour un pad peut se révéler rocailleux et pète-gueule. Pari réussi ?[/dropcaps]
Un polar noir et funky
Metropolis, cité où le crime et la misère se veulent indispensables à la vie quotidienne. Tellement que les forces de l’ordre ne savent plus où donner de la tête entre les meurtres, les cambriolages ou les petites agressions d’on ne sait quelle racaille. A moins que la situation ait dégénéré uniquement car les hommes en bleu ne sont que des incompétents fainéants ? Allez savoir, mais il n’empêche que c’est un de ces mauvais éléments, l’officier Robert, gentiment entretenu par le contribuable à ronfler à longueur de journée qui vient chercher de l’aide pour une affaire. Toutefois, il ne vient pas frapper à la porte de Superman parti se la couler douce aux Caraïbes pour des vacances bien méritées, préférant se diriger vers celle surmontée de l’enseigne «Red Johnson, détective privé». L’affaire ? Résoudre le meurtre d’un inconnu frappé d’une balle avant de tomber du haut d’un pont pour servir de nourriture aux poissons. Très vite, il s’avère que ce malchanceux n’est autre qu’un vulgaire escroc raté pratiquement détesté de tous. Pas de doute, la tâche s’avère délicate et votre cerveau ne sera pas de trop pour aider notre cher détective à percer le mystère.
Un héros calme et nonchalant, une ville bourrée jusqu’à la moelle de gangsters,une mise en scène sombre jonchée de cinématiques en noir et blanc de bel effet, pas de doute. Nous nous approchons bien du polar. Puis, à côté, on est confronté à des personnages secondaires hauts en couleurs, des dialogues finement farfelus et des musiques dignes d’un Sam & Max (si vous ne savez pas ce que c’est, arrêtez de vous poser des questions et jouez-y), pas question de se prendre au sérieux. On se rapproche bien plus d’un Starsky et Hutch que d’un L.A. Noire, Lexis Numérique tente de soigner son ambiance et elle est tout simplement funky et attachante.
Néanmoins, on a beau sentir l’effort du studio de développement, on ne peut pas dire que le résultat force à l’unanimité. Le scénario est fort convenu, que ce soit sa base-même ou la manière dont il évolue. Les habitués de jeux d’enquête trouveront le jeu très prévisible et aucun moment ne viendra réellement surprendre. Il a beau être sympathique et on a beau le suivre avec légèreté, les rebondissements ne sont pas au rendez-vous et cela ne viendra pas réellement marquer les esprits. L’univers, par contre, est très attachant mais aurait tout de même l’être plus si l’ambiance qui s’en dégage était moins timide. Il en faut peu, une bonne bande sonore joue beaucoup dans la balance afin d’appuyer ce critère. Dans Red Johnson’s Chronicles, cette dernière a beau être réussie, elle est bien trop discrète pour jouer pleinement son rôle de soutien d’atmosphère. Malgré tout, les oreilles n’ont pas à rejeter tout en bloc, les doublages ont au moins l’intérêt de relever le niveau car les voix anglaises sont de bonne qualité.
Une bonne dose de variété…
L’atout principal de Red Johnson’s Chronicles repose sans conteste sur son gameplay. Proclamé comme un point’n click conçu tout spécialement pour s’adapter à la manette, il faut reconnaître que Lexis Numérique a très bien fait son boulot. Jamais on n’ira se bredouiller : « Mouais, sur PC, ce serait mieux… ». Tout est parfaitement adapté pour qu’on ne se retrouve pas lésé d’avoir un pad en main et non une souris, ce qui n’est pas une mince affaire. Bien joué !
De même qu’on applaudira la variété du gameplay qui propose différentes facettes qui s’alternent tout le long de l’aventure, ce qui fait qu’il n’y a aucun risque qu’on s’ennuie. Des basiques phases d’exploration à la résolution d’énigmes et casse-têtes à des séquences plus dynamiques sous base de QTE, en passant par des questionnaires typés QCM pour se remettre les idées en place, il y a de quoi faire. De plus, un véritable effort a été fait pour que les différentes séquences soit réellement cohérentes au contexte. Jamais on n’ira remettre en question la forme d’un casse-tête par rapport à la situation, quant bien même un habitué du style ne se retrouvera pas en terrain inconnu car somme toute, très communs dans le fond. Mais force est de constater que leur existence prend vraiment son sens dans le jeu, contrairement à d’autres jeux qui les placent de manière illogique ou en répètent un ou deux à l’envie jusqu’à l’écœurement total. Piège où Red Johnson’s Chronicles ne tombe pas puisqu’il dispose de nombreuses séquences très variées.
