Lorsque je repense à l’état d’esprit où je pouvais être lors de la rédaction de mes bilans précédents, il fallait admettre que les années amenaient à chaque fois son lot d’aigreur et de blasitude supplémentaire. Le jeu vidéo, j’y joue depuis mes plus jeunes années, chose que je continue à ma phase adulte. Même encore maintenant alors que je viens tout juste d’atteindre le mauvais versant de la vingtaine (si, vous savez, celui qui tend vers la trentaine, même si j’ai encore quatre années pour voir venir cette nouvelle étape de vie). Bien entendu, avec le temps, mon appréhension quant au support a évolué, mes goûts également, de même que mon regard global sur son ensemble qui ne cesse de s’affiner, se modifier en même temps que l’industrie vidéo-ludique avance. Mais au vue de la désillusion croissante que j’ai pu ressentir au travers de ces dernières années – à savoir, toute cette maintenant quasi old-gen ère de la PS360/Wii – l’année 2014 se révèle être une conséquence logique : la fracture. Oh, si, bien sûr, vous allez constater par la suite que j’ai joué, je joue et je jouerai. Il en va une question de plaisir et d’habitude développés sur bien des années, autant dire qu’on ne peut changer et bouleverser son monde du jour au lendemain. Juste que la fracture s’est opéré sur l’industrie, la communication, la presse… Bien sûr, la blasitude n’y est pas entièrement responsable, ma vie personnelle et surtout professionnelle ont beaucoup penché dans la balance. Et les conséquences sont là : à vue de pif, j’ai dû passé huit mois sur douze sans avoir une seule news, polémique ou même article/test, une mise à l’écart assez longue des réseaux sociaux. Même mon blog que je tenais pourtant avant mon arrivée sur Archaic n’a pas survécu. Ce qui explique que je n’ai pas de véritable coup de gueule à passer comme cela a pu être le cas les années précédentes.
Ce qui explique pourquoi je n’ai pas énormément à dire finalement. A part évidemment traiter des jeux que j’ai pu faire cette année de presque-autarcie. Certains pourront penser que c’est dommage d’en arriver là et c’est peut-être vrai. Mais en toute franchise, cette petite retraite m’a fait un bien fou : cela m’a permis de me recentrer sur le plus important, à savoir les jeux. Et juste ça. Pas de cancans, pas de trolls, pas de chichis. Juste des disques/cartouches/données virtuelles, une manette/télé/console portable/clavier/souris/écran devant les yeux et moi. Que par plaisir/envie/curiosité qui n’appartien(ne)t à moi et à moi seule et non d’un médium extérieur. Un retour à l’essentiel qui m’a permis de retrouver une certaine sérénité quant à mon appréhension des choses. Après, certes, on conçois que cette mise à l’écart se doit de ne pas être permanente : l’enfermement dans la bulle doit se faire le temps de se prendre un bon rail d’oxygène avant de l’exploser afin de retrouver le monde. Chose que j’apprécierais beaucoup de faire – si le temps et responsabilités me le permettent – durant cette année naissante. Après, on ne se leurrera pas, il y a fort à parier que je ne retrouverai pas l’émerveillement naïf de mes années pré-pubères mais j’ose espérer avoir plus de recul et mettre plus de relativité dans mes opinions, qu’elles deviennent moins obtuses, que je prenne la peine de préchauffer ma langue avant d’user d’elle en mode vipère haineuse. Enfin, tout ceci n’est que de l’espoir et de l’utopie car on se doute tous fort bien l’industrie et les médias feront en sorte de m’agacer car même si je suis aujourd’hui plus zen, on ne peut pas dire que je vais me laisser berner au point d’en devenir une chèvre écervelée.
