Composition : Nobuo Uematsu | Arrangements : Nobuo Uematsu et Shiro Hamaguchi
Année de sortie : 1999 (réédité en 2004)
Nombre de CD : 1
Nombre de pistes : 13
Il n’y a pas plus à propos que de nommer l’album orchestral des paroles emblématiques de « Liberi Fatali ». Une phrase qui n’est pas du latin comme on pourrait se l’imaginer mais un anagramme du thème non moins marquant « Succession Of Witches » et Love. Voilà pour la petite anecdote que tous les inconditionnels de la série n’apprendront pas aujourd’hui tant elle a été mise en lumière depuis des lustres. Alors c’est sûr qu’avec un tel intitulé, « Liberi Fatali » version orchestrale, on l’attendait au tournant…
Chose qu’on peut toujours attendre au final puisque le-dit morceau ouvre bien les hostilités sans qu’il ne s’agisse une version que promettait à demi-mot cet album : il ne s’agit là que de la version originale présente sur l’OST. Mauvaise surprise que voilà. Qui n’est malheureusement pas la seule puisqu’il s’avère que « Eyes On Me » et « Ending The Part 1 » sont également des rescapés restés en l’état. Et pour cela, je n’applaudis pas Square Enix – qui était encore Squaresoft à l’époque des premières éditions – de ce parti-pris un brin mensonger de la marchandise. C’est un album orchestral ou merde quoi ? Alors livrez la promesse telle quelle sans ajout (absolument inutile vu qu’il s’agit vraiment d’objet destiné aux fans qui ont déjà ladite OST dans leur étagère) pour ajout. D’autant plus que cela n’empêche pas de vendre la galette au prix fort, soit vraiment pas donné par rapport au tarif moyen que l’on voit dans le domaine strictement musical. Ce qui est encore plus vrai aujourd’hui puisque la plupart des revendeurs sont en rupture et que les derniers qui en posséderaient encore n’ont aucun scrupule à faire flamber l’addition.
J’aurais bien aimé vous dire que cet énorme point noir serait une bonne raison de complètement faire l’impasse sur ce disque dans un souci de boycott car il serait bien temps que les gamers commencent un peu à houspiller sérieusement afin de prouver qu’ils ne sont pas des vaches à lait fanboys. Malheureusement pour cette tendance révolutionnaire, il y tout intérêt de baisser le poing et ravaler son amertume tant les onze titres restants valent leur pesant d’or en terme d’intérêt.
A commencer par l’éponyme « Fithos Lusec Wicos Vinosec ». Sans l’ombre d’un doute, on atteint la même qualité en version Plus. Pourtant, on ne peut pas dire qu’il y ait énormément de différences en terme de construction et d’arrangement. La configuration orchestre apporte sans surprise un côté organique bienvenue même si l’on n’imaginait pas sur le papier à quel point cela aurait pu rendre l’ensemble aussi saisissant. Sans que le côté inquiétant ne soit forcément oublié dans le sens où il transparaît toujours mais de façon différente. C’est bien simple, « Fithos Lusec Wicos Vinosec » nous apparaît là tel un rituel païen jonché de sorcières nous présentant danses incantatoires autour d’un énorme feu de bois en pleine nature. Une cérémonie spectaculaire, fascinante où l’on se laisse envoûter de façon hypnotique à grands renforts de chœurs répétitifs, tel le balancement régulier d’un pendule. Un côté mystique réhaussé par des lignes vocale éthérées en toile de fond à certains moments et une voix orientale du plus bel effet, véritable point d’orgue du morceau, qui n’est pas sans rappeler le procédé usité par Nightwish sur le pont de « The Siren » (apparaissant sur l’album Once sorti en 2004), c’est dire si c’est flatteur. Le titre éponyme est d’ailleurs révélateur du but recherché dans les musiques de Final Fantasy VIII : privilégier les atmosphères au détriment du percutant. Même si pour le coup, « Fithos Lusec Wicos Vinosec » arrive néanmoins à se tailler une dimension épique grâce à ce choix d’atmosphères très visuelles et majestueuses quand bien même une quasi-absence d’attaque soutenue.
Qu’on se le dise, l’éponyme est la seule exception épique du lot. Les versions orchestrales du reste de la tracklist s’avérant bien plus doucerettes et qui n’ont absolument rien d’épique. Hormis le « Ending Theme Part 2 » présentée véritablement de la même manière qu’un générique de fin d’un film hollywoodien (avec quelques tendances vieux Disney) où l’on notera un petit passage sur la fin qui sera repris dans thème de la pièce de théâtre des Tantalas dans Final Fantasy IX – la mort de Cordelia dans les bras de Markus pour être plus précise. Pour le reste, on sent l’influence d’Uematsu sur le courant moderne de la musique classique pour l’élaboration de son OST, le reste de l’album orchestral faisant davantage penser à de la musique de chambre plutôt qu’à une bande originale digne du Seigneur Des Anneaux.
A vrai dire, les réarrangements pour correspondre à la configuration orchestre appuie le côté un peu prout-prout que l’on ressentait à certains moments dans Final Fantasy VIII, autant dans le jeu lui-même – globalement, la représentation des lieux citadins ou des universités est loin d’être aussi miséreux que ce l’on a pu voir dans les taudis de Midgar ou Corel dans Final Fantasy VII, reconnaissons-le – que dans l’OST – quoi de plus hautain que les petites sauteries festives scolaires avec de la valse en fond sonore ? – collant ainsi une image complètement bourgeoise à ce disque.
Le plus représentatif du lot reste sans doute « Balamb Garden ~ Ami » – car oui, ce thème insupportable de la BGU, on ne s’en débarrasse pas aussi facilement même si cette version est bien plus agréable – qui prend véritablement des airs de pique-nique au jardin anglais. Du reste, les changements ne sont pas forcément radicaux par rapport aux versions originelles mais il demeurent assez importants pour ces morceaux que l’on connaît déjà autrement, que cela soit via des différences d’arrangement dans la progression (« Don’t Be Afraid », « The Man With The Machine Gun ») ou une charge émotionnelle décuplée (« Fisherman’s Horizon » où l’on ressent vraiment des voix angéliques nous parvenir de l’horizon lointain).
On retiendra de Fithos Lusec Wicos Vinosec un album orchestral fidèle à l’esprit originel des musiques du jeu. Cependant, les subtilités sont suffisantes pour que l’exercice y revêtisse un intérêt, autre qu’une simple fainéantise mercantile. Agréable d’entendre ces versions organiques qui permettent de repousser les frontières que le MIDI imposait dans l’OST, donnant un goût de réel achèvement, de finalité d’avoir pu montrer véritablement l’effet recherché à la base. On regrettera juste ces trois morceaux emprunts directement de l’OST en l’état, tout particulièrement un « Liberi Fatali » qu’on attendait énormément. Alors que des versions orchestrales existent pourtant et qui auraient pu être incluses dans le second pressage de 2004 afin de rectifier un peu le tir. Dommage.