Dans le domaine de la course automobile arcade, totalement indissociable des années 90, Sega et Namco furent les maîtres incontestés du genre, avec des titres considérés aujourd’hui comme des classiques tels que Virtua Racing, Daytona USA ou encore la série des Ridge Racer. On sent pourtant que depuis le début du millénaire, et surtout une dizaine d’années, le cœur n’y est plus vraiment : Namco a abandonné les Ridge depuis les affreux égarements qu’ont été les épisodes Unbounded et PlayStation Vita, et Sega n’assurera pas de véritable continuité à ses séries phares, mis à part quelques faits comme l’excellent portage Switch – signé M2 – de Virtua Racing, ou un nouvel épisode de Daytona qui restera une exclusivité arcade. Plus globalement, tout le monde, public comme développeurs, semblent perdus dans des hybrides peu convaincants où l’on semble vouloir systématiquement mêler open-world, vitesse et dérapages irréalistes, et pourquoi pas des cascades à la Burnout. Cette série d’ailleurs, ainsi que celle des Need for Speed, en fait les frais, et c’est bien dommage. Pourtant tout ce que l’on demande, c’est de la course dans son sens le plus pur, sans prise de tête, aussi bien exigeante « qu’arcade » dans son gameplay. Fort heureusement, les équipes derrière Hotshot Racing, eux, l’ont bien compris.
Pour cette création conjointe entre Lucky Mountain Games et Sumo Digital, la première chose qui interpelle, plus que le jeu en lui-même, c’est bien son visuel, logiquement mise en avant dès le lancement d’une partie, et plutôt originale pour une catégorie habituée plus que tout au réalisme, malgré sa criante mais justifiée inspiration : Hotshot Racing veut en effet rendre hommage au genre, mais aussi au style graphique du début des années 90, où les systèmes System 21 de Namco et Model 1 de Sega signèrent l’entrée fracassante dans la troisième dimension dans les salles d’arcade, avec des titres tels que Starblade ou Virtua Racing. Aujourd’hui, on pourrait qualifier ces graphismes de rudimentaires, car quelque peu carrés et peu texturés, mais mine de rien, cette patte a toujours quelque chose de fascinant et d’assurément rétro. On est dans du low-poly, mais nous n’avons pas pour autant la volonté de faire du 100% authentique en s’imposant de fausses limites techniques comme un framerate, une distance d’affichage ou un nombre d’éléments affichés à l’écran comme à l’époque. Ici, les décors fourmillent de couleurs, détails et effets visuels, et le jeu tourne parfaitement sur n’importe quel support, de la Switch au PC, à soixante images par seconde au minimum. Et ça donne particulièrement bien.
Mais les graphismes ne faisant jamais tout, abordons le gameplay. Ici pas de chichi : aucun open-world ou de carrière avec dialogues à rallonges et personnages insipides, mais bien une simple poignée de modes avec la simple proposition de participer à des courses en compagnie d’adversaires prêts à en découdre. Le mode principal, c’est le Grand Prix, où il nous est proposé pas moins de cinq championnats comportant en leur sein quatre courses pour quatre ambiances différentes (simplement appelées “Côte”, “Jungle”, “Désert” et “Montagne”), avec plusieurs choix de difficultés qui influencent vitesse générale et agressivité de l’IA, pour pimenter un peu tout ça. Ces pistes seront également utilisées pour les autres options du titre, avec entre autres du Time Attack et un mode poursuite.
Pour ce qui est de la conduite, point de grosses surprises, puisque l’on se rapproche des derniers Ridge Racer, tout s’articulant autour de contrôles simples à prendre en main et la maîtrise des dérapages, indispensables pour grappiller des places sans perdre de vitesse et notamment nécessaires à l’obtention de boosts de nitro. Comme pour la série de Namco, une bonne connaissance de son véhicule et des tracés sera plus que recommandée. Les sensations sont grisantes, c’est parfaitement maniable, et les petites subtilités classiques du genre (départ en trombe, aspiration, chocs pénalisant la montée de la nitro) sont les bienvenues. Et pas de takedowns ou armes pétées : uniquement et simplement de la course.
Les véhicules, comme l’ensemble du contenu global proposé par Hotshot Racing, n’a pas de quoi rougir face aux ténors du genre. Pour chaque mode de jeu, qu’il soit en ligne ou non, on pourra accumuler pas mal de biffetons qui pourront par la suite être dépensés non pas dans l’achat de nouveaux véhicules mais plutôt d’éléments de customisation, avec notamment des couleurs, volants, ailerons, bas de caisses alternatifs. Et c’est purement esthétique. Aucune influence sur les performances des machines. A en croire les succès, il doit en avoir pas moins de 700 à récupérer pour l’intégralité du garage, ce qui fait plutôt de quoi faire, même si l’on aurait aimé pouvoir se procurer des engins par le même moyen autrement que de les avoir directement à disposition dès le départ, ce qui n’est pas sans rappeler Mario Kart 8 Deluxe sur Switch, soit dit en passant. En conséquence, cela pourra rapidement pousser celles et ceux qui ont bouclé l’intégralité des championnats à ne pas remettre le couvert pour des affrontements supplémentaires. D’autant plus que les courses en elles-mêmes sont étonnements courtes, les circuits ne dépassant que rarement une minute par tour, et que pour l’instant, de base, les championnats ne proposent pas de version miroir.
Pour les personnes les plus motivées par contre, on peut affirmer qu’Hotshot Racing proposera du challenge, avec ses nombreux modes, jouable en solo, en local jusqu’à quatre joueurs, et huit en ligne, en plus d’une IA particulièrement affreuse – mais pas impossible – en expert. Maîtriser l’ensemble des véhicules et en débloquer tous les éléments de customisation demandera du temps, surtout certaines caisses ne semblent pas toujours équilibrées côté vitesse / accélération / dérapage, si bien qu’avec certains conducteurs, on se (re)trouvera étrangement à la traîne. Après, le duo de développeurs est fortement à l’écoute de la communauté, et n’hésite pas à apporter régulièrement des modifications afin d’en améliorer l’expérience déjà solide et fun, y ajoutant même, dans la dernière mise à jour en date de cet article, un nouveau championnat ainsi qu’un mode de jeu supplémentaire. On approuve ce genre d’initiatives !