Comme je le disais, la retraite ne m’a pas empêché de jouer. 2014 m’a même amenée un tout nouveau joujou : une Playstation Vita. Une console sur laquelle je me suis souvent montrée farouche par le passé, surtout car dans mon esprit, « portatif » a toujours rimé avec « Nintendo ». Et au final, je me suis retrouvée à acheter une Vita avant même la 3DS. Un achat bêtement compulsif sur le moment, je l’avoue. Qui a été fait en réaction à ce sentiment étrange à la sortie de Final Fantasy X/X-2 HD. Moi qui avait eu ce dixième opus de la saga peu après sa sortie à l’époque sur PS2, je n’ai pas pu m’empêcher de faire preuve de nostalgie. Ce qui a fait pencher la balance de l’investissement. Moi qui n’est pourtant pas spécialement sensible aux portages et autres remakes HD, j’ai pourtant été émoustillée par le principe : « Putain, la première fois que j’ai lancé FFX, jamais je n’aurais osé penser que plus de dix ans plus tard, j’y jouerai sur une console portable, blottie sous la couette ! Alors, imaginer en plus le voir tourner sur config’ portative dans une version graphique améliorée alors qu’en 2002, le jeu était considéré comme étant le top de la crème en terme esthétique, ça relevait carrément de la science-fiction ! ». Et pourtant, en 2014, nous y étions bien. Qu’il en soit clair, la version HD n’aurait existé que sur PS3, jamais je ne me serais attardée dessus, préférant largement reprendre le jeu PS2 que j’ai toujours bien au chaud dans ma chambrée. Le côté portable était un luxe, un délire, un caprice même… Qui ne se révélera très certainement pas inutile en soi puisque la ludothèque de la console portable de Sony a su gagner en ampleur et qualité. Notamment sur tout le côté japonisant qui arrive à s’expatrier chez nous via son biais, de même de mise à disposition de version boîte de jeux dits indépendants, disponibles également sur console de salon en dématérialisé. Très bonne chose pour moult habitués du physique que j’ai tendance à préférer et privilégier autant que faire se peut. Au final, l’acquisition de la console s’est accompagné de quelques autres prétendants que ce fameux remake HD de la doublogie FFX mais en cette année passée, le dixième opus de Square Enix a vraiment été le seul où j’ai passé pas mal d’heures de pur plaisir. Même pas forcément de nostalgie puisque je trouve le jeu on ne peut plus valable à l’heure actuelle. Bref, voilà un opus qui avait beau avoir su amener moult détracteurs – comme tout volet post-SNES de toute manière – mais qui reste à mon sens intemporel au même titre que bien d’autres prédécesseurs.
En restant dans la série des Final Fantasy, la seule autre nouveauté sur laquelle je me suis attardée a été Lightning Returns qui clôt la trilogie Final Fantasy XIII. Honnêtement, je dois bien avouer que jusqu’au bout, je me méfiais très farouchement de lui. Déjà parce que son prédécesseur contant les aventures de Noël et Serah m’avait vraiment déçue. Mais aussi car j’avais du mal à imaginer où Square Enix voulait en venir dans les annonces de gameplay qu’il avait bien pu faire. Au final, si la théorie me semblait bien floue et abstraite, la pratique m’a vraiment très agréablement surprise. Bien sûr, il est loin d’être parfait mais réussit vraiment à rattraper un second volet en demi-teinte, achevant ainsi de belle manière une trilogie qui avait fort bien commencé avec un épisode fondateur qui m’avait beaucoup émoustillé par sa narration, ses personnages et son parti-pris vraiment audacieux. D’audace, ce dernier-né en possède tout autant en bouleversant complètement son monde en terme de gameplay qui avait pourtant été développé sur deux volets. Le plus génial étant qu’il ne s’agit pas d’un changement complet mais d’une simple alternative, la base n’étant au final pas si différente. Mais pour que Lightning Returns soit crédible, il fallait revoir sa copie afin que le fait de reposer sur la force d’une seule paire de bras reste cohérente. Ce qui a été fait de belle manière, arrivant même à proposer le système de combat que j’ai trouvé le plus abouti du lot. Pas compliqué à prendre en main, ni même à appréhender mais bien plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord : on retrouve une dimension tactique emprunte du passé de la série entremêlée au dynamisme et timing présent depuis l’ère PS360. Ajoutons à ça, le retour de cette héroïne charismatique en la personne de Lightning qui faisait clairement défaut dans Final Fantasy XIII-2, une histoire franchement bien achalandée (bien qu’on n’arrive pas au même niveau que le premier XIII). Au final, je dommagerais seulement quelques petits aspects du concept basant cette aventure comme temporellement limitée à treize jours (pas si éloigné de Zelda Majora’s Mask dans l’esprit) qui auraient mérité un traitement plus développé, plus jusqu’au-boutiste dans les bornes et limites. Malgré tout, dans l’ensemble, j’ai vraiment été emballée par Lightning Returns.
