Utopiales 2021 : Les films en compétition

Au programme : Belle, Beyond The Infinite Two Minutes, The Great Yōkai War : Guardians, Minor Premise, Mondocane, Prisoners of the Ghostland, The Spine of Night et Tin Can

La compétition internationale est l’attraction principale des Utopiales aux côtés de celle des courts-métrages. Pour son grand retour en 2021 après vous savez quoi, le cinéma Japonais a été cette fois à l’honneur avec pas moins de quatre films en projection provenant du pays du soleil levant, auxquels sont venus d’ajouter des productions venant tout droit des États-Unis, d’Italie et du Canada. Encore une fois, beaucoup d’avant-premières pour ces films qui débarqueront probablement dans nos salles ou sur les plateformes de streaming. Compte tenu du planning assez fou du festival et d’autres séances moultement plus prioritaires, Minor Premise n’aura pas malheureusement (?) pas pu être visionné.


Genre
Aventure
Réalisation
Mamoru Hosoda
Année de production
2021
Pays
Japon

Belle

Dans la vie réelle, Suzu est une adolescente complexée, coincée dans sa petite ville de montagne avec son père. Mais dans le monde virtuel de U, Suzu devient Belle, une icône musicale suivie par plus de 5 milliards de followers. Une double vie difficile pour la timide Suzu, qui va prendre une envolée inattendue lorsque Belle rencontre la Bête, une créature aussi fascinante qu’effrayante. S’engage alors un chassé-croisé virtuel entre Belle et la Bête, au terme duquel Suzu va découvrir qui elle est.

Avis de Vidok

Un nouveau Mamoru Hosoda est évidemment un événement. Après Les Enfants Loups, Le Garçon et La Bête ou encore Mirai, le réalisateur japonais offre au public une nouvelle fresque visuellement sidérante. Belle se situe sur deux mondes, un réel et un virtuel, le premier classique et le second exubérant. Nos yeux ne savent souvent pas où regarder tant chaque décor fourmille de détails. L’animation n’est pas en reste puisque le concert à dos de baleine est prodigieux. Tout comme les affrontements de Dragon, l’énigmatique Bête. Mamoru Hosoda, en revenant à ses premiers amours – raconter un monde virtuel à l’instar de Summer Wars – se permet de revisiter le conte de La Belle et la Bête. Etonnant, mais pourquoi pas. Il faut dire que nous mettons un certain temps pour comprendre où lui et les scénaristes souhaitent nous emmener. L’histoire et le quotidien de la jeune Suzu, plutôt triste, ne prêtent pas spécialement à sourire. U (prononcez You), parfaitement virtuel, psychédélique, semble offrir à ses joueurs la réalisation de tous leurs rêves. Celui-ci permet à Suzu de dépasser ses frontières, et de chanter. Ainsi, attendez-vous à plusieurs chansons révélant la jeune Kaho Nakamura, aussi bien doubleuse que chanteuse pour l’occasion. Les deux mondes semblent, pendant longtemps, parfaitement distincts, jusqu’à, enfin, nous comprenions tout lors des dix dernières minutes du film, plutôt marquantes, comme à l’accoutumée. La réalisation de Belle n’hésite pas à nous gifler à plusieurs reprises, à nous tirer une petite larme à certains moments, à nous provoquer le rire quelques rares fois – notez la fabuleuse scène de drague à l’entrée d’une gare. Mais Belle, c’est aussi pas mal d’incohérences ou de liaisons un peu bancales. Le virtuel n’autorise pas tout. Leur répétition nous sort malheureusement plusieurs fois du film. Dommage. Mais globalement, le film reste un très beau récit, au visuel et à la bande son maîtrisés. Grand prix du jury des Utopiales, l’air de rien, et ce n’est pas si courant pour un film d’animation japonais.

