Accel World vs Sword Art Online Millenium Twilight

[dropcaps style=’2′]Après l’ultra-déception Sword Art Online Hollow Realization, je ne croyais plus du tout en la capacité de BandaiNamco à concevoir un jeu vraiment intéressant avec la célèbre licence Dengeki. La base assumée de Sword Art Online Lost Song m’avait d’ailleurs fait rejeter en bloc Accel World vs Sword Art Online. Les articles du Dengeki aidant, ce 4e jeu de la licence finit par montrer un certain charme qui ne fut pas usurpé.

On va tout de suite doucher les espoirs des amateurs de contes épiques : l’histoire de ce volet est à nouveau très mal construite. Elle débute alors qu’une sorcière masquée se nommant elle-même Persona Vabel s’engouffre dans Alfheim Online. Rien d’extraordinaire jusque-là, sauf que la demoiselle arrive de 1000 ans dans le futur et cause du même coup une distortion temporelle qui font s’entrechoquer les mondes virtuels de différentes époques. Vabel ne s’arrête d’ailleurs pas là et capture Yui, dont la suppression, dit-elle, conduira à un futur meilleur.[/dropcaps]

Comme on peut l’imaginer, Kirito et Asuna se lancent immédiatement au secours de leur fille adoptive. Mais voilà, le télescopage des mondes fait apparaître a modifié la structure de Alfheim Online et a ouvert une brèche dans le monde de Accel World. L’ensemble des personnages de ce dernier s’invitent alors progressivement dans le monde de Kirito et vont très vite coopérer avec son groupe : un peu comme dans Professeur Layton vs Ace Attorney, le « VS » n’est qu’une façade et ne dure pas plus de deux minutes. La véritable complication est que la distorsion transporte également les méchants de Accel World, qui les uns après les autres se mettront en travers de votre chemin.

Cela invite malheureusement à une très longue séquence durant laquelle l’histoire reste carrément en suspens : un véritable trou d’air de 30 heures (sur les 40 environ) où plus rien ne se passe. Par ailleurs, de nombreux événements nécessitent une certaine connaissance de l’univers de Accel World, qui n’est pas réexpliqué de manière assez approfondie. Il faut attendre la séquence finale et la révélation de l’identité (très surprenante pour le coup) de Persona Vabel pour assister à un développement narratif digne de Sword Art Online. Ce final plutôt inventif et relativement bien mis en scène est touchant mais paraît bien seul si l’on considère la longueur totale de l’aventure.

Si l’histoire principale est toujours aussi inégale, c’est dans les side events que Accel World vs Sword Art Online fait sensiblement mieux qu’avant. D’abord et en plus de Persona Vabel, il lance des quelques perspectives assez intéressantes, notamment pour Yûki : si l’on en croit certains indices laissés dans les dialogues, son destin changera radicalement dans cette partie non-canonique des jeux vidéo. Le second point est qu’il y a vraiment plus d’humour et un vrai renouvellement dans celui-ci, les personnages d’Accel World apportant des personnalités aussi excentriques que leurs accoutrements : entre Kuroyukihime complexée par sa poitrine, l’esprit supérieur Metatron qui vous prend de haut et passe son temps à vous enguirlander et la vérité hilarante derrière l’identité de Ashe Roller, on a pas finit de s’amuser. Les persos de Sword Art Online ne sont pas en reste et on est cette fois beaucoup plus dans le délire que dans les enfantillages que nous servait Hollow Realization à longueur de jeu.

Les blagues reviennent très largement aussi en dessous de la ceinture, aspect qui avait progressivement disparu et franchement manqué depuis Sword Art Online Hollow Fragment. Le fan service renouvelé et l’humour réinventé amènent par voie de conséquence des artworks qui sont presque tous extrêmement réussis. Tout le contenu annexe de ce Accel World vs Sword Art Online a donc été significativement pimenté pour que les aficionados passent de vrais bons moments entre les phases de gameplay. Ce nouvel épisode compte une poignée de cinématiques en temps réel, mais en revanche plus aucune plus aucune séquence d’anime. Le moteur faisant très cheap sur PS4, on a clairement perdu au change. Puisqu’on est dans le contenu annexe, précisons qu’il n’y a que deux quêtes annexes qui ne font que vous faire revisiter les mêmes donjons et combattre les mêmes boss, comme d’habitude recyclés. En dehors de cela, on retrouve les sempiternelles quêtes de chasse ou de collecte d’objets. Rien d’exaltant, toujours cela accompagnera-t-il utilement le leveling puisqu’il y a un trophée à la clé.

