La démo présentée en amont étant fort prometteuse, je me suis laissée tentée à me prendre Don’t Forget Me dès sa sortie. Car il avait tout pour être un jeu excellent : un bon concept – pas si nouveau car emprunté de Her Story/Telling Lies de Sam Barlow – et un univers SF qui semblait intéressant. De plus, c’est français, autant dire que ça vient flatter la petite fibre chauviniste camouflée au sein de chacun de nous. Malheureusement, sans aller dire que nous sommes face à un taulé en bonne et due forme, la version complète et finalisée n’est pas forcément aussi rose que l’on aurait pu l’espérer…
A quoi ça ressemble ?
S’il n’y a finalement que peu de lieux et décors différents au sein de Don’t Forget, le soft compense avec un rendu pixel art plus que soigné. Et surtout une bande-son oscillant entre synthwave et jazz vraiment quali. De quoi bien s’immerger, surtout que le speech de départ s’avère séduisant : dans un futur dystopique où l’être humain est doté de puces cérébrales et autres implants bio-organiques, on incarne Fran, une jeune femme amnésique qui se retrouve à devenir l’assistante de Bernard, qui l’a recueillie, possédant une clinique de copie numérique de souvenirs.
Comment ça se joue ?
Si le propos de Don’t Forget Me est essentiellement narratif, le jeu ajoute un petit côté puzzle en empruntant le concept de Sam Barlow de devoir taper des mots-clés sur une interface. En effet, Fran sera amenée à quelques reprises à devoir fouiller dans les données des puces de ses clients afin d’isoler le souvenir et en savoir les tenants et aboutissants. Tout ceci se fait via une interface dédiée où il faudra trouver les bons mots-clés afin de découvrir les différentes bulles mémorielles plus ou moins reliées entre elles, le tout guidé par les commentaires de Bernard. Un concept qui fonctionne toujours fort bien, même dans cette configuration où l’on est autrement plus limité et cadré. On regrettera malheureusement, à l’image d’un Her Story, un certain manque d’ergonomie dans quelques détails comme pouvoir utiliser la souris – le jeu se jouant uniquement au clavier – afin de pointer et revenir en un clic à une bulle mémorielle en particulier afin de parcourir un autre chemin ou encore de pouvoir parcourir l’ensemble de l’historique des mots-clés tapés, corrects comme erronés, disponible sur une petite fenêtre latérale d’un coup de molette. Un défaut pas si dramatique mais qui nuit légèrement au confort.
Pourquoi on en parle ?
Si tout semble démarrer sous les meilleurs augures, il n’en demeure pas moins que Don’t Forget Me souffre d’un défaut majeur : son format très court. Il m’a fallu 3h30 pour tout boucler à 100%, reprise de chapitres afin de mener des choix différents (qui n’ont pas forcément un fort impact sur l’histoire par ailleurs) compris et j’en suis pas mal restée sur ma faim. Si le propos dystopique est bel et bien présent et pas inintéressant, il y avait pourtant moyen de s’y attarder avec plus de profondeur afin d’enrichir le soft de nouveaux événements, amenant de nouveaux axes de réflexion à la problématique de la numérisation de l’esprit que pose le jeu et ainsi prolonger le plaisir. De plus, si le parti-pris d’une finalité plutôt abrupte n’est en soi pas forcément gênant, il demeure un brin frustrant que certaines questions restent finalement sans réponse alors que cela semblait finalement essentiel en début de jeu. Qui est Fran, que lui est-elle arrivée pour finalement se retrouver au pied de la porte de la clinique de Bernard totalement amnésique ? On n’en saura finalement rien de plus, hormis éventuellement émettre quelques suppositions plus ou moins capillotractées.