Avis de Mizakido

La première journée de compétition de l’édition 2021 des Utopiales était assurément sous le signe du Japon et a débuté d’une fort belle manière avec Belle, la toute dernière œuvre de Mamoru Hosoda, réalisateur dont la filmographie incarne définitivement la « nouvelle vague » de l’animation japonaise. Une œuvre qui renoue avec la dualité des mondes déjà aperçue dans Summer Wars, puisque l’intrigue se déroule en alternance entre la vie réelle et un monde virtuel, mais avec des thématiques plus actuelles, tout comme une réalisation davantage dans l’air du temps. Il fallait s’y attendre : c’est encore une fois une franche réussite. Visuellement superbe et coloré, avec une utilisation astucieuse et splendide de la 3D pour marquer l’univers numérique, le film propose une fable mélangeant habilement la classique tranche de vie à la japonaise et un récit reprenant à la sauce science-fiction numérique, on l’aura compris à la vision de l’affiche japonaise (sur l’affiche française, c’est plus subtil), le conte de la Belle et la Bête avec, mine de rien, pas mal de références visuelles à peine appuyées au dessin-animé de Disney. Les sujets traités, on l’a dit, seront cependant bien plus contemporains, et souvent bien plus sombres, avec comme solide socle la folie du monde autour des réseaux sociaux. Avec cette production drôle et émouvante, Monsieur Hosoda et son Studio Chizu ont encore frappé. Ovationné au dernier Festival de Cannes pendant quatorze (!) minutes, Belle a du côté de Nantes gagné le grand prix du jury des Utopiales 2021, ce qui est un fait très rare pour un film d’animation, voire la première fois ? Un grand bravo.


Genre
Comédie
Réalisation
Junta Yamaguchi
Année de production
2020
Pays
Japon

Beyond The Infinite Two Minutes

Kato se retrouve dans une impasse : vivant au-dessus de son café, il a le sentiment de voir sa vie s’enliser, du moins jusqu’au jour où son ordinateur se met à lui parler. Cette voix, c’est celle de Kato qui lui parvient deux minutes depuis le futur ! Alors qu’il se retrouve piégé dans une boucle temporelle à courte portée, Kato fait appel à ses amis et à ses collègues pour tenter de comprendre cet étrange phénomène. Ses proches trouveront cependant vite des moyens ingénieux de profiter de cet aperçu de l’avenir.

Avis de Vidok

Incroyable. Sidérant. Dur de qualifier cet ovni. Tourné en plusieurs plans séquence et au moyen d’un iPhone, Beyond the Two Infinite Minutes (Droste no hate de Bokura) a tout du film amateur. Mais il part d’une idée géniale : un gérant de café voit son “lui + 2 minutes du futur” dans son mac, son futur lui étant devant la TV du café situé 2 étages plus bas. Le film s’enfonce tellement dans son concept que nous suivons son héros, Kato, très vite épaulé par toute une bande, poursuivant le délire en tentant de prédire l’avenir.

Logique, paradoxes temporels, morale, le film enchaîne, avec humour, les sujets, de manière étonnamment habile. On rigole, on réfléchit et, finalement, on applaudit cette pépite japonaise. Il est peu surprenant qu’elle ait remporté le prix du public tant son originalité est rafraîchissante. 70 minutes de bonheur.

Avis de Mizakido

Alors qu’il se présentait à priori comme le film le moins engageant de toute la compétition, Beyond The Infinite Two Minutes s’est avéré être une excellente et sacrée surprise, et il s’agit sans doute DU film de cette édition du festival. Réalisé avec des moyens dérisoires façon Projet Blair Witch et filmé avec un simple téléphone d’une onéreuse marque, il nous est proposé ici une comédie diablement bien pensée partant d’un concept terriblement bête mais au combien efficace : le patron d’un bar rentre chez lui dans l’appartement au dessus de son officine, et il découvre, non en étonnement, que son ordinateur est relié à une télévision présente dans son bar, et que la personne qui lui parle à travers est lui deux minutes dans le futur. Logiquement, quand il descend voir le téléviseur, il se voit deux minutes dans le passé. S’en suit de nombreux allers retours et une approche du paradoxe temporel assez déconcertante de drôlerie et de situations cocasses, et qui demande mine de rien d’être particulièrement attentif pour en suivre toute la logique. On pourrait croire que le rythme et les idées vont s’essouffler rapidement, mais non, on se laisse happer durant les soixante-dix minutes sans problèmes. Outre le jeu assez fin et volontairement surjoué des acteurs, on ne pourra saluer avec respect l’exploit que tout le film est un impressionnant plan séquence, avec on l’imagine quelques coupures, mais qui sont ici tellement invisibles que l’on se demande si tout cela n’a pas été tourné d’un seul jet. On n’ose même pas imaginer toute la logistique pour que tout se déroule avec tant de fluidité et sans que le récit ne parte pas en sucette. Vu la prouesse, l’accueil a été dithyrambique du côté des festivaliers et le film a gagné le prix du public des Utopiales 2021. Amplement mérité. En espérant une sortie plus officielle dans les salles obscures, en disque ou sur une plateforme de streaming.


