Après trois épisodes exquis sur Playstation, Universal Studios arrive sur la génération suivante avec un quatrième volet intitulé Enter the Dragonfly. La série Spyro créée par le studio Insomniac Games est désormais confiée à Equinoxe et Check Six Studios. La première trilogie avait su étonner et surtout montrer ce que la Playstation avait dans le ventre, face à une Nintendo 64 plutôt sereine en terme de plateforme 3D avec les monstres sacrés Super Mario 64 et Banjo-Kazooïe. Malheureusement, le temps a passé et la formule d’hier ne semble plus prendre.
D’emblée de jeu, l’habitué des premiers épisodes retrouve ses marques. Le but est toujours de parcourir différents mondes, reliés par un hub central, à la recherche de divers éléments ou êtres à récupérer capables de vous ouvrir le chemin vers les derniers lieux voire boss. Il est ici question de libellules (90) éparpillées à travers neuf niveaux en raison du retour de Ripto, le grand méchant du second volet. Le scénario totalement idiot et annexe, à peine soutenu par trois cinématiques tout au long du jeu – introduction, intermédiaire et fin ultime – n’est réellement qu’un prétexte à envoyer Spyro à l’aventure. Capable de cracher du feu, courir, sauter, planer et donner un coup de boule, le petit dragon se voit également offrir les souffles d’eau (pour enfermer les libellules rencontrées), de glace et d’électricité, en plus d’un système de défense utile sur une seule espèce ennemie. Ses souffles servent avant tout à se défendre et à combattre le bestiaire du jeu, mais également à progresser pour dégivrer une serrure par exemple. Si le plaisir de diriger Spyro était très présent sur Playstation, il semble qu’il ait perdu pas mal en précision et fortement gagner en inertie. Une inertie extrêmement handicapante lors des séances de saut requérant fort logiquement un minimum de précision. Résultat : le gameplay naturellement lent du titre se veut en plus alourdi par une imprécision amenant le pauvre joueur que vous êtes à trébucher, fréquemment. Trop fréquemment.
Intervient alors un des paradoxes du titre. Destiné aux plus jeunes et proposant une difficulté globalement inexistante pour ce qui s’agit de parcourir les neufs niveaux, Spyro Enter the Dragonfly se montre bien plus retors dans la quête du 100%, indispensable pour affronter le boss de fin sous sa dernière forme et voir la vraie fin du jeu, l’unique même puisque terrasser Ripto sans afficher le score parfait amène uniquement au défilement des crédits. Pour cela, il est nécessaire de mettre la main sur toutes les libellules et les 4000 gemmes parsemant les niveaux, plus ou moins planquées. Certaines même plus que bien, puisque placées sur des plateformes de non retour obligeant à perdre une vie, une vraie leçon de game design… Certaines libellules demandent l’accomplissement de plusieurs défis. Ceux-ci amènent à chaque fois de nouveaux types de gameplay, tel que la conduite d’un char d’assaut, d’un sous-marin ou d’un avion. Les plus vicelards mettent en scène Spyro dans une course où la moindre erreur ou un booster non utilisé sont synonymes d’échec. Les derniers vous demandent une patience et une maîtrise de vous étonnamment élevée à la vue du public visé. Spyro est de plus truffé de bugs, dont certains obligent tout simplement à quitter le niveau. Essayez donc de parler à un PNJ, de côté, tandis que vous êtes orienté face à un mur. Appréciez. Tous ces soucis rendent la progression pénible, auxquels vous pouvez rajouter les longs temps de chargement. Oui, même sur la version Gamecube.
A côté de cela, le jeu n’est même pas sauvé par ses graphismes. A peine plus agréables à l’oeil que les versions Playstation, ils font pâle figure face aux ténors du genre sur Playstation 2, la série des Jak pour ne citer qu’eux. Décors dépouillés, PNJ grossiers, visibilité finalement assez réduite, le visuel de Spyro ne réconforte pas. Les couleurs pastels pourtant savoureuses dans les épisodes précédents ne sauvent pas la réalisation du naufrage. Pis, l’animation n’arrive à être fluide qu’en l’absence de décor et quand Spyro se retrouve seul. Autant dire presque jamais. Durant le temps de jeu, elle est saccadée et souvent ralentie, constamment en cas d’ennemis. Certains défis en deviennent quasi injouables tant la présence d’adversaires accompagnée de décors un peu plus détaillés qu’à l’accoutumée et des voluptés de fumée montrent les limitations soit du moteur soit tout simplement du travail effectué. Il ne faut pas compter non plus sur l’ambiance féérique du titre gâchée par une bande son dispensable et d’un doublage catastrophique. Les quelques blagues des PNJ sont annihilées par le manque évident d’envie des acteurs/doubleurs.