Vouloir faire cohabiter deux univers parfaitement antagonistes peut paraître culotté. Marier le film de cowboy avec celui d’aliens est la folle entreprise de Jon Favreau, qui nous avait tant surpris avec Iron Man, puis légèrement déçu avec sa suite. La pression marketing l’avait apparemment effrayé. Appuyé et produit par Spielberg, le réalisateur américain a pu s’offrir un casting de luxe. Nous n’en attendions pas tant ; malheureusement, même quand une mécanique est bien huilée, tout ne se déroule pas nécessairement comme prévu…
Tout débute en 1873. Un homme – Daniel Craig – est réveillé en plein désert par trois hommes qui voit en lui une rémunération potentiellement intéressante. En l’espace d’une poignée de secondes, notre James Bond au far west se débarrasse de ses nouveaux amis et annonce la couleur : Jake Lonergan sera fort et froid. Ce sera confirmé au cours des minutes suivantes, durant lesquelles nous découvrons non seulement Woodrow Dolorhyde – campé par l’infatigable Harrison Ford – et Ella – la jeune Numéro 13 de Dr House, Olivia Wilde – mais également la première rencontre cowboy et extraterrestre. Le contraste entre les armes primaires des hommes et les vaisseaux bien armés des êtres venus d’ailleurs, aimant apparemment ramener quelques humains chez eux. Une petite compagnie formée notamment de nos protagonistes précédents et de quelques autres gais lurons rencontrés plus ou moins furtivement se met en route pour ramener les leurs.
Et si le postulat de départ peut sembler simpliste, la suite ne l’est guère moins. Entre clichés et ressors de scénaristes bien connus, Cowboy & Envahisseurs (Cowboy & Aliens en VO) ne voit jamais sa trame décoller au cours des deux heures de pellicule. Et même si l’ambiance tente d’alterner moments d’action et intimité entre les personnages, elle a bien du mal à intéresser réellement le spectateur. D’autant que grâce à un feu de camp indien parfaitement foireux, aussi bien dans la mise en scène que dans les révélations annonçant ainsi une suite des festivités bien creuse, le film s’enfonce dans le prévisible. Entre incohérences et raccourcis, le film ne peut absolument pas compter sur ses cinq scénaristes pour marquer les esprits. Heureusement que son impressionnante équipe menée par les mains de maître d’Harrison Ford et Daniel Craig sauve la mise en scène par un jeu d’acteur sans réelle fausse note ; à l’exception d’une Olivia Wilde paradoxalement transparente et encombrante quelque soit la taille de ses habits.
Cowboy & Envahisseurs se prenant très au sérieux, pas question d’attendre de réels traits humoristiques. Une réplique par-ci, une attitude par-là, et ce sera tout. Harry Gregson Williams appuie pourtant le film de ses compositions hollywoodiennes fort à propos. Sans surprise mais efficace, la bande son est très certainement l’élément le plus réussi du film aux côtés des effets spéciaux, deuxième élément à avoir englouti le budget alloué au film (après le budget des participants). Tout ceci contribuant à la tristesse que l’on ressent à l’arrivée du générique de fin : Cowboy & Envahisseurs est un film sans véritable saveur. Nous ne sommes jamais réellement happé par l’univers, en raison d’un manque cruel d’informations et de charisme des personnages secondaires. Avec toute la meilleure volonté du monde, le film ne réussit jamais à décoller : il est trop propre. Et ce malgré le design alienesque de ses extraterrestres. La cohabitation a pour elle d’être originale, mais l’absence totale de développement de la cause alien pose une sérieux souci d’intérêt. A nouveau le typique cliché des méchants extraterrestres est réutilisé, et à mauvais escient.
Cowboys & Envahisseurs est l’exemple même du film techniquement sans faute, du casting à la bande son en passant par les cadrages – à l’exception de la scène du feu de camp – et même l’idée de départ. Mais rien n’y fait, la sauce ne prend pas. Dommage, nous aurions aimé croire, tout comme Steven Spielberg, qu’un film avec des cowboys et des aliens ne pouvait qu’être cool…
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