Genre
Aventure
Réalisation
Takashi Miike
Année de production
2021
Pays
Japon

The Great Yōkai War : Guardians

Comme beaucoup d’enfants de son âge, Kei apprend à contrôler ses peurs et se querelle constamment avec son petit frère Dai. Une nuit, une créature étrange vient le visiter, puis un mystérieux portail s’ouvre dans sa chambre. Il est alors transporté dans le monde magique des Yokais, les gentils démons japonais ayant chacun une forme inusitée et des traits de caractère uniques. Ils lui annoncent qu’une terrible guerre menaçant leur univers dévastera le centre-ville de Tokyo sous la forme du colossal Yokaiju.

Avis de Vidok

C’est du Takashi Miike. Nous pourrions nous arrêter là. L’homme au plus de 100 films les tourne à la chaîne. Evidemment que dans le lot certains risquent d’être moins marquants que d’autres. De celui-ci, nous retiendrons surtout sa chanson finale tellement longue que vous aurez l’impression de tomber dans une faille spatio-temporelle. Ses costumes aussi, plutôt réussis, avec un panel conséquent de yokaï différents. Le reste du film, malheureusement, vous emmènera dans les limbes de l’ennui. A titre personnel, j’ai énormément de mal avec les films représentant des enfants sauvant le monde, entourés d’adultes incapables. Et nous suivons, dans The Great Yokai War Guardians, deux très jeunes enfants, en école primaire, sur qui tout repose. Entre des invraisemblances sidérantes – certes le contexte surréaliste n’aide pas – des dialogues peu inspirés et un jeu d’acteur plutôt lamentable, ce nouveau Miike ne risque pas de marquer son public.

Avis de Mizakido

Tout avait l’air de bien se présenter sur le papier : une affiche intrigante, un réalisateur connu et plutôt apprécié, et surtout le prémisse d’une bataille épique avec plein de monstres du folklore japonais. Mais quand on supervise au minimum cinq films par an, les ratés sont potentiellement plus courants, et donc oui, c’est malheureusement tombé sur ce The Great Yōkai War : Guardians, qui n’a à priori rien à voir avec son autre film portant le même nom et datant de 2005. On passera outre l’intrigue assez classique du gamin peu sûr de lui qui va se dépasser pour aller sauver son – bien plus courageux – petit frère, en partant en voyage dans le monde des yōkais. On sourira des costumes en mousse, des maquillages pas toujours réussis et des incrustations 3D assez grossières. Voire du surjeu des acteurs, qui pouvait facilement être associé au côté épique annoncé jusqu’alors. On passera cependant moins l’éponge sur le rythme absolument soporifique qui s’égraine au goutte à goutte tout au long du film, ainsi que sur les localisations hasardeuses et visuellement peu attractives de la pédicule où déambulent nos protagonistes durant une bonne partie de l’intrigue. À bien résumer, sur les deux heures et quelques, la trame débute pas trop mal avec l’esquisse d’une certaine ambition de son récit pendant disons une bonne demi-heure, puis s’égare pendant une heure entière où franchement, c’est le blackout total. Enfin je crois que ça crie beaucoup. Puis on revient nous réveiller pour l’assommant et mièvre bouquet final, où la mise en scène décolle enfin (il était temps) dans le délire qu’on s’attendait au départ, mais cette fin tombe finalement dans la facilité d’un combat un peu idiot et ridicule – on s’attendait à une grosse baston mais… C’est non. – et où une chanson entêtante mais agaçante au possible (et qui aura marqué les festivaliers) calmera le méchant et sauvera l’univers. Du potentiel gâché pour un film à éviter.


Genre
Thriller
Réalisation
Eric Schultz
Année de production
2020
Pays
États-Unis

Minor Premise

Tentant de surpasser l’héritage de son père, un neuroscientifique solitaire s’empêtre dans sa propre expérience, opposant dix fragments de sa conscience les uns aux autres.

N’a point été vu : il a fallu faire des choix… 🙁


Genre
Action
Réalisation
Alessandro Celli
Année de production
2021
Pays
Italie

Mondocane

Dans un futur proche où la civilisation s’est dégradée, Taranto est une ville fantôme où personne n’ose entrer. Les plus pauvres doivent lutter pour leur survie, tandis que les gangs se disputent les territoires. Deux orphelins de treize ans, qui ont grandi ensemble, rêvent de rejoindre l’un des gangs, dirigé par le charismatique Testacalda.

