[dropcaps style=’2′]Put** 2 ans ! A relire mon bilan 2015, j’ai l’impression que c’était hier. J’ai envie de dire « tout a changé », mais en fait pas tant que ça. Les mouvements de l’industrie initiés ces cinq dernières années se sont juste amplifiés, menant à une richesse ludique inégalée : le rythme des sorties est tel qu’on a à peine le temps de suivre, et encore moins de jouer à tout.[/dropcaps]
2017 avait fort bien commencé : je me suis régalé sur Atelier Firis (PS4) durant le mois de janvier. Cet épisode marque un retour glorieux du gameplay traditionnel et exigeant de la série, mais aussi et surtout une révolution avec un monde ouvert passionnant qui change complètement la donne. Il restera GoTY jusqu’à la fin. Pourtant les candidats au poste n’étaient pas rares : The Legend of Heroes Trails of Cold Steel III (PS4) a tenu toutes ses promesses en matière de gameplay, histoire et personnages, Death Mark (PSVita) a suscité en moi effroi et fascination comme rarement jusqu’alors, et Ys VIII Lacrimosa of Dana (PSVita) a prouvé que la portable pouvait elle aussi faire de l’open world exaltant.
En termes de bons jeux pas forcément tous exceptionnels, je citerais Shin Yomawari (PSVita) et Iwai Hime Matsuri (PSVita). Ces deux titres m’ont aidé à combler le vide déchirant ressenti après avoir fini Death Mark, mon esprit dérangé se nourissant à présent d’univers noirs et cruels. Le premier est bien connu pour son ambiance opressante : sa suite poursuit efficacement dans cette voie, mais sans surprise cette fois. Shin Yomawari est également fautif cette fois d’un gameplay un peu irritant, dans lequel les déplacements millimétrés finissent par agacer au 40e game over. Iwai Hime Matsuri fut un visual novel assez mal rythmé, car trop long (ou peut-être est-ce l’inverse?). Peu importe, les chapitres ont tous cette tension puissante et des scènes marquantes qui coupent la respiration. Contrat rempli et CERO Z mérité pour le jeu édité par NIS au Japon.
Comme toujours il y a du bon, du très bon, mais aussi du moins bien. L’année est une nouvelle fois désastreuse pour Compile Heart dont le Cyberdimension Neptune (PS4), succès commercial, a trompé tout le monde par ses beaux graphismes tous neufs avant de révéler sa médiocrité sur tous les autres plans. Le remake inutile de Megadimension Neptunia VII (PS4) achève de saborder la licence et on se demande bien comment l’éditeur peut rebondir alors qu’il enchaîne les mauvais choix. La stratégie de privilégier la console de salon échoue : les ventes s’amenuisent et personne n’a été convaincu par le (beaucoup trop) modeste effort fait sur PSVita avec Tokyo Clanpool. Sorti l’an dernier au japon et cet automne en occident, Mary Skelter Nightmares (PSVita) alliait lui succès populaire et commercial. Le jeu illustré par Nanameda Kei avait réussi à révolutionner le DRPG comme aucun titre avant lui, en plus de proposer une direction artistique innovante combinée à de vrais éléments de survival horror. Je l’ai justement fini cette année et c’est la seule vraie bonne suprise de Compile Heart sur ces derniers mois.
L’autre grand perdant de l’année, c’est Gust. Après avoir commencé à développer sur Switch, le développeur a perdu près de la moitié de ses clients ! L’inégal Blue Reflection (PS4/PSVita) avait ses qualités, mais Nights of Azure 2 (PS4/PSVita) est un désastre qui ruine une licence qui partait pourtant avec d’excellentes intentions. Atelier Lidy&Suelle (PS4/PSVita) et ses DLC abusifs achèvent de montrer que quelque chose ne tourne pas rond à Nagano. Le mécontement des utilisateurs ne peut que grandir face à un jeu au contenu tronqué, complété bien trop tard par des DLC hors de prix. TecmoKoei doit se rendre compte que la Switch, loin d’apporter un nouveau public, désorganise le développement et empoisonne l’atmosphère.
