Alors que la 3DS est bien servie en matière de tactical-RPG heroic-fantasy (surtout en ce moment), la PSVita se cherche encore un titre capable de succéder au grand Final Fantasy Tactics The Lion War de la PSP. NIS America se propose donc de combler ce vide en localisant Grand Kingdom en occident.
Gran Kingdom se compose assez classiquement entre un mode histoire, un mode en ligne et un mode “déplacement libre” visant à collecter des ressources sans limite de temps. L’interface de base est commune à tous ces modes et se présentera toujours de la façon suivante : votre équipe est représentée par un pion qui avance sur des lignes tracées, un peu comme un jeu de plateau. Chaque déplacement du pion consomme un tour, il faudra donc correctement planifier son itinéraire pour réaliser sont objectif avant la limite. En plus de cela, chaque tour de combat consomme un tour sur la carte et quelques obstacles naturels viendront vous ralentir également. Ces derniers peuvent être contournés grâce à certains objets, mais la plupart du temps, il faudra passer 3 tours ou sacrifier 30% de ses précieux HP (ce qui n’est guère une bonne solution).
Le jeu de Spike Chunsoft ne proposera en tout et pour tout que cinq types de missions qui vont revenir périodiquement : aller d’un point A à un point B, battre plusieurs adversaires désignés, collecter un certain type d’objet, défendre plusieurs points de la carte ou des missions «d’infiltration» au cours desquels il ne faut jamais entrer en contact avec un avatar ennemi. Si les trois premières sont relativement limpides, la défense et l’infiltration demande un peu de jugeote. Architecturées au tour prêt, les quêtes défensives imposeront l’utilisation d’objets de geler le mouvement des ennemis pendant un certain temps. Le timing est très serré, car dès qu’un pion ennemi arrive sur la case à défendre, c’est game over. Ces deux formes de quêtes seront en outre absentes de l’histoire principale, ce qui donne encore plus l’impression de faire un peu toujours la même chose.
Limité en termes de système de jeu, Grand Kindgom a pour lui son système de combat, qui lui est riche, bien pensé, dans une 2D relativement classique mais fine et bien animée qui rend admirablement bien sur OLED. Ennemis et alliés combattent sur 3 lignes distinctes, éventuellement obstruées par des gimmicks, ces objets défensifs à placer pour soutenir son équipe ou se protéger de l’avancée adverse. Il faut donc utiliser pleinement les capacités des différentes classes de personnages pour viser au mieux les opposants. Vos quatre personnages et vos adversaires (qui peuvent être en net surnombre) jouent au tour par tour. Cet ordre des tours sera primordial, car la plupart des magies et certaines attaques physiques demandent un temps de préparation. Tout l’art du combat dans Grand Kingdom sera d’analyser et d’anticiper les mouvements de l’équipe adverse afin d’endommager plusieurs unités d’un coup. Votre positionnement sera en effet primordial, car vous n’avez pas le loisir de gaspiller vous sorts et techniques de zone : ils sont limités à 3 ou 5 utilisations pour l’ensemble d’un chapitre. Attention aussi, le tir allié est activé! Il faut donc faire très attention à ne pas endommager ses propres personnages, ce qui ne manque pas d’arriver étant données les distances serrées, les trajectoires et l’amplitude de certaines attaques. Manœuvrer dans les combats de Grand Kingdom demande pas mal de réflexion, d’adaptabilité et une bonne dose d’adresse.
L’autre point fort de Grand Kingdom réside en ses unités nombreuses et variées. Il faudra se rendre périodiquement dans le menu de recrutement pour étoffer son équipe jusqu’à trouver l’équilibre parfait. Chaque personnage recruté (moyennant quelques pièces d’or) peut être customisé dans son apparence (coiffure, visage, couleurs et voix) comme dans ses stats de base. Toutes les spécialisations ont un sens et se complètent très bien. Il ne sera pas bien difficile d’en trouver quatre correspondant à son style de jeu. Le Rogue (équivalent de la classe voleur) peut disparaître et poser des pièges, le Medic est indispensable pour les soins, la sorcière maîtrise des magies noires puissantes, l’Arcanist partage ses actions entre la magie offensive et le soutien, le Hunter (classe archer) est capable de tirer en cloche, etc.
Blindé de HP et doté d’une force de frappe hors du commun, le Dragon Mage se distingue particulièrement. L’animal a en outre une portée appréciable grâce a son souffle de feu qui peu balayer plusieurs adversaires à moyenne portée. L’unité est tellement abusée que le jeu se garde bien de la placer comme adversaire en mode histoire! Mais quel est le truc alors, me direz-vous? En contrepartie de ses stats mirobolantes, cette classe coûte deux places au lieu d’une : l’équipe dans laquelle un Dragon Mage est présent est donc limitée à trois personnages. Autre désavantage, les alliés ne peuvent pas passer à côté sur la même ligne, ce qui peut causer d’importants blocages en termes de stratégie. Une unité néanmoins ultra-jouissive à utiliser, que l’on couplera avec l’attack mist du Medic pour augmenter encore sa force. Spike Chunsoft prolongera la casting en DLC (note : tout sera dans le jeu de base sans frais supplémentaires en Europe) avec quatre jobs supplémentaires : La Valkyrie, l’Archer, le Dark Knight et le Paladin. Si l’Archer n’est guère qu’une version féminine du Hunter (leurs attaques ont des noms différents mais sont identiques dans le principe), la Valkyrie apporte beaucoup au combat rapproché. Comme toutes les unités de courte portée, elle apprend un certain nombre d’attaques que le joueur organise lui-même en un combo, dans l’ordre qu’il souhaite. Or, certaines combinaisons d’attaques de la Valkyrie causent d’énormes dégâts, en faisant un allié précieux.