Avis de Vidok

Mondocane donne l’impression d’un ovni au milieu de cette sélection. Le film ne mise absolument pas sur des monstres en CGI, des costumes hauts en couleurs ou un concept inédit. Il se veut très terre-à-terre, en nous présentant la vie de deux orphelins tentant de survivre dans un futur dystopique. Une réelle scission s’est faite aux alentours de la ville de Tarente, à tel point que même la police ne s’en approche plus, laissant la ville aux mains de gangs. Nos deux jeunes protagonistes les intégreront, en pensant y trouver, enfin, une famille.

Extrêmement sombre, Mondocane réussit à alterner avec brio les scènes d’action et les moments plus calmes. Le passé des protagonistes se révèlent par petites touches, au fil des dialogues. Le casting, plutôt bon, est essentiellement constitué d’enfants, dirigé par le charismatique Alessandro Borghi. A la fois protecteur et bourreau, calme mais énervé, amical mais terrifiant, il porte le film. Plus que nos deux jeunes “héros”, au jeu peut-être juste mais profondément énervant. En résulte, un film en demi-teinte, qui se laisse suivre, sans non plus afficher l’étincelle qui nous fait accrocher.

Avis de Mizakido

Sans doute le film le plus terre à terre du festival, Mondocane nous propose un aperçu quelque peu dystopique d’une ville portuaire italienne, où suite à une catastrophe industrielle et autres dérèglements climatiques, les inégalités entre les populations sont encore plus marquées. Le récit, mettant en scène deux amis orphelins qui se retrouvent embrigadés pour survivre dans un gang dirigé par une sorte de gourou légèrement mégalo et dérangé (qui a d’ailleurs la tronche d’un méchant de Far Cry) qui pille aux riches pour donner aux pauvres (?), n’est certes pas révolutionnaire dans les thématiques abordées, à savoir l’amitié, les inégalités sociales et la lutte des classes, sur fond de guerre entre gangs sans foi ni loi et une police aux méthodes tout autant discutables, mais se voit ici propulsé par une réalisation globalement très soignée. Bien conscient de ses moyens, le film ne part pas dans des délires visuels hautement explosifs mais propose ici une photographie très conventionnelle mais lisible et efficace, avec un rythme bien maîtrisé, riche en séquences d’action bien pêchues mais aussi en moments plus posés, avec un casting d’acteurs globalement très juste dans ses interprétations. Un brin cynique et défaitiste, Mondocane a donc tout de l’honnête film, sans fioriture aucune, qui va droit au but sans vraiment se perdre. Bien remarqué dans son pays d’origine qu’est l’Italie, et ayant reçu une mention spéciale du jury durant ces Utopiales 2021, il pourrait bien faire son petit bonhomme de chemin à travers le monde, et c’est tout le bien qu’on lui souhaite.


Genre
Action
Réalisation
Sono Sion
Année de production
2021
Pays
Japon

Prisoners of the Ghostland

Samourai Town. Dans un futur post-apocalyptique, Hero, un braqueur de banque est libéré par le gouverneur, qui le charge de retrouver sa fille adoptive disparue. Hero n’a que très peu de temps pour déjouer les embûches de Ghostland, car au bout de quelques jours le costume en cuir qui lui colle à la peau explosera, et lui avec…

Avis de Vidok

Oh, un film avec Nicolas Cage. Pas familier des films de Sono Sion, je me dis que si ses films sont aussi attendus, il doit y avoir une raison. Prisoners of the Ghostland démarre plutôt bien. Nous observons le mélange du western, du film post-apocalyptique, du samouraï et du burlesque. Pourquoi pas ! Malheureusement, si la photographie se veut quasiment irréprochable – nous offrant de très jolis plans comme le village à tendance asiatique – le reste du film n’est qu’un amoncellement de scènes sans intérêt. Le scénario disparaît dans le premier quart d’heure pour ne jamais refaire surface. Les affrontements ne sont ni passionnants ni particulièrement bien chorégraphiés. L’humour est concentré dans deux scènes, totalement portées par Nicolas Cage. Engoncé dans sa tenue en cuir moulante explosive, l’acteur, en roue libre, est peut-être le seul à faire le job. On a de la peine pour Sofia Boutella qui semble tout aussi perdue que son personnage dans l’histoire. Quel gâchis, d’autant que l’univers dépeint semble avoir été travaillé en amont, mais il n’est absolument pas utilisé.