La Switch justement. C’est une bonne console : ses fonctionalités sont encore peu étoffées, mais son architecture de base est plaisante. Pour un tout premier jeu, Fire Emblem Warriors fut une expérience dantesque, un Musô intense comme on avait encore jamais vu grâce à son gameplay totalement électrique ! Xenoblade Chronicles 2 répond nettement moins aux attentes : j’ai lâché l’affaire un chapitre 4, tant l’histoire, les personnages et les combats se sont révélés creux. Le système de lootboxes pour avoir (ou plutôt ne pas avoir) les Lames rares (élément pourtant essentiel du jeu) est tout simplement une honte. J’y reviendrai en 2018, il doit y avoir quelque chose à sauver. L’horizon de la Switch n’a pas franchement l’air radieux à l’heure qu’il est : je ne prévois aucun nouvel achat dans les 6 prochains mois, vu l’absence criante d’exclusivités intéressantes. Dans la mesure où la Switch n’accueille toujours pas de trophées, les versions PS4 sont toujours préférables.
Le fait est que la Switch n’a aucun atout pour s’imposer sur la durée. Les gens l’achètent avant tout pour les jeux first party, les exclusivités tierces se comptent sur les doigts d’une main. Rares sont les réussites tierces dans les tops des ventes pour la Switch, alors que ça arrive tout le temps sur PS4. Avec un parc installé de plus de 100 millions de PS4 et Xbox One, il faut être un éditeur bien inconscient pour donner une exclusivité majeure à la Switch… D’ailleurs, les échecs de jeux éditeurs tiers durant les premiers mois de la Switch sont nombreux. Parmi eux, Fate Extella, ce qui a conduit Marvelous à ne conserver que les versions PS4 et Vita pour Fate Extella Link. La nouvelle portable est donc beaucoup moins bien armée que la 3DS en son temps, qui elle était blindée d’exclusivités. La Switch se vend bien car les fans de la marque et le grand public l’adoptent très rapidement : au Japon, l’écosystème 3DS se désagrège de plus en plus vite. Ce n’est pour l’instant qu’un transfert de population d’une machine Nintendo vers une autre. Pour la Switch, le défi est permanent, et Kimishima le sait. Avec une ribambelle de portages tardifs et quelques bouts de carton, la « console la plus rapidement vendue » n’affirme guère sa puissance sur la scène vidéoludique mondiale et est loin de prétendre concurrencer Sony.
Il y a 2 ans ici-même, j’actais le probable déclin de la PSVita à la suite de son abandon par Sony. Je suis bien content de m’être trompé : cela n’a jamais eu lieu. La console a fêté son 5e anniversaire avec de nombreux titres attrayants et un soutien renouvelé de la part de plusieurs éditeurs. C’est le fruit de l’amour et de la passion qui anime cette petite communauté, qui répond toujours présent et ne ménage pas ses efforts pour vanter les mérites de la machine. On voit par les titres cités ci-dessus que l’année a été dense, et ce n’est là qu’une infime sélection. On fêtera le 6e anniversaire avec des titres comme Persona 3&5 Dancing, 13 Sentinels Aegis Rim, Catherine Full Body, Bullet Girls Phantasia, Secret of Mana 2, Super Robot Wars X, World End Syndrome, Gintama Rumble, Zanki Zero et bien d’autres, 2018 sera une année riche. La Vita est bien toujours dans le coup et ses fans peuvent en être fiers, car ce sont eux et eux seuls qui ont construit cette belle aventure en dépit de tous les obstacles.
Le maintien de la Vita et l’explosion de la Switch montre que la passion est plus que jamais la force motrice de l’industrie du jeu vidéo. La fin de la guerre des consoles est une réalité : tout le monde a gagné. 2016 et 2017 ont continué à façonner un monde vidéoludique plus juste, quand dans le même temps les joueurs ont accès à de plus en plus de contenu sur leurs consoles préférées. 2018 doit confirmer cela et j’ai l’espoir que ce sera le cas.