Plus connu à sa sortie sous son nom américain, à savoir Feel the Magic XY/XX, Project Rub de Sega en a étonné plus d’un. A chaque lancement de console, il y a un ou deux jeux qui se détachent du lot, ces mêmes jeux sont ceux qui justifient le plus, en général, l’achat de la console. La DS proposait Super Mario 64 DS, qui était le gros soft du line-up. Nintendo misait beaucoup dessus mais il a fallu compter sur la participation de Sega aussi. Plein de bonnes idées et premier jeu exploitant réellement les fonctionnalités de la console, Project Rub est, encore maintenant, une valeur sûre.
Un monde ombragé…
La première chose qui choque lorsque l’on découvre Project Rub, c’est bien entendu son style graphique. Alors que des sociétés se cantonnent à exploiter de mieux en mieux la 3D (grand bien leur fasse), d’autres tentent d’innover dans le design. Nintendo a opté dans Wario Ware pour un style simple, voire simpliste ; la Sonic Team a préféré un design épuré mais classe.
Rappelez-vous de la révolution qu’avait apporté Jet Set Radio à l’époque de la sainte Dreamcast. Sega avait apporté un vrai vent de fraîcheur à la 3D en créant ce style complètement à part, moult fois copié depuis, même par Nintendo (Wind Waker). Ici, l’équipe de développement a opté pour une autre approche, mais tout aussi nouvelle, les ombres.
Celles-ci subjuguent, c’est évident, et permettent au joueur de faire appel à sa dose d’imagination, rarement plébiscitée dans les jeux de nos jours. Ici, les personnages ne sont constitués que de vêtements sommaires et de formes noires. Ne cherchez pas un visage, il n’y en a pas, vous n’aurez à faire qu’à des faces noires, dénuées d’émotion… enfin, c’est ce que l’on pense la première fois mais très vite, une fois le jeu lancé, on se rend compte à quel point les émotions sont merveilleusement bien véhiculées. Project Rub est une histoire d’amour. Eh oui, les développeurs de chez Sega ont réussi à allier une succession de mini-games à une aventure romantique. « Sega, c’est plus que fort que toi », vous vous souvenez ? Si devant Sonic Heroes on a des doutes, ici, ils sont complètement dissipés. Le design choisi va à ravir et on se surprend à trouver les personnages ô combien expressifs. Paradoxe ! Par ses traits épurés, le jeu arrive à faire vivre, de façon particulièrement réaliste, ses héros. A les rendre humains. Si l’on parle des différents mini-jeux possibles, il va sans dire que l’imaginaire a pris le devant sur la réalité.
Vous pensiez être doués en amour ?
Project Rub se décompose en 18 chapitres, 18 scènes comme il est dit dans le jeu. Durant ces dernières, vous devrez conquérir votre dulcinée. Vous partez de rien (la simple promenade dans la rue) et vous devez vous fiancer avec à la fin. Autant dire qu’il y a du chemin à faire avant de réussir. Un mini-jeu par chapitre ? Oui et non. Vous en aurez par moment un seul, d’autres fois plusieurs. Cela varie selon le scénario. Certaines fois, l’histoire n’imposera pas un jeu en particulier, ainsi les développeurs vous en propose plusieurs à remplir. Dans ce cas, vous n’êtes pas obligé de tous les réussir. Il suffit de remplir un compteur d’amour
Étalé sur une surface de 100, le cœur (= le compteur) symbolise le taux de gaieté de la demoiselle. Arrivé à 100, le chapitre est réussi. A chaque mini-jeu remporté, l’aire se remplit. Si vous réussissait le jeu sans perdre de vie, il se remplit d’autant plus. Vous pouvez même ne faire qu’un seul game pour le remplir (en le recommençant). L’essentiel est d’atteindre la limite.
Comme dit plus haut, certains chapitres ne nécessiteront qu’une réussite à un unique jeu, mais celui-ci est, en général, plus long que les autres. Attention, je n’ai pas dis plus dur.