Avis de Mizakido

Pas simple de s’y retrouver dans la filmographie de Nicolas Cage quand l’acteur aux multiples personnalités accepte depuis quelques années à peu près tout et n’importe quoi du moment qu’il s’éclate et, on l’imagine, que cela paye un minimum. Et on l’aime bien pour ça, surtout quand il est capable de nous proposer des prestations bien dingues comme dans le psychédélique Mandy ou dans le très récent Pig. Manque de pot, son travail avec le délirant et prolifique réalisateur japonais Sono Sion, qui cumule autant de films annuels que Takashi Miike, en l’objet de Prisoners of the Ghostland, est un bon petit pétard mouillé, pas nécessairement désagréable, mais pas convaincant non plus. Avec ses faux airs de Mad Max, l’univers et le pitch assez simpliste pouvaient pourtant constituer un prétexte acceptable s’ils étaient accompagnés d’une mise en scène efficace, pleine de combats stylés, de punchlines et d’hémoglobine. Mais malgré pas mal quelques idées et un ensemble d’acteurs lâchés en roue libre (notons aussi la belle affiche), le film n’arrive finalement pas se trouver une ligne directrice, hésitant entre être sage et irrévérencieux, ou encore critique ou anarchique, pour un déroulement en conséquence mal rythmé, un humour plus ou moins assumé pour le peu qu’il se manifeste, des combats peu délirants voire totalement mous, et qui s’attarde enfin et surtout sur un lore bien trop copieux mais paradoxalement trop survolé pour être vraiment utile. Cela s’annonçait violent, mais en fin de compte non, c’est quand même assez lisse. Et ce n’est pas un Cage, assez efficace au demeurant, et ici affublé d’une tenue moulante et explosive menaçant au moindre faux pas ses bras… et testicules, qui va sauver le désastre. Dommage ! (Re)Voyez Mandy à la place.


Genre
Dark Fantasy
Réalisation
Philip Gelatt et Morgan Galen King
Année de production
2021
Pays
États-Unis

The Spine of Night

Au terme d’un long périple, une sorcière des marais arrive devant l’entrée d’une grotte en forme de tête de mort, perdue aux confins des hauts plateaux glacés. À l’intérieur de cette grotte pousse une luminescente fleur bleue… mais celle-ci est bien gardée par un guerrier masqué portant l’épée. Pas une goutte de sang ne sera versée, cette nuit, mais plusieurs histoires seront racontées, et tous ces récits sont les maillons d’une grande chaîne des siècles : un cycle immémorial où avarice, trahison, corruption, massacre, folie et sorcellerie maléfique figurent en abondance. La soif de connaissance et le pouvoir que confère cette connaissance, à chaque fois, sont étouffés dans le sang et les flammes…

Avis de Vidok

Lors de sa projection aux Utopiales 2021, The Spine of Night n’avait pas encore trouvé de distributeur. Il faut avouer que débuter un film par une femme, nue, en train de gravir une montagne, est plutôt original. Et peut freiner les ardeurs de certains. D’autant qu’en complément de la nudité fortement présente, le récit ne sera que chairs transpercées et tête coupées. Violent et gore, The Spine of Night l’est indubitablement. Son récit semblant se dérouler dans un moyen-âge revisité, où la magie existe. Pas de Graal ici, mais une fleur bleue, octroyant des pouvoirs divins. Organisée en flashbacks, l’œuvre de Philip Gelatt nous amène petit à petit à comprendre son ouverture. Malheureusement, elle se perd dans de bien trop longs dialogues, pour beaucoup inutiles et tirant inutilement un récit qui aurait pu se boucler en deux fois moins de temps. Et le rythme effréné du festival ne tolère pas ce genre de longueurs qui m’ont perdu pendant un moment. Trop long, trop verbeux, incapable de nous tenir en haleine, The Spine of Night n’a de réel intérêt que pour sa technique semblant toute droite débarquée des années 80-90. Pas désagréable, mais pas forcément flatteuse non plus. Souhaitons-lui tout de même de trouver un distributeur, pour que je lui redonne peut-être sa chance dans un contexte plus reposant.

