Après plus de quatre années de gestation, Love, œuvre de l’américain William Eubank, tente d’apporter sa pierre à l’édifice de la science-fiction. Monsieur Eubank signe ici son premier coup d’essai en tant que réalisateur puisque directeur de la photographie de formation et sur de nombreux tournages depuis 2006 (Crossfire et le prochain Clint Eastwood). L’occasion pour nous de découvrir les talents de l’homme dans un rôle qu’il expérimente…
Pour l’accompagner dans ce test, il convie Gunner Wright (G.I. Joe) dans le rôle principal, et pour ainsi dire seul rôle du film puisque Love nous emmène dans une station spatiale. Lee Miller y est astronaute et attend fébrilement son retour sur Terre. Pour tenir le coup, il ne manque pas d’entretenir son physique d’athlète et de dialoguer avec ses proches au travers de messages vidéo asynchrones. Il est également tous les jours en contact avec la station terrestre par radio, jusqu’au jour où les communications cessent complètement. Un message arrive finalement lui apprenant qu’il est arrivé quelque chose à la Terre et que les communications sont rompues pour une durée indéterminée. De plus en plus anxieux, l’astronaute se bat pour rester saint d’esprit, même s’il cultive des discussions et flirts imaginaires avec une photo d’astronaute…
La volonté du réalisateur est claire : nous faire partager la solitude de Lee Miller. La caméra, toujours fort bien placée, suit les faits et gestes du protagoniste insistant sur l’exiguïté des lieux et le caractère singulier des situations. Nous nous faisons en effet très vite aux prises de vue à 90° et aux mouvements de traveling extrêmement lents, simulant l’apesanteur. Le savoir-faire de William Eubank ressort donc clairement via cette pellicule superbe, aux jeux de lumière irréprochable et aux effets marquants. Nous sommes dans la station. Les spectateurs que nous sommes n’en sachant pas davantage que Lee Miller, nous conjecturons, nous faisons attention au moindre bruit, nous perdant dans nos pensées. Malheureusement, si le schéma narratif est extrêmement ambitieux et intéressant, il n’en demeure pas moins qu’il nous perd très vite et nous plonge dans un ennui qui semble sans fin. Très vite nous partageons la même envie que le personnage de sortir de la station, mais pour la mauvaise raison de nous concentrer sur une activité plus intéressante.
Love cumule les maladresses de narration, et ce dès l’ouverture avec son prologue présentant des bribes de la guerre de sécession, au ralenti, avec pour fil conducteur la voix d’un narrateur monotone. Césure et saut en 2039 pour le récit de l’aventure de Lee Miller. Non content de nous avoir perturbés en début de bobine, William Eubank récidive avec des interviews inopinées et une fin assez nébuleuse. Les briques ont beau s’imbriquer plus facilement après l’heure et demie de film, elles ont depuis longtemps perdu les spectateurs qui ont eu droit à un spectacle impressionnant mais terriblement ennuyeux. Love n’est pas à suivre, uniquement à voir.
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