Bref, vous aurez affaire à plus de 25 mini-games qu’il faudra réussir pour progresser. Il est tout à fait possible d’y jouer indépendamment de l’histoire dans le mode « memories » qui sera sûrement le mode auquel vous toucherez le plus après avoir retourné Project Rub dans tous les sens. Mais entrons maintenant dans le vif du sujet : le jeu en lui-même.
Et que ça frotte !
Vous pensez bien que le nom de Project « Rub » n’a pas été mis au hasard, hein ? Vous utilisez les différentes fonctionnalités de la console pour remplir les jeux. Selon le mini-game, la tâche ne vous demandera pas d’utiliser l’écran tactile de la même façon.
En effet, vous aurez de nombreux jeux tels que Bull (tuer 100 taureaux), Parachute (taper sur une calculatrice le plus vite possible les nombres qui apparaissent à l’écran) ou encore Dance (un remake de Bust-A-Groove) dans lesquels il suffit de tapoter sur son écran. La précision est de rigueur sinon vous êtes bon pour perdre une vie sur les trois allouées.
Vous trouverez les jeux utilisant le micro. Il s’agira de souffler le plus possible (Candle), le plus soigneusement possible (Yacht) ou crier le plus fort possible (Microphone). Remarquez, pour le dernier jeu, on préfère souffler plutôt que crier, histoire de ne pas paraître pour un déséquilibré auprès de ses voisins…
Pour en revenir à l’idée de départ, c’est-à-dire frotter, vous trouvez également Antlion (sauver des hommes de sables mouvants et d’un scarabée géant), Seeker (trouver le bijou que la demoiselle a perdu…) ou Cart (enlever des boules d’épines sur le chemin de petits bonshommes dévalant une pente en caddie…).
Je finirais en vous parlant des jeux de précision qui vous demandent un doigté bien meilleur encore que dans ceux cités précédemment. Ici, il faudra emmener d’un point A à un point B un monocycliste (ça existe ?) perché sur une corniche (Monocycle), nettoyer le bras de votre amoureuse sans la gêner (Clean up) et pour finir dans les exemples buter les scorpions qui lui grimpent dessus (Scorpion).
Tous ces jeux, aussi variés qu’ils soient, offrent un gameplay différent et un plaisir unique. Selon les affinités de chacun, certains seront préférés à d’autres, c’est inéluctable, mais il est difficile d’en donner un lourd et peu amusant. Il y aurait peut-être les combats contre les boss qui sont plus ou moins durs, mais nécessaires à l’histoire, donc on pardonne. Et puis des affrontements contre des boss se doivent d’être plus difficiles que les autres.
Vous allez faire plaisir à votre DS… un peu.
Voilà le seul réel souci du jeu : sa durée de vie. Le jeu est aussi bien qu’il est court. Vous mettrez 4-5h la première fois pour terminer le mode story en normal. Bien sûr, après d’autres niveaux de difficulté viennent s’ajouter mais encore faut-il adorer refaire le même jeu plusieurs fois de suite. Petit réconfort : la possibilité de choisir le physique de la fille que le héros convoite. Rien de très poussé mais au moins la coiffure, le vêtement, les chaussures. Remarquez, ce sont les seules choses qui ne sont pas représentées par une ombre… Les possesseurs de jeux Sega sur GBA (Sonic Advance par exemple) seront heureux d’apprendre qu’en insérant les dites cartouches dans la DS, des costumes se débloqueront. Petit bonus qui fait toujours plaisir.
Avec Project Rub, la Sonic Team a montré les nombreuses possibilités qu’offrait la Nintendo DS. En utilisant aussi bien le micro que l’écran tactile, il s’agit du jeu, appartenant au line-up, qui a le plus démontré l’innovation que pouvait apporter la console au domaine du jeu vidéo. Peut-être que la console n’aurait pas eu un succès si immédiat si Project Rub n’avait pas été si original et plaisant. De part son style unique et réellement novateur, il s’impose parmi les softs indispensables de la Nintendo DS.