L’éditeur ne manque de mettre beaucoup d’emphase sur les personnages jouables de cet opus. DLC compris, ce ne sont pas moins de 44 persos qui sont disponibles tout au long du jeu, soit 44 fois plus que le dernier en date. Appréciable, assurément… Et tout cela n’est pas du marketing foireux car les personnages de Accel World ont tous un style de combat unique. Tous sont différents les uns des autres, quand les personnages de Sword Art Online voient leurs capacités déterminées par l’arme qu’ils utilisent (nombreuses au demeurant, dont l’arc qui fait son grand retour). Blood Leopard par exemple se transforme en félin rouge pour mordre et lacérer l’ennemi, Aqua Current utilise toutes sortes de capacités d’eau inédites, etc. Toutes leurs techniques sont uniques et donc très variées. La customisation et l’équipement sont aussi différentes : il faut accumuler des BP pour augmenter leur attaque et acquérir des modules pour rajouter des effets offensifs. Les personnages d’Accel World ne peuvent pas voler contrairement aux autres, mais sont en revanche bien plus rapides et agressifs au sol, si bien que la complémentarité de gameplay de ce cross-over est une réussite totale.

 

Pour ce qui est des personnages que l’on connaît de Sword Art Online, on retrouve le même jeu aérien que dans Lost Song. Toujours pas parfait particulièrement au niveau des déplacements en altitude souvent confus, il bénéficie néanmoins de l’apport de la magie pour égayer les combats. Accel Word vs Sword Art Online rajoute aussi des capacités inédites aux persos SAO, comme (ô joie) le fusil sniper de Shinon comme technique ultime faisant dans les dégâts à 5 chiffres. Dernière innovation et pas des moindres, le skill connect permet d’enchaîner des techniques tout en augmentant progressivement les dégâts, exactement comme dans la série Star Ocean. Cela ajoute une certaine profondeur aux combats.

Trois fois hélas, Accel World vs Sword Art Online hérite des animations hâchées de Lost Song. Les persos sont toujours raides et le sentiment d’immersion n’est, encore un fois, pas vraiment là. Sur PSVita, le framerate catastrophique rend le jeu carrément désagréable. C’est dommage car la modélisation était à la hauteur sur la portable, tout en étant moyenne sur PS4 : les persos sont jolis, certains décors sont nettement plus étoffés, mais ça reste un moteur PS3 vieux de deux ans. Le plus gênant reste la gestion de la difficulté : plutôt simple au cours du scénario principal, le jeu devient subitement ardu voire injuste en postgame car les personnages sont imposés. L’occasion de redire que non et non, il n’est pas acceptable d’imposer des personnages s’ils ne gagnent pas de niveau en même temps. Même si on peu niveler par les BP (très cher), même si on peu changer la difficulté en dernier recours (pas forcément joyeux).

Les DLC sont symptomatiques de ce fait. Le chemin qui mène vers Alice est long et éreintant, et l’avoir dans l’équipe est encore plus difficile. On peut certes voir le bon côté des choses et considérer qu’on a enfin là un challenge motivant, mais je me pose quand la question du bien-fondé de galérer pour obtenir des personnages qu’on a acheté… Mais bon, le season pass a quand même ses mérites avec notamment Persona Vabel jouable directement et Heathcliff jouable dans le lot également, ainsi qu’une ribambelle de très, très bon costumes.

Dernier motif de satisfaction quand même, la progression est nettement mieux pensée. Les différents niveaux ressemblent peut-être comme deux gouttes d’eau à ceux de Sword Art Online Lost Song (les champs sont toujours au même endroit, etc.), ils ont été bigrement agrandis en hauteur! Entre sous-sols, doublement de l’altitude et décors chaotiques, le sentiment de nouveauté est véritable. On va beaucoup plus haut et beaucoup plus loin, et le jeu est sensiblement moins guidé qu’auparavant : le système de navigation apporte quelques indices mais pas plus. On trouvera par exemple quelques énigmes assez bien pensées, des phases de recherche et globalement le sentiment pour le joueur d’avancer par son propre talent.