Les Utopiales, avec ses nombreuses salles de projection, sont toujours l’occasion de découvrir, ou de redécouvrir des films d’antan avec tout le plaisir que peut apporter un grand écran et une installation sonore digne de ce nom. Cette année, la sélection a été difficile, beaucoup ont été sacrifiés par rapport à l’édition précédente, mais certains films sont définitivement restés prioritaires et ont été définitivement retenus pour être calés coûte que coûte dans un planning définitivement serré. L’un est un monument du film de science-fiction, tandis que l’autre est le second épisode d’une saga animée à la réputation absolument énorme. Ne tardons pas.
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Blade Runner de Ridley Scott
États-Unis, 1982, 117’, VOSTF, « Copie neuve »
Los Angeles, 2019. Après avoir massacré un équipage et pris le contrôle d’un vaisseau, un groupe de « répliquants », des androïdes que rien ne peut distinguer de l’être humain, est déclaré hors la loi. Quatre d’entre eux parviennent cependant à s’échapper et à s’introduire dans Los Angeles. Un agent d’une unité spéciale, un blade-runner, est chargé de les éliminer.
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AVIS DE MIZAKIDO :
L’occasion était inespérée de pouvoir voir sur un écran digne de projeter toute magnificence de ce grand classique de la science-fiction. Pour un film de 1982 (!), Blade Runner est toujours un film aussi génial, toujours d’actualité, toujours un pilier du cinéma. C’est simple, tout n’a absolument pas vieilli : en l’absence de 3D, les plans aériens sont toujours magnifiques, les effets spéciaux percutants, la direction artistique et la mise en scène déboîtent encore sa maman, le propos est toujours pertinent, les personnages aussi charismatiques, la musique envoûtante… Puis merde… L’interrogatoire, l’affrontement final… C’est tellement culte. Et dans 30 ans on pourra encore dire la même chose, tellement ce film est intemporel, beau et très bien exécuté. Du grand Ridley Scott, qui malheureusement aura bien du mal à maintenir un tel niveau de perfection… Ou à vraiment rallier les spectateurs à sa cause.
AVIS DE VIDOK :
Blade Runner film culte pour beaucoup, très vague souvenir pour d’autres (en l’occurrence moi). Blade Runner en 2015, avec une belle copie neuve, permet de (re-)découvrir le film. Se replonger dans son univers cyberpunk fascinant, sa photographie qui fait toujours mouche et observer le film qui a inspiré des générations de cinéastes. Le jeu d’acteur tend vers le bon, même si certaines scènes accusent leur âge. Blade Runner réussit à faire poser des questions sur la définition d’un humain, amenant avec lui des relations hommes-machines peut-être mal amenées mais cohérentes. En revanche, le film manque clairement de montées d’adrénaline : le parcours de Deckard est ennuyeux. L’enquête n’est pas spécialement palpitante et manque de péripéties, de rebondissements voire de profondeur. Il manque à Blade Runner une véritable trame de thriller, un véritable suspense ou une empathie pour les personnages, qui ne survient que tardivement – pendant les dernières minutes de film. A moins bien sûr d’extrapoler sur l’intrigue, sur la nature de Deckard et sur le rôle et l’identité de Gaff, pour donner enfin de la consistance au film. Les interviews contradictoires des intéressés continuent de nourrir le mythe. Blade Runner reste et restera un film au cachet visuel incroyable, qui, lui, n’a pas pris une ride. Cette ville tentaculaire, toujours sous la pluie, à la fois gorgée d’individus et sales, comme tout bon futur pessimiste, continue d’effrayer. L’ambiance qui s’en dégage – fortement épaulée par les compositions de Vangelis – est une réussite comme rarement de films du genre ont réussi, l’enquête, ennuyeuse, dans cette version plus proche de la vision de Ridley Scott, présente quelques faces cachées qui pourraient intéresser les fans de conclusions alambiquées.
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Ghost in the Shell 2 : Innoncence de Mamoru Oshii
Japon, 2004, 100’, VOSTF
Batou est un cyborg vivant. Son corps entier a été fabriqué par l’Homme. Seules lui restent des bribes de son cerveau et le souvenir d’une femme. Dans un monde où la frontière entre humains et machines est devenue infiniment vague, voici l’histoire du « fantôme » d’un homme solitaire qui néanmoins cherche à conserver son humanité.
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AVIS DE MIZAKIDO :
En marge de la projection de Ghost in the Shell : The Movie (que je n’ai pas pu voir pour le coup), les organisateurs des Utopiales ont eu la brillante idée de proposer le second film de la série réalisé par Mamoru Oshii, à savoir Innocence. C’est toujours un plaisir de revoir cet animé majeur sur grand écran, aussi perché et complexe soit il. Bon après quelques visionnages, on finit par comprendre le propos ainsi que le message qui se cache derrière cette enquête. Car GITS 2, c’est un peu tout un tas de genres à la fois… De la science-fiction, du policier, de l’action et surtout, surtout, un vrai cours de philosophie, avec une tonne de citations balancées par les personnages, ainsi qu’une bonne réflexion sur la quête de l’homme à vouloir créer une machine à son image, capable de penser et de prendre ses propres décisions. Entre autres. Pour le reste, la réalisation est, pour un film d’animation qui date quand même de 10 ans, toujours au sommet. La mise en scène sait habillement alterner les moments (très) tranquilles avec les scènes d’actions pêchues. Visuellement, Innocence n’a pas perdu de sa superbe 2D, avec une excellente utilisation de la 3D pour les travellings et pour dynamiser certains plans. Certaines scènes sont d’ailleurs encore à tomber par terre, surtout avec l’accompagnement musical de Kenji Kawaii, comme le très marquant défilé qui m’a une fois encore donné des frissons.
AVIS DE VIDOK :
Innocence ne se focalise plus uniquement sur le major mais plutôt sur Batou, son bras droit, fortement remarqué par les spectateurs dans le premier GITS. Plus de dix ans après sa sortie, le film est encore incroyable à voir. Ses dessins très justes, sa 3D utilisée à bon escient, ses personnages à la trogne marquée et son animation irréprochable. Difficile de mettre en défaut ce monstre de la japanimation. Son propos est comme toujours compliqué à percer pour les nouveaux spectateurs, c’est-à-dire après seulement un ou deux visionnages. Et si l’envie de faire passer un message et pousser à la réflexion est tout à fait louable, placer des citations philosophiques à chaque dialogue finit vite par agacer, et nous fait sortir de l’intrigue. GITS Innocence est avant tout une enquête complexe menée, justement, par la section 9 et Batou. Elle est intéressante mais, encore une fois, à l’image de Blade Runner, le spectateur que je suis a toujours autant de mal avec les scénarios qui se prennent autant au sérieux. Si dans Ghost in the Shell premier du nom, il fallait lire entre les lignes, le martèlement de citations finit par faire attendre le générique de fin. A noter toutefois l’excellente bande son de Kenji Kawai.
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