La chaleur et les beaux jours ont mis du temps pour arriver sous nos latitudes mais nombreux sont ceux qui en profitent d’ores et déjà, en vacances, sur les plages, à l’autre bout du monde ou à Tourcoing. Peut-être vous manque-t-il le petit plus lecture pour accompagner vos moments de bronzette ou votre dernière heure de journée avachi(e) dans le lit tentant désespérément de fermer l’œil. Pensant à vous, nous avons concocté un petit guide des bons bouquins du moment. Mais pas dans n’importe quel domaine, dans le jeu vidéo. D’autant que nous n’en avons jamais vu fleurir autant en si peu de temps. Rien d’exhaustif, juste quelques conseils de livres sur lesquels nous nous sommes penchés et que nous vous recommandons.
Nos meilleurs souvenirs 8/16bits
Pas forcément le plus pratique à transporter et pouvant se corner aisément, il est pourtant un fabuleux compagnon pour des phases de lecture très courtes, pouvant se stopper à tout moment. Au travers de cet ouvrage, Florent Gorges a voulu historiser des anecdotes de joueurs sur des titres et époque d’antan. Après une formidable collecte de récits et un tri draconien, il a élu les 400 plus originales et représentatives de l’ère 8/16 bits, et même avant. Ces anecdotes, pour la plupart, ne peuvent être reproduites de nos jours. Pour exemple, le fait de passer une semaine à chercher les mille combinaisons de password possibles n’a plus aucun intérêt à l’heure d’internet (anecdote signée par un certain Vidok…). Envoyer un coupon, découpé proprement dans un magazine, à une boutique de vente par correspondance n’a plus cours. Coller un briquet devant l’injecteur de pièces d’une borne d’arcade pour profiter de parties gratuites n’est plus une technique viable. Ce livre rappellera de fabuleux souvenirs à ceux qui ont vécu cette période de l’histoire du jeu vidéo, s’exclamant à coups de « moi aussi » et de « ah oui je me souviens ! » dont la nostalgie raffole. Les plus jeunes, quant à eux, découvriront un pan qu’ils ne connaissent pas forcément et comprendront peut-être la chance qu’ils ont de disposer de tant de technologies. Les récits sont souvent drôles et reflètent la mentalité d’une communauté de joueurs bons enfants, à l’heure de la spéculation et la folie retrogaming. Comme le décrit l’auteur lui-même, son livre est « un très bon livre de chiottes » : une succession d’histoires très courtes, de quelques lignes chacune, à picorer au fil des envies. D’où son intérêt en vacances. L’un des rares ouvrages ne nécessitant pas de marque-page, grâce à sa progression en « ordre alphabétique de jeux vidéo ».
IG Magazine #27
IG Magazine constituait le fleuron de la presse jeu vidéo depuis plusieurs années, la faute à des publications de moins en moins bonne qualité chez la concurrence, et un nombre d’adversaires en constante diminution. Chaque magazine a tenté de survivre comme il a pu mais lutter contre le géant Internet n’est pas chose facile. IG Magazine a proposé une alternative audacieuse, très certainement celle que tout un chacun préconisait – sans pour autant participer, apparemment : un bel ouvrage allant plus loin que l’Internet. Un peu d’actualité par-ci par-là mais surtout des dossiers de fond, des articles originaux, des interviews passionnantes, de grands pontes mais aussi d’indépendants. Proposé à un tarif plus élevé que la moyenne, mais bimensuel, il proposait surtout jusqu’à quatre ou cinq fois plus de pages, et ne parlons même pas de contenu tant lesdites pages étaient pleines à craquer d’informations et de trivias en tout genre. Dans cet ultime numéro, l’équipe revient d’ailleurs sur des sujets de bon goût, telles que les séries Grandia, Les Chevaliers de Baphomet ou encore James Pond. La couverture dédiée à GTA V indique bel et bien un gros dossier Grand Theft Auto, ou comment nous rappeler à tous que GTA n’a pas toujours été un titre en 3D. La rédaction nous présente aussi beaucoup d’indépendants, de tous horizons et nous les en remercions. Un programme chargé, auquel il est possible d’ajouter le dernier numéro hors-série, disponible depuis fin juin 2013, consacré à la sére Metal Gear. A l’instar de Resident Evil, la série de Konami est décortiquée épisode par épisode, de manière passionnée et pointue. Encore un boulot d’orfèvre. Difficile d’imaginer passer l’été sans se plonger l’espace de quelques heures dans ces deux ouvrages.