Alors qu’on ne peut que saluer une si grande richesse dans son catalogue de classes, Grand Kingdom fait défaut dans la gestion de celles-ci. On peut certes créer plusieurs groupes de quatre, mais ceux-ci ne montent pas de niveau en même temps. Cela limite du même coup la liberté du joueur, car l’alternance est déconseillée si l’on veut rester au niveau, et le «rattrapage» en termes d’expérience plus que laborieux. Plus laborieux encore, les menus du jeu. C’est une monstruosité : tout est très mal expliqué, y compris dans le manuel dématérialisé beaucoup trop court pour cela. Les menus de préparation sont loin d’être intuitifs et les options de gestion sont d’une opacité déconcertante : je gagnais des points dont je n’ai pas la moindre de ce à quoi ils servaient! Mal équilibrée, et encore plus mal documentée, et la progression des statistiques (au choix du joueur) peut carrément vous faire faire fausse route… Bref, appréhender un tel système de jeu est pour le moins difficile.
Difficile, Grand Kingdom l’est. Les chapitres sont longs et éprouvants, d’autant plus que les possibilités de soin sont nombreuses, mais paradoxalement limitées : le jeu ne vous fournira jamais plus de 4 potions par carte, où vous pouvez faire une dizaine voire une douzaine de combats. Le Medic aide forcément, mais ses skills de soin sont eux aussi très limités. Chaque fin d’affrontement vous redonnera cependant jusqu’à 20% des HP max de votre équipe, en fonction de nombre de coups portés. Le medical bag à poser en tant que gimmick et utilisable lui à chaque affrontement pourra sauver la mise dans les moments désespérés. A un endroit de la carte vous attendra aussi toujours l’une des 4 sœurs de la paroisse : Milly, avec son sourire en coin à l’idée de l’argent qu’elle va vous soutirer, Holly, toujours bénévole, Elly, trop paresseuse pour vous aider correctement et Melly, qui vous demandera une obole à votre convenance. Même avec tous ces moyens de récupération, on ne saurait trop conseiller d’aborder les missions en étant au-dessus du niveau conseillé, tant la situation peut tourner rapidement en votre défaveur. Les groupes d’ennemis en surnombre, et à plus forte raison les boss sont très compliqués à gérer à niveau égal. Fait vraiment pas faire de connerie… Dernier atout dans votre manche, vos capacités de terrain seront à-même de vous donner un avantage ponctuel : il est par exemple possible de multiplier les points d’expérience engrangés ou d’endommager les pions adverses avant d’entrer en combat.
La campagne de Grand Kingdom apparaît plutôt convenue. L’histoire commence alors que Vlad, mercenaire de son état, recherche un nouvel employeur quand le dernier l’a laissé tomber. Le joueur est le stratège de Vlad, dans un schéma identique au premier Fire Emblem de la GBA. Vous débarquez alors dans une guilde qui vous affecte une charmante aide-de-camp, Lilyas. A partir de là va se développer un schéma classique, puisque la guilde sera confrontée aux héritiers d’un vieil empire qui a soif de reconquête et qui utilisera pour cela tous les moyens. Rien d’inoubliable au cours de ces 12 chapitres, hormis sûrement le tout dernier, mieux rythmé et concentrant les affrontements les plus dantesques.
Après la vingtaine d’heures que compte cette histoire principale, Grand Kingdom est loin d’être fini puisque 4 scénarii additionnels (ajoutés par mise à jour au Japon) viennent grandement prolonger l’aventure : un postgame quatre fois plus long que l’histoire principale! On y découvrira plus en détail les différents royaumes et les familles royales présentés dans le jeu en ligne. Attention cependant, la difficulté grimpe très, très vite.
Le online justement. Très simplement appelé War, c’est probablement l’aspect le plus décevant du jeu de NIS America, tant il fait penser à du free to play sans envergure. Le multijoueur de Grand Kingdom est un monde en guerre perpétuelle, chaque joueur bataillant pour un des quatre royaumes. Chaque territoire fait l’objet d’une invasion plus ou moins avancée en fonction du nombre et du niveau des joueurs. Dans la pratique, on va de place forte en place forte pour agrandir son territoire en affrontant ce qui m’a tout l’air d’être les fantômes des autres joueurs (les unités adverses trahissent le comportement d’une IA). C’est vite barbant et je n’ai pas vu un seul instant la couleur de la dimension sociale du mode consistant à voter les grandes orientations, bénéficier de décrets royaux, etc. Le seul point positif de cette partie en ligne est qu’on peut contrôler jusqu’à 6 personnages au lieu de 4.
Dans le principe, on scelle une alliance avec l’un des quatre royaumes qui composent le continent de Grand Kingdom. L’alliance dure pour une durée limitée de batailles, à l’issue desquelles vous pouvez changer de seigneur-lige. Rompre une alliance en cours coûte en revanche énormément d’argent. Vous pouvez ensuite aller visiter la capitale en question et aller faire votre rapport au roi ou à la reine (les reines étant toujours beaucoup plus populaires que les rois). La forge est aussi disponible pour parfaire son équipement, et diverses boutiques vendent matériaux et équipement.