Console de casual gamers, la Nintendo DS ne cesse de proposer sa tripotée de jeux non destinés aux joueurs d’antan, à ceux qui ont fait le chou gras de Nintendo pendant des décennies. Rares sont les titres en mesure de concilier ces grands débutants et ces ancêtres du jeu vidéo. Pourtant, cette tâche, au premier abord difficile, avait été accomplie par certains titres aux concepts simples mais accrocheurs, souvenez-vous de Tetris, Space Invaders et surtout Arkanoïd. Les petits français d’Arkedo (notez bien le nom…) se sont dits la même chose et ont tenté de dépoussiérer le sacro-saint principe d’Arkanoïd en l’adaptant à la console du plombier. Il fallait être culotté pour relever le défi. Heureusement, ils sont français.
Nervous Brickdown contient dans son titre tous les éléments nécessaires à la bonne compréhension de son principe. Il faut croire que les développeurs ont réussi à trouver le titre parfait pour ce soft si rafraîchissant. Les anglophobes ne saisiront absolument rien, les plus futés noteront le Brickdown. Il est ardu de faire plus explicite : des briques qu’il faut faire tomber. Pour cela, le joueur dispose seulement d’une barre et d’une bille. Face à ce duo infernal, une ribambelle de briques, de toutes formes et consistances, s’affichent pour être détruites. Le but du jeu est tout simplement de maintenir la bille dans l’aire de jeu jusqu’à ce qu’elle fasse disparaître l’intégralité des briques. Bref, le concept d’Arkanoïd de bout en bout… sauf que cela n’aurait pas été drôle si nous avions dû assister à un vulgaire copier-coller. Quelle est la différence ? Tout est dans le Nervous.
Vous n’avez plus affaire à des tableaux de grilles statiques dans lesquels il faut obligatoirement répéter des schémas de jeux similaires pour espérer passer au niveau suivant. Ici, dix environnements s’offrent à vous, seulement deux au départ. Ce sera à vous, à force de détermination et au fil de votre progression, de découvrir les suivants. Et à hauteur de dix niveaux par monde, sans compter les boss de fin, vous allez cravacher sévère pour en voir le bout. Eh oui, votre avancée vous fera rencontrer des gardiens, exclusifs au contexte et bigrement originaux, dont il faudra observer les faits et gestes pour finalement découvrir le point faible de l’énergumène. Mais cette touche d’originalité s’adresse également aux dix univers de jeu. Si le premier est une réplique du casse-briques classique que l’on connaît tous, les autres démontrent toute l’inventivité des petits gars d’Arkedo. Du monde en papier mâché, en passant celui où vous dirigez un sous-marin – comme sur Game & Watch – sans oublier celui envahi par les fantômes où votre souffle sera fortement sollicité pour ouvrir le chemin à la baballe farceuse, il faut reconnaître que la diversité répond bel et bien présente et, chose étonnante, ne s’essouffle pas avant de très longues heures de jeu.
Car si vous accrochez au principe archaïque du titre (il y aurait-il une analogie ?), alors vous risquez d’être parti pour des dizaines d’heures de jeu intenses. Surtout que le nombre de bonus déblocables est assez considérable, à tel point que cela aura pour effet de faire tourner la tête à plus d’un joueur, tout comme la difficulté de certains tableaux. Argument de vente à double tranchant, la robustesse de la durée de vie plaira aux plus courageux et découragera les habitués des licences Nintendo. Le subtil jeu de mot présent dans le titre n’est pas là pour rien, croyez-moi. C’est pourtant tellement bon de retrouver un jeu capable de vous résister. Et c’est sans compter, qui plus est, sur la présence du mode multijoueur qui saura vous maintenir un moment en haleine. Il propose en effet à deux personnes de coopérer sur un même tableau, et ce avec une seule et unique cartouche. La vie est belle, peu chère et surtout pleine d’insultes en tous genres quand votre coéquipier manquera de spontanéité et de réflexes. De quoi justifier des soirées Nervous Brickdown entre amis et collègues sans l’ombre d’un problème.
Étonnante également que cette bande son. Toujours adaptée au monde, en accord avec l’environnement, elle saura vous accompagner de la meilleure des façons. L’ambiance distillée dans Nervous Brickdown est posée en grande partie grâce à la justesse de ses compositions et de ses bruitages. Il s’agit bien là du point qui finit de parachever l’excellent tableau que les frenchies d’Arkedo ont su nous proposer. Dans le paysage vidéoludique de la Nintendo DS, Nervous Brickdown se pose d’emblée comme un incontournable de par son fun et sa façon inédite de revoir le casse-briques. Que le titre soit français, en fait un objet de fierté, c’est certain.
Vous ne l’attendiez certainement pas aussi réussi et pourtant, Nervous Brickdown arrive à déterrer un vieux concept et à en faire un flambant neuf. Voilà donc une surprise à laquelle nul n’était réellement préparé. Si vous avez pris le temps de lire le test dans son ensemble, vous êtes désormais au courant des évidentes qualités du titre, pourtant il en est une mentionnée nulle part sur cette page : son prix. Vendu à petit prix dans n’importe quelle boutique, le jeu n’a plus aucune raison de rester sur les étalages plus longtemps. Faites vous donc plaisir, à vous et à votre console : offrez-vous Nervous Brickdown.