Pour le reste, mon temps de jeu s’est porté sur des choses moins fraîches, notamment avec un long retour sur PS2 avec un Wild Arms 5, vieux jeu de ma ludothèque que je n’avais jamais exploré complètement et dont le comparse Hyades m’avait donné via sa critique l’envie de m’y replonger sérieusement et en profondeur. Beyond Good & Evil que j’avais commencé il y a quelques années, mis en pause pour je ne sais plus quelle raison, s’est vu recommencé au début jusqu’aux crédits. De même que j’ai mis un point de départ à un marathon qui risque de se développer sur quelques années de mener à bien les trois trilogies de plate-formes que sont Ratchet, Jak et Sly. Pour 2014, cela aura été le tout premier épisode galactiques du fennec et du petit robot qui se sera vu squatter la console. Ratchet & Clank que j’ai également suivi sur PS3 avec le spin-off All 4 One, sympathique mais aucunement indispensable. Niveau plate-formes, LittleBigPlanet 2 est également passé à la moulinette, petite bouffée d’air entre deux RPGs qui m’aura déçue par rapport au premier que je trouvais bien plus réussi. La DS a également été mise pas mal à profit avec l’acquisition et parcours du premier et quatrième Ace Attorney, finissant ainsi le marathon de la branche principale de la série. En attente d’une 3DS pour m’attaquer à la suite des hostilités donc. Le fort agréable Suikoden Tierkreis s’est vu également mettre un point final après des années de pauses et reprises ponctuelles. Enfin, le PC a aussi chauffé un peu avec un soupçon d’indépendant – Hexcells et Botanicula – et de point’n click – l’excellent Still Life et sa suite calamiteuse ainsi que Deponia, joli à l’œil mais moyen par son intérêt. Et pour finir l’année, j’ai été un peu plus loin dans le retro en ressortant de mes cartons la vieillerie de la première Playstation, The Legend Of Dragoon, que j’ai actuellement terminé aux trois quarts. Bref, une petite liste pas si grosse mais quelques belles heures quand même d’alignées dans l’année. Une retraite pas si vide et inutile en somme.
Si 2014 ne m’a pas spécialement intéressée par ses nouveautés, on ne peut pas dire que 2015 m’inspire davantage. Hormis un intérêt – encore et toujours – pour Xenoblade 2 et Final Fantasy XV, on ne peut pas dire que je sois fort fébrile des sorties annoncées. Loin de là, elles me laissent même totalement indifférentes. A voir si le retour dans le monde changera les choses… Cependant, ce n’est pas pour ça que je resterai là à ne rien faire. J’ai toujours plein d’envies de jeux à faire, de temps qui manquera pour les faire… Bref, je ne vais pas garder les bras croisés. Pour une fois, j’ai même pris des résolutions, c’est dire. Bien que je sais qu’au final, je n’en ferais même pas le quart, que d’autres envies se grefferont à la place d’autres. Et c’est tant mieux tant la passion se révèle d’abord par les envies et curiosités. Et tant que ces aspects sont là, la passion reste allumée, qu’on soit ou non plongée dans le grand bain de la communauté.