Avis de Mizakido

Produit avec soin cette année mais rappelant fortement le style des années 80 (Métal Hurlant en tête), le film d’animation The Spine of Night est marquant à bien des égards. Son contexte tout d’abord, qui baigne dans la dark fantasy bien franche avec son univers sombre, sa violence sans retenue et un certain je-m’en-foutisme quant à afficher de la nudité en frontal. Vient ensuite sa technique, mélangeant de splendides et détaillés environnements où se meuvent des personnages richement animés dans ce qui semble être de la rotoscopie, quelque peu déroutante au départ avec ses tremblements et ses contours marqués, mais dont on appréciera la fluidité. Le récit, enfin, se suit particulièrement bien, articulé autour de flashbacks qui planteront décors, protagonistes ainsi qu’un lore des plus fournis, pour rejoindre, on s’en doute, le commencement de notre histoire. Le rythme pourra déplaire à certaines et certains vu sa teneur assez forte en dialogues – après deux jours de festival dans les jambes et les yeux, cela s’est senti – mais fort heureusement bien rehaussé au travers de séquences plus portées sur l’action, visuellement remarquables bien que particulièrement gores, avec démembrements et pas mal d’hémoglobine à la clef (Tin Can c’est drôle à côté). Globalement, une excellente surprise, pour de l’animation « alternative » à la Psiconautas ou La Belladone de la tristesse qui auront été par exemple aperçus durant d’autres éditions du festival, résolument plus adulte donc, comme on aime voir de temps en temps.


Genre
Horreur
Réalisation
Seth A. Smith
Année de production
2021
Pays
Canada

Tin Can

Alors qu’une épidémie de peste ravage le monde, une parasitologue de renom se retrouve emprisonnée dans une chambre d’hibernation. Pour s’en échapper, elle doit commettre l’irréparable.

Avis de Vidok

Tin Can a tout du film de science-fiction super obscur mais au dénouement très certainement puissant. La narration du film alterne le moment présent, où l’héroïne est enfermée dans une sorte de jarre du futur, et des flashbacks. Nous comprenons ainsi mieux qui sont les autres personnages enfermés, eux aussi, dans des jarres technologiques. D’autant que le mystérieux virus fongique abordé ne sert que de toile de fond à une intrigue plus personnelle. Découpé en 2 actes, Tin Can avait tout pour briller – malgré sa photographie très sombre. Pourtant, il échoue dans le deuxième en mettant un terme à l’intrigue entre les personnages mais aucunement à celle plus globale. Sans, en plus, en donner les clés. L’humilité de la première partie laisse place à un orgueilleux final, rendant le déroulement inutilement long. Dommage.

Avis de Mizakido

Il est de coutume que chaque édition des Utopiales ait son film légèrement prétentieux, beau mais chiant, et si Tin Can n’a pas l’aura insupportable d’un Black Hollow Cage (EUAARK !), il n’en reste pas moins d’un profond ennui à l’esthétique assez poussée. On voit déjà, dans l’intrigue, qu’une certaine pandémie est passée par là, avec pour le coup une menace fongique, déjà aperçue dans les deux The Last of Us, visuellement plus parlante qu’un microscopique virus. Mais Tin Can se veut davantage un trip plus posé à la Cube que dans l’horrifique parfois musclé proposé jeu-vidéo de Naughty Dog. Via un découpage en deux chapitres (trop longuement annoncés à l’écran), le film nous plonge dans l’ambiance poisseuse et mystérieuse d’un complexe scientifique, à priori sorti de nul part, où des personnes, dont la protagoniste principale, sont emprisonnées pour on ne sait quelle raison, et qui plus sont enfermées dans ce qui semble être des sarcophages ultra-connectés. Ainsi, la moitié de l’œuvre se déroule à la façon claustrophobique d’un Buried, avec heureusement quelques vues en hors du cercueil technologique, pour basculer ensuite vers l’horreur avec un soupçon de science-fiction, avec une distillation assez éparse de pistes quand à l’univers qui entoure notre héroïne et les quelques personnes, ou choses, avec qui elle va interagir. Comme c’est trop souvent le cas dans les mêmes pellicules du genre, le déroulement de l’intrigue de Tin Can est lent et pataud, pas passionnant du tout, laissant trop de questions (ou de trous scénaristiques), et malgré quelques belles images, on s’ennuie quand même beaucoup, le rythme et l’action étant inexistants, et les seuls moments où cela bouge un minimum sont noyés dans une bouillie de plans illisibles, pensés pour être oppressants mais qui donnent plus mal à la tête qu’autre chose. Puis la partie « horreur » est franchement… Hilarante de ridicule. Bah.