Malgré tout, on aurait aimé plus de lieux ou tout du moins que ceux étant présentés là soient plus vastes, d’autant plus que le curseur en forme de loupe est très permissif et qu’il est carrément impossible de louper un élément du décor. Si le curseur, sous cette forme, est très loin d’être un défaut pour une configuration console – on n’est pas censé avoir le nez collé à l’écran après tout – cet environnement n’en devient qu’encore plus restreint et nous donne vite la cruelle impression d’en avoir fait trop rapidement le tour. Il est vrai que l’exploration n’a pas non plus une place prédominante, préférant la laisser aux énigmes, on reste tout de même sur notre faim sur ce point-là. Cette impression expéditive est d’autant plus présente que le jeu se veut adressé à un public large, il ne faut pas s’attendre à buter énormément. Lexis Numérique prétend huit heures de jeu pour en voir le bout, un habitué verra plus arriver la fin au bout de cinq heures que la durée annoncée par le studio dans la promotion du jeu.
… Saupoudrée d’une pincée de rigidité
Les développeurs ont tout de même pensé aux plus férus en ajoutant une petite dose de challenge grâce à l’intermédiaire d’un système de notation. Chaque séquence est jugée d’une note par rapport au temps qu’on a passé dessus ainsi que du nombre de fois où on s’y est repris. Voilà de quoi motiver à rejouer pour faire la course aux A (d’autant plus lorsqu’on est un chasseur de trophées). Une bonne idée que voilà car même si le jeu est plutôt simple, on peut venir à buter sur certaines énigmes selon nos prédispositions (des gens sont plus à l’aise avec des chiffres, d’autres avec des taquins par exemple) et on n’obtient pas forcément la note maximale du premier coup si l’on met trop de temps. Les QTE, même peu nombreuses, peuvent également se révéler particulièrement vicelardes, très peu de temps de réaction est laissé et il ne serait guère étonnant qu’on s’y reprenne à plusieurs reprises durant la première partie.
Ledit système de notation aurait pu se montrer particulièrement efficace si l’on n’était pas amené à devoir recommencer systématiquement une séquence du début à chaque erreur. C’est un peu illogique lors de devoir recommencer une phase de QCM si on se plante en plein milieu alors qu’il aurait été beaucoup plus simple et moins frustrant de recommencer à ce moment précis en comptant le malus dans la note (qui est tout de même décompté au bout du compte, on se rassure). Un peu rigide tout de même de compter le malus sur le nombre de tentatives d’une séquence (puisqu’on est amené obligatoirement à la recommencer du début) plutôt que sur le nombre d’erreurs. Voire il aurait été même encore plus logique de ne pas laisser le joueur reprendre son erreur, ce qui aurait laissé encore une plus grande place à la rejouabilité.
La rigidité se ressent comme on voit un nez au milieu de la figure dans le sens où Red Johnson’s Chronicles est un soft particulièrement linéaire. On a beau être libre de l’ordre d’exécution de telles ou telles séquences, le joueur est tout de même extrêmement bridé dans son aventure d’où la facilité générale. Jamais on ne se retrouvera bloqué car on aurait loupé quelque chose au passage et même si c’était le cas, on n’a aucun mal à retrouver le droit chemin étant donné que les lieux sont peu nombreux et réduits. Dommage quand même…
[section id= »conclusion » style= »border:1px solid white;padding:10px;overflow:auto;background-color:#00a0db;color:#FFFFFF; »]Red Johnson’s Chronicles est vraiment un jeu sympathique. On passe un bon moment et contient de vraies bonnes idées qui méritent d’être relevées et applaudies. Néanmoins, il ne dispose pas d’une personnalité assez affirmée pour qu’on en vienne à le considérer comme un incontournable, ces jeux que l’on se doit de télécharger si on a accès au PSN. Toutefois, si Lexis Numérique fait l’effort de prendre en compte les défauts et la timidité présents cette fois-ci, on ne peut cacher qu’au vu de ce qui peut être entrepris dans le futur, ce premier épisode pose des bases relativement solides.[/section]
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