Sorti en 2006 sur une Game Boy Advance en fin de vie, Rhythm Tengoku avait marqué les esprits des joueurs japonais et des amateurs d’import avec son concept simple mais efficace et sa bonne humeur à ne plus savoir qu’en faire. Nintendo n’était pas spécialement chaud à sortir cet épisode hors de l’archipel japonais et n’a pas failli à sa réputation. Deux ans plus tard, la Nintendo DS bien installée dans les foyers, la société a décidé de retenter le coup avec une suite directe et d’en faire profiter cette fois ci le monde entier.
Tenant sa console comme un livre, le joueur est amené au travers d’un bon paquet de niveaux à mettre son sens du rythme à l’épreuve en tapotant, glissant ou maintenant son humble stylet sur l’écran tactile. Sous oublier de suivre le tempo de la musique en s’aidant des éléments qui bougent en harmonie sur le second écran. Contrairement à Osu! Tatakae! Ouendan, il n’y a pas de zones à frapper, ni de formes à dessiner, seul compte le geste rapide et aiguisé d’un professeur de mathématiques corrigeant des copies à la volée. Le tout est de bien réaliser la bonne action au bon moment et de bien enchaîner en respectant un timing très précis. Chaque niveau est précédé d’un petit entraînement qui permet de s’imprégner des commandes demandées. Ce gameplay très simple n’est pour autant pas synonyme de facilité, comme nous le verrons plus loin. La performance du joueur est notée selon plusieurs appréciations: « Essayez encore… » si il s’est vautré comme une merde, « Vraiment OK » et « OK » si il a plutôt bien réussi son coup, et « Super » si il a fait un quasi sans faute, voir un perfect. De ce côté là, il n’est pas aisé de comprendre comment le jeu juge notre prestation, tant celui-ci se montre très strict ou bien trop laxiste sur certains passages d’un morceau. Mais une chose est sûre, le moindre enchaînement d’erreurs, surtout dans les passages jugés faciles, donne souvent le droit à recommencer le niveau avec la petite phrase bien sympathique qui va avec. Les avis positifs permettent de passer au morceau suivant, et si le joueur a vraiment beaucoup de mal, le jeu peut l’aider à avancer.
Plus l’on débloque de nouveaux mini-jeux, plus la difficulté augmente de manière exponentielle et moins les aides sonores et visuelles sont présentes. Normal me direz vous, mais souvent l’écart entre certains levels est vraiment énorme, et rend le jeu assez frustrant. Mais à force de s’entraîner, et ainsi de mieux cerner la musique et les « coups » demandés, on arrive à progresser avec plus ou moins d’encombres. Les contrôles au stylet répondent plutôt bien, même si la précision des boutons n’est plus à prouver, mais nous sommes sur Nintendo DS après tout.
Réaliser un « Super » permet de gagner des médailles nécessaires pour déverrouiller des jeux infinis, où les fans de scores de malades pourront noyer leur soif, ainsi que des jouets rythmés, sortes de gadgets où l’on pourra s’amuser quelques instants ou plusieurs minutes… Qui ne s’est pas déjà amusé avec un téléphone à touches musicales? Parfois, le jeu nous invite à réaliser un « Parfait » sur un niveau: il s’agira, comme son nom le laisse suggérer, de réaliser un sans faute sur un mini-jeu, la moindre bourde obligeant à tout recommencer. Outre le fait d’apporter une certaine fierté personnelle, cette ultime récompense permet de débloquer des musiques et autres goodies en rapport avec cet univers franchement décalé. Boucler l’ensemble du jeu demandera beaucoup de temps et d’investissement auprès du joueur, et la replay value est plutôt bien assurée grâce aux nombreux jeux à scoring.
Niveau réalisation, Rhythm Paradise s’habille de la même charte graphique que son aîné avec le même impact visuel. A contrario d’un WarioWare Inc. et de son côté volontairement grossier, le design très simple et enfantin des personnages et des quelques décors est particulièrement soigné et prête toujours à sourire tout en participant activement à l’ambiance bien japonaise que dégage le titre. Il est par contre dommage que cette mouture DS soit beaucoup moins barrée que la version Game Boy Advance, qui proposait des mini-jeux vraiment absurdes, l’oignon en tête d’affiche. La partie sonore est à la hauteur de ce qu’on pouvait attendre du célèbre Tsunku♂, producteur et compositeur connu pour être derrière Hello! Project, ce fameux collectif d’idols japonaises (Morning Musume et Aya Matsūra en tête). Musiques de qualité, variées, délirantes et carrément dans le ton, elles ne manquent pas de rester en tête une fois la console éteinte. Nintendo, pour la distribution hors du Japon, a doublé toutes les musiques chantées dans les diverses langues du globe, dont le français, pour un résultat assez convaincant, même si on aurait aimé la possibilité de choisir la bande son nippone.