Pendant des décennies, les joueurs européens ont pesté contre les éditeurs de ne pas voir débarquer chez eux la plupart des RPG. Avec Final Fantasy VII sur Playstation, le grand public découvrit ce genre de softs si particulier puis au fil des ans, de plus en plus de RPG sont parus sous nos latitudes. En plus d’être traduits, beaucoup ont vu leur difficulté fortement baisser, citons entre autres Dragon Quest VIII ou Shin Megami Tensei III (Lucifer’s Call chez nous). Cet acte était nécessaire pour espérer toucher tous les publics et notamment les joueurs occasionnels. Pourtant, certains développeurs continuent de proposer des titres d’un autre temps. Atlus en fait partie.
Mieux connu au Japon sous le titre de Sekaiju no Meikyû, Etrian Odyssey vient étoffer l’impressionnant catalogue RPG de la Nintendo DS et redorer le blason des jeux de rôle en vue subjective. Les plus assidus d’entre vous se souviendront de Wizardry Asterisk sur le même support qui avait su nous décrocher quelques « larmes ». Atlus veut nous prouver avec cet Etrian Odyssey que le genre n’est pas mort. Il semblerait bien qu’ils aient raison…
Le jeu dont vous êtes le héros
Etrian Odyssey ne dispense pas de récit de départ ou presque. Un Labyrinthe se tient près de la ville d’Etria. Nul n’a encore réussi à en découvrir l’intégralité. Il reste un mystère pour tous, principalement en raison des nombreux monstres qui le peuplent. Vous débarquez à Etria avec pour idée fixe d’être le premier à le faire. Pour cela, vous devez en premier lieu constituer une équipe de guerriers. A l’instar des classiques du genre, plusieurs classes s’offrent à vous : Landsnknecht, survivalist, Protector, Dark Hunter, Medic, Alchemist, Troubadour, Ronin and Hexer. Ces noms ne doivent pas réellement vous parler, c’est normal : ils représentent les classes que l’on trouve en règle générale, c’est-à-dire guerrier, archer, chevalier, etc… Comme vous vous en doutez, il faudra bien choisir les membres de votre équipe sous peine de revenir assez vite du donjon la queue entre les jambes. Neuf personnages peuvent faire partie de votre troupe et cinq pourront prendre part aux combats.
Chaque classe a ses qualités et ses défauts. Le Medic est, par exemple, à mettre impérativement en deuxième ligne puisque ses actions se résumeront à guérir le groupe. Les survivalists se battent à l’aide d’archers, il est donc préférable de les disposer, eux aussi, en arrière, à l’inverse des protectors qui peuvent très bien assurer le rempart grâce à leur bouclier. Et oui, les noms n’ont pas été choisis pour rien, ils sont futés chez Atlus…
Au départ les personnages n’auront aucune capacité et débuteront vierges de toute expérience. Il leur faudra franchir les niveaux un par un pour espérer récupérer des skill points. Ils vous seront indispensables pour améliorer les caractéristiques de vos personnages mais aussi pour leur faire apprendre de nouvelles techniques. Ainsi, vous pouvez choisir entre HP Up, TP Up, Atk Up, … mais aussi sélectionner Healer, TrueShot, Mine et autres capacités propres à chaque job. Vous devrez façonner votre propre équipe et il est impossible qu’elle soit similaire à celle du voisin. Impossible de modifier le physique des combattants mais leurs caractéristiques sont entièrement personnalisables. De toute façon, l’abstraction des héros est des plus importante donc il est difficile de le regretter.
Mais où sont mes persos ?
Le système de combat est commun à la plupart des titres en vue subjective et a été repris des premiers Dragon Quest : des monstres en artworks et une équipe représentée par des cases en bas de l’écran. Il n’est donc pas question de voir la trogne de vos bambins, seuls les dessins dans les menus sauront vous rassurer quant à leur physique. Les affrontements se passent donc entièrement dans des menus, de vraies joutes verbales. Les combats surviennent à fréquence tout à fait raisonnable mais pour ceux qui trouveraient cela ennuyeux, des objets sont là pour diminuer leur nombre. Mais c’est bien le genre d’action fortement déconseillée. Et oui, l’allusion à la difficulté des RPG n’était pas anodine : Etrian Odyssey est un véritable jeu pour roublards du RPG.
Si vous trouvez les MegaTen ou même Final Fantasy III trop difficiles, alors gardez vos sous et n’achetez pas Etrian Odyssey. Ici, le moindre monstre est capable de vous mettre KO. Voir apparaître l’écran du Game Over seulement 15 minutes après l’insertion de la cartouche est normal. Les développeurs ont pourvu les héros d’une faible courbe de progression alors que les monstres frappent très forts, très vite dans le jeu. Boostage de personnages, bonne gestion des héros et surtout patience sont les maîtres mots de titre qui ne s’adresse réellement pas à tous les publics à l’inverse des RPG actuels. A noter que cette difficulté se stabilise, voire diminue au fil des heures. Seuls les plus courageux sauront donc l’apprécier à sa juste valeur et découvrir une pléthore d’éléments qu’ils auraient pu complètement rater.