Basse Def
Voici un autre livre publié par Omake Books, mais qui n’a rien d’un roman puisqu’il s’agit d’une BD. Dessinée par Jibé, un auteur lyonnais, elle présente l’aventure de deux amis, joueurs, projetés dans l’univers d’une cartouche 8bits extrêmement cher, découverte par hasard par l’un des deux protagonistes, Simon. Avec Ludo, ils passent d’un monde dessiné, le réel, à celui en pixels, le virtuel. La BD est découpée en trio de vignettes : les vignettes se lisent par trois. Les trios se suivant dans le temps, ils forment une histoire complète. A la base, l’auteur publiait ses trios sur son site internet – ce qu’il fait toujours – avant d’en faire un volume relié. Grâce à ce format, il est extrêmement simple de s’arrêter quand on le désire, une vignette ne prenant que quelques secondes de lecture. En revanche, décoder chaque référence – toutes à des jeux existants – autrement plus, car il s’agit bien là de l’intérêt premier de cette bande dessinée. Plus que son dessin très propre, sa richesse tient dans les références de l’auteur, des références que tout joueur des périodes 8/16 bits a connues et reconnait. La nuit à l’auberge qui ne dure que le temps d’un voile noir, la voiture qui roule indéfiniment en direction d’une ville, … tous les aspects illogiques, ou simplistes, de nos jeux d’avant sont ici mis en lumière et dénoncés avec tendresse et surtout amusement. Les néophytes auront davantage de mal à décrypter l’aventure, la faute à des allusions qu’ils ne perçoivent pas. Dommage, mais Basse Def ne s’adresse clairement pas à eux : il vise les joueurs les plus anciens ou ceux se replongeant volontiers dans les 8bits. De plus, de par son format, des trios d’images et ses moins de 65 pages, il ne constitue pas un gros investissement de lecture, idéal pour s’y plonger entre deux activités au soleil ou en attendant d’être servi à table.
Nolife Story
La chaîne Nolife fait partie intégrante du paysage jeu vidéo en France. Cette chaîne, tenue par des passionnés pour des passionnés, a pourtant bien eu du mal à vivre, et en a visiblement encore un peu. Florent Gorges – encore lui – a décidé de nous raconter l’histoire de cette chaine. Une histoire où s’entremêlent récit et témoignages des différents acteurs. Et si comme votre serviteur, certains d’entre vous n’ont jamais regardé d’émissions Nolife avant de débuter le livre, ils risquent d’être stupéfaits. Car quoique nous puissions penser de la chaine, il est difficile de ne pas être impressionné par le parcours des deux fondateurs, Sébastien Ruchet et Alexandre Pilot. Deux joueurs, deux otakus, presque lambda, qui pourtant ne démordront quasiment jamais de leur projet et rêvent de monter leur propre chaine de télévision. Un parcours plus qu’atypique raconté de manière très fluide à tel point que les pages se dévorent à toute vitesse sans aucune lassitude. Il s’agit d’une véritable aventure dans laquelle nous sommes plongés avec ses acteurs et ses péripéties, bonnes comme mauvaises, souvent mauvaises d’ailleurs. L’équipe Nolife s’est apparemment prêtée volontiers au jeu des anecdotes et retours dans le temps pour nous livrer leurs impressions, et chose étonnante, sans langue de bois. Nolife n’est pas une chaine toute blanche ou toute noire et le livre ne l’oublie pas, rendant ses propos bien plus comestibles. Datant déjà de juillet 2012 et fier de plus de 300 pages, Nolife Story mérite réellement de figurer sur votre table de chevet le temps de cet été, afin de découvrir une formidable épopée, impressionnante et touchante. Et peut-être que ceux que la chaine n’intéressait pas y jetteront par la suite un œil…
Joypads ! Le design des manettes
Alors attention, ce livre n’est pas comme les autres. Si les précédents étaient plutôt légers et se lisaient sans trop de souci, Joypads vise les joueurs curieux et peut employer à l’occasion des termes plutôt techniques. Son objectif est de nous expliquer l’évolution des manettes de jeux au fil des années, joysticks exclus, volontairement. Ces derniers sont effet abordés, car indissociables de l’évolution des joypads, mais ne sont pas traités de manière approfondie. Il y a de toute façon suffisamment de matière sur les joypads pour nous occuper quelques heures. Le livre débute sa remontée dans le temps avant les premiers jeux vidéo, avant même les premiers oscilloscopes sur lesquels les ingénieurs jouaient en cachette, il remonte aux balbutiements de l’interface homme-machine. Car il faut bien voir le joypad comme tel. Il fait ainsi le tour de ces avancées, dans un premier temps, pour aborder par génération, les joypads et leurs choix de conception. Il y a d’ailleurs de très belles pages centrales dévoilant les joypads qui ont servi à l’analyse. De l’Odyssey à la Playstation 3, en passant par la Jaguar, la Neo Geo, la Dreamcast ou encore la NES. Toutes y passent, avec schémas détaillés et analyses pointues mais simplifiées pour la bonne compréhension de tous. L’occasion pour certains, peut-être, de découvrir des « paddles » – comme nous les appelions il y a encore quelques années – qui n’ont pas nécessairement marqué le grand public mais qui étaient réellement uniques dans leur approche, à l’image de celui de la Pippin, d’ailleurs en couverture. Souvent cataloguée dans les pires échecs multimédia de l’histoire, elle n’en reste pas moins le croisement du savoir-faire d’Apple et Bandai. Il y a donc forcément des éléments à en retirer. Aux éditions « Moutons electriques », Joypads ! Le design des manettes est indispensable pour tous ceux qui désirent approfondir leur compréhension de l’évolution des jeux vidéo, grâce à cette analyse plus que poussée de ces interfaces pas si accessoires que cela…
De nombreux autres ouvrages auraient pu figurer ici, d’autres « livres jeux vidéo », mais il était essentiel qu’ils allient qualité et facilité de transport. La fameuse bible Super Nintendo, superbe et au contenu incroyablement dense, ne constituait par exemple pas un choix judicieux. En tout cas, chez Archaïc, nous avons fortement apprécié ces 5 ouvrages, tous dévorés jusqu’à la dernière ligne, à tel point que nous vous les recommandons fortement, que ce soit au lit ou à la plage, sur un banc ou planté dans l’herbe.