Frankenstein, écrit en 1818 par Mary Shelley, est sûrement un des précurseurs de la littérature de science-fiction. Le docteur un peu fou et son monstre incompris ont vu leurs destins portés au cinéma pour des œuvres plus ou moins cultes, mais ont été aussi vus sur nos chères consoles de jeux-vidéo, autres objets incompris de notre siècle. Parmi elles, une petite cartouche de Game Boy sobrement nommée Dr. Franken, sortie en 1992. Créée par MotiveTime, cette mouture nomade n’est pas à confondre avec la version Super Nintendo sortie deux ans plus tard, développée elle aussi par le même studio et dont on retiendra surtout le classicisme d’un jeu de plate-formes avec un héros qui porte des lunettes de soleil et un bermuda.
Dr. Franken sur Game Boy donc. Contrairement à ce que laisse penser son titre écrit un peu partout en lettres gothiques, le jeu ne nous propose pas d’incarner le docteur Frankenstein, mais bien sa création, affectueusement nommé… Franky. Avant de décéder, son maître avait apparemment prévu d’offrir à Franky une compagne pour qu’ils puissent vivre de nombreux jours heureux et pourquoi faire des trucs rigolos avec leurs corps pendant des siècles. Malheureusement Bitsy – c’est son petit prénom – est quelque peu en morceaux… Morceaux joyeusement éparpillés dans l’immense château du scientifique, curieusement infesté de bestioles démoniaques. Pas décidé à rester vieux garçon, Franky se lance à la recherche des fragments de sa bien aimée, mais aussi des éléments pour remettre en marche la célèbre machine à donner la vie.
A la manière d’un Metroid, Dr. Franken propose au joueur d’explorer cet immense château comme bon lui semble, avec pour seule contrainte des portes fermées et des endroits inaccessibles sans avoir auparavant trouvé la bonne clef ou un objet en particulier. Pas question d’évoluer son personnage, Franky est un gaillard assez solide, restera en pyjama (les tenues vestimentaires chez MotiveTime…) tout au long de son aventure et se défendra des assaillants avec des éclairs qui sortent de ses coudes tel Guile de Street Fighter. A noter que les plus imposants ennemis sont invincibles, mais facilement évitables. Cette attaque pourra être échangée par des boules de feu qui reviendront vers notre héros tel un boomerang mais dont l’efficacité reste à prouver tant leur portée est ridicule. Pas vraiment bavard, le jeu ne donnera au début de la partie qu’un bref indice sur la carte et un rapide topo sur la façon de progresser : un livre trouvé dans des toilettes devra être remis dans une bibliothèque… Logique, mais trouver où utiliser une bouteille d’eau, une poignée de porte ou encore un pied de biche est une autre paire de manches. D’autant plus que rien n’est indiqué quand le bon objet a débloqué quelque chose dans une salle. Tout se fait automatiquement à l’entrée dans une pièce : un trou est apparu dans le sol, un élément du décor a bougé… Au joueur d’être attentif au moindre changement à l’écran et de bien se souvenir des lieux visités et verrouillés.
Il est également assez difficile de naviguer dans le labyrinthe château étant donné que les développeurs ont choisi de le concevoir sur plusieurs plans. Tentative d’explication. Outres les classiques accès aux bords gauche et droit de l’écran et les trous/escaliers qui permettent de changer d’étage, on pourra également accéder aux pièces qui sont en premier plan via les indications « EXIT », ou en arrière plan en empruntant des portes visibles au fond du décor. Déroutante idée pour un jeu en 2D qui se déroule en vue de côté. Une carte est bien là pour se repérer dans ce fourbis, mais contrairement à un Metroid ou aux récents Castlevania en 2D, celle-ci est déjà complétée, et surtout représente le château en vue de dessus (logique cela dit), ce qui peut rendre l’exploration encore plus confuse. Loin d’être impossible, la conception du château demandera un certain temps d’adaptation, du moins autant que pour contrôler Franky : raide et un brin pataud, le faire sauter sur certaines plate-formes demandera de la patience, et on finira souvent les pieds dans des piques ou à transpercer un ennemi qui s’en donnera à cœur joie pour bouffer votre barre d’énergie.