Dessine-moi une carte
Le Labyrinthe d’Etria étant encore inexploré, il vous faudra en tracer la carte. Elle s’affiche durant toute votre progression sur l’écran du bas. Vous y voyez votre pion avancer et des cases se colorier. A l’aide de la palette de dessin située à droite de l’écran, ce sera à vous de faire les contours, de placer les escaliers, les coffres, portails et autres éléments du décor. Il est tout à fait possible de zapper cet élément du jeu mais ce serait fort dommage pour deux raisons. Premièrement, vous pourriez vous perdre à force si vous omettez de noter les entrées-sorties, par exemple. Et deuxièmement, il s’agit de la seule interactivité tactile offerte par Etrian Odyssey.
L’écran du bas ne vous servira pas seulement à dessiner la « map » mais aussi à afficher les menus. Très simples, ils contrastent avec la difficulté du soft, comme s’ils avaient été faits pour le joueur profane, découvrant les RPG. Je vous rassure, à l’inverse des combats, vous ne passerez pas beaucoup de temps dans les menus en cours d’avancée. Les seuls moments où vous irez réellement en « spéléo » dedans sera lors des passages de niveau et lorsque vous reviendrez en ville.
Un donjon, une ville. Voilà les seuls terrains de jeu. Dans cette dernière, vous pourrez vous rendre, via un menu, aussi bien à l’auberge, qu’à l’église, qu’au pub quérir une quête. Il est évidemment très important de choisir et ensuite réussir des quêtes pour remporter de l’argent et des objets. La monnaie du jeu n’arrive pas aisément dans les poches et elle part surtout étonnamment rapidement. Il faudra donc savoir économiser et s’économiser pour ne pas payer trop de frais à chaque retour en ville.
Réalisation en 3D ? en 2D ?
Il est légitime de se poser la question quand on regarde Etrian Odyssey. La réponse tombe assez vite : les deux. Le joueur se retrouve souvent embarqué dans des menus pour la navigation en ville ou pour effectuer les combats mais dès qu’il s’agit de progression au sein du donjon, la vue passant à la première personne, les décors chavirent en 3D. Nous n’avons certes pas affaire à la plus belle réalisation DS mais cela reste plus qu’honnête. Un léger clipping se fait sentir mais la gène est inexistante. Et il suffit de comparer Etrian Odyssey à Wizardry Asterisk,pour apprécier encore davantage sa réalisation.
Les parties en 2D n’ont pas à rougir non plus puisque c’est l’occasion d’admirer toute la splendeur du design et plus particulièrement celui des personnages. Les personnages sont superbes et avouons-le, le choix de départ, concernant la constitution de la troupe, se fera majoritairement sur des critères esthétiques. Le monsieur qu’il faut remercier pour cela se nomme Shigeo Kobayashi. Peut-être ce nom ne vous dit rien, pourtant, cet homme est responsable notamment du character design de Princess Crown. Autant dire que c’est loin d’être un débutant en la matière et cela se sent.
Et quitte à continuer dans les hommages, n’oublions pas Yuzo Koshiro. Il n’est plus utile de présenter le responsable des musiques de Street of Rage, Sonic the Hedgehog et Shenmue. Un très grand monsieur donc, qui semble au mieux dans ses baskets en nous offrant un remarquable travail nous rappelant, non sans émotion, les meilleurs moments de l’ère 16 bits.
Atlus a semble-t-il tout fait pour dégoûter les joueurs de son titre par son immédiate et permanente difficulté. N’espérez pas vous reposer tranquillement dans le donjon, sous peine de devoir reprendre votre sauvegarde dans la minute. Pourtant, les personnes désireuses de s’accrocher et de surmonter cette difficulté, dégressive je le rappelle, découvriront un titre bien plus profond et complet que prévu. Il s’agit en effet d’une aventure où tout est paramétrable, aucune partie n’est identique. Chose suffisamment rare dans les RPG pour être signaler. L’essentiel du titre se résume à faire du levelling à défaut de trouver un scénario recherché. A signaler qu’un code est fourni en fin d’aventure pour commencer Etrian Odyssey II en tenant compte de la première aventure, chose uniquement possible en japonais et américain malheureusement. Etrian Odyssey est bel et bien sorti sous nos latitudes, en français qui plus est, mais pas ses suites. Avis aux amateurs.