Le premier numéro de conseil de lecture avait été un coup d’essai. Une envie d’aborder les parutions liées au jeu vidéo. Celles-ci se sont répandues ces dernières années aussi vite qu’une fausse rumeur sur un réseau social. Il y en a partout et si la qualité était forcément au rendez-vous par le passé – chaque ouvrage sortant bénéficiant du plus grand soin de ses auteurs – il est désormais plus difficile de faire le même constat. Et quand bien même l’écrit est de qualité, il ne nous est pas nécessairement destiné. La rubrique a pour but de revenir sur nos dernières lectures, en bien comme en mal.
Nintendo 64 Anthologie
AVIS DE VIDOK :
La Nintendo 64 est fascinante. Échec aux yeux de beaucoup de monde, elle s’est tout de même vendue à plus de 30 millions d’exemplaires. Pleine de promesses, elle n’a malheureusement pas réussi à supplanter la Playstation comme Nintendo l’espérait. Pourtant, la console en avait les moyens. Cette anthologie, entièrement rédigée par Mathieu Manent, joueur et collectionneur dont c’est le premier livre, revient sur les dessous de la console et aussi bien de ses succès que de ses échecs. De l’annonce à sa sortie française, de Super Mario 64 à Starcraft 64, de l’Expansion pack au 64DD, tous les sujets y passent. Les collectionneurs seront de plus heureux de voir une section réservée aux éditions limitées. Nintendo 64 Anthologie se veut complète, et nous n’en attendions pas moins au vu de son titre. Une très grande part du livre est laissée aux jeux : l’intégralité de sa ludothèque est décortiquée. Full Set japonais, américain et européen, sans oublier les quelques parutions australiennes, à défaut d’européennes, telles que Snowboard Kids 2. Des interviews exclusives se cachent également dans ses pages, la raison de l’omniprésence de Titus et les dessous de Goldeneye 007 sont abordés. Le travail réalisé est assez colossal, tout comme le nombre de documents abordés, scannés et mis en page. D’ailleurs, l’ouvrage est particulièrement agréable à lire, la disposition des légendes flirte avec le bon goût. Au sortir de ces 360 pages, impossible de trouver un sujet qui n’a pas été abordé. Peut-être un ou deux jeux annulés dont un prototype ou une image aurait fait surface depuis peu, et encore. Fer de lance du lancement des éditions Geeks-Line, cette anthologie impressionne et passionne. Les amoureux de la Nintendo 64 – dont je fais partie – ne peuvent que dévorer cette ouvrage et le ressortir, de temps en temps, pour y picorer quelques informations ou se replonger dans les souvenirs de cette bien belle console.
The Untold History of Japanese Game Developers
AVIS DE MIZAKIDO :
Derrière ce titre ô combien intriguant se cache deux ouvrages concoctés par John Szczepaniak, que certains connaissent peut-être aux travers d’articles publiés sur Gamasutra ou l’excellent Hardcore Gaming 101. Des bouquins nés suite à une campagne Kickstarter réussie qui permit à l’auteur de partir au Japon afin de rencontrer une multitude de personnes ayant œuvré ou travaillant encore dans l’extrêmement discrète industrie vidéoludique japonaise. En résulte (pour le moment) deux pavés de 500 et 400 pages pour un total d’environ 70 interviews. De quoi lire, en somme, et il y en a absolument pour tous les goûts : rien que dans le premier volume, outre des discussions sur les débuts d’acteurs connus comme le compositeur Yuzo Koshiro (Street of Rage, Shinobi III, The Scheme) ou du character-designer et producteur Keiji Inafune (Mega Man Legends, Onimusha), on pourra en apprendre plus sur la politique d’Enix dans les années 90, tout un tas d’histoires et d’anecdotes (souvent drôles) sur des studios tels que Love-de-Lic, WARP, Falcom, Game Arts, Quintet, Mitchell Corp, sans oublier pas mal d’informations croustillantes ou inédites, comme des projets de consoles imaginés par de grands développeurs ou des jeux jamais sortis, des concepts jamais étoffés (artworks à l’appui), l’influence des de la mafia japonaise sur l’industrie, ou comment une poignée de passionnés luttent pour la préservation du média dans le pays (Le Monde leur a consacré un article, d’ailleurs). Le tout est présenté de manière très brute, avec une mise en page plutôt sommaire et austère, mais plutôt bien illustrée et commentée. Et ne cherchez pas non plus de la couleur… Ces deux volumes vont juste à l’essentiel, à savoir un contenu très passionnant. Attention enfin : l’intégralité de ses livres sont en langue anglaise, mais restent absolument accessibles.
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Level Up
AVIS DE VIDOK :
Une publication entièrement consacrée aux RPG ? Bonheur. Level UP est un mook, pour rappel un croisement entre un magazine et un book, genre livre à la fois beau et complet. Le premier numéro est paru en juin 2015, le numéro deux en novembre. La recette a donc été testée par deux fois : différents articles traitant de jeux de toutes époques, rédigés de manière anglée. Au milieu, un énorme dossier sur une série de RPG, rédigé par Georges « Jay » Grouard, fondateur, entre autres, des magazines Gameplay RPG et Background. Les connaisseurs du monsieur peuvent s’attendre aux traditionnels dossiers à rallonge, mais passionnants, où les systèmes et les références sont décortiqués. L’amoureux de RPG ne peut être que comblé par ces parutions tant elles touchent tout type de jeu. Occidental, japonais, à système, à scénario, ancien, récent, tous y passent. De nombreuses plumes s’y côtoient. Mention spéciale et bisou à Elincia, de Boulette Time et aRPiGi qui fait son arrivée dans le numéro deux. Si cette variété fait la force de Level UP, elle en crée également la seule faiblesse à l’heure actuelle : des articles parfois d’une qualité moindre. Le problème est davantage présent dans le premier numéro où des articles se terminent sans queue ni tête, tandis que d’autres voient l’envolée de l’auteur ne pas prendre. Rien de dramatique puisque cela ne doit concerner moins d’une dizaine de pages sur les 192 du premier numéro. A noter de très belles First Print Editions pour les premiers acheteurs.
JV #25
AVIS DE VIDOK :
JV le mag est arrivé sur le marché de la presse française un peu sans crier gare, il y a désormais 25 numéros. Prenant le parti pris de la décontraction et de l’humour – sans aller aussi loin que Canard PC – la rédaction a su donner un ton très particulier à son magazine, qui fait qu’il se porte toujours bien. Les numéros 24 et 25 apportent avec eux une nouvelle formule, et un prix légèrement surélevé histoire de tenir encore quelques temps dans les kiosques. Pourquoi pas. Cette nouvelle formule ne semble pas bouleverser nos habitudes de lecteurs, signe qu’elle a dû demander un boulot monstre pour paraître si évidente. Les articles de qualité se succèdent et les sujets pertinents également. Il s’agit, certainement, à l’heure actuelle, ce qu’il se fait de mieux dans les kiosques dans le domaine du jeu vidéo. Ce numéro de décembre 2015 s’occupe, par exemple, de retracer l’histoire du studio Naughty Dog, de manière si fluide et évidente que la qualité d’écriture en devient indécente. Malheureusement, et malgré tout le bien qu’inspire le magazine, il faut lui reconnaître une carence énorme en termes de jeux japonais. Les sujets traités sont essentiellement américano-européens. Le JRPG est quasiment aux abonnés absents et l’absence de la portable de Sony en est une des conséquences. Fans de jeux vidéo, n’hésitez pas ; amoureux de jeux japonais, sachez que vous ne trouverez pas votre compte dans ces vingt cinq premiers numéros et ce même si « la nouvelle formule devait corriger cela ».