Bon nombre de développeurs ont apporté leur pierre à l’immense et rythmé édifice que constitue le jeu musical, genre unanimement apprécié de nos jours, et dont la liste des classiques s’agrandit petit à petit, en plus d’accueillir de plus en plus d’outsiders plutôt originaux. Overpass, qui va nous occuper aujourd’hui durant quelques paragraphes, rentre parfaitement dans cette catégorie, et pour le coup, mérite bien une introduction poussive (et peu inspirée) et quelques octets d’espace sur l’internet mondial pour en aborder tous les atouts.
Conçu avec un amour certain des choses bien faites par Studio Bean et sorti en août 2019 sur PC uniquement (du moins au moment de la publication du présent article), Overpass ne s’attarde guère à mettre en place une quelconque histoire ou protagonistes pour s’attaquer directement au jeu, avec, pour se mettre en appétit, le mode « Découverte » et son tout premier niveau, qui permet de cerner bon nombre d’aspects de ce jeu musical. Son inspiration, tout d’abord. Le développeur cite de nombreux voyages en véhicule à écouter de la musique tout en regardant défiler le paysage, ainsi, en référence non négligeable, le monumental clip de Michel Gondry pour le Star Guitar des Chemical Brothers (remerciement personnel à feu l’Alternative sur M6), avec ses décors qui se calquent à la rythmique de la musique électronique du groupe anglais. Partant de cette base, il est simple d’imaginer le gameplay d’Overpass, si simple que le titre ne s’embête avec une page de tutoriel pour directement passer à la pratique avec le premier niveau. Toute personne ayant joué à n’importe quel Benami ou Guitar Hero ne sera pas perdue : nous nous déplaçons automatiquement sur une sorte de tapis où apparaissent, selon le rythme de la musique, des balises qu’il faudra valider quand elles passent dans l’œil affiché en haut de l’écran. Pas de difficulté à noter quant au nombre de celles-ci, puisqu’elles correspondent aux positions gauche, milieu et droite. Certains niveaux proposeront des sections où l’on devra maintenir la touche d’action et se déplacer sur une ligne définie. Pas de grosses surprises donc, mais une subtilité de taille : si la musique est suivie, visuellement, la perspective viendra ajouter son grain de sel.
Les balises sont en effet disposées à différentes hauteurs sur le décor et non sur un axe fixe, bien défini. Il faudra donc avoir les yeux partout et, pour certaines pistes, pas mal d’essais pour voir qu’au détour d’un pont ou d’un arbre, il y avait quelque chose de caché. Si bon nombre d’indications visuelles permettent de s’en sortir, et que le rythme de la musique aide énormement, Overpass devient rapidement un titre ardu et exigeant sur les pistes avancées, les musiques s’accélérant et comportant davantage d’éléments à valider. Heureusement, Studio Bean a particulièrement bien pensé son jeu : outre de nombreuses options d’accessibilité permettant d’adapter son expérience (nombreux modes de contrôle, désactiver le fait d’altérer le son en cas de raté, agrandir les balises, etc…), il est également possible de débloquer, via l’obtention de points, des ajustements visuels et de jeu donnant un vrai coup de pouce pour se débloquer d’un niveau retord pour passer au suivant. Overpass est, d’autre part, pas exempt en contenu. Le mode « Découverte », découpé façon Outrun, propose plusieurs embranchements pour une totalité d’environ 30 niveaux, avec, on se gardera d’en révéler les tenants et aboutissants, un certain nombre de pistes cachées, et pas mal de façons d’augmenter le challenge, qu’il s’agisse d’options déblocables ou de petites subtilités que l’on remarquera après une poignée d’heures de pratique. Simple à comprendre, mais difficile à maîtriser, le jeu de Studio Bean s’avère savamment addictif pour toujours retenter et y revenir de temps en temps. De plus, en plus de modes supplémentaires, le titre est livré avec un éditeur plutôt complet, permettant d’importer une musique, réaliser un niveau et le publier sur la communauté du jeu. Sympa !
Il est également difficile de passer à côté de l’esthétique générale du titre, fusion parfaite du visuel et du sonore. Pour le premier, les inspirations low-poly avec un soupçon de synthwave est un vrai régal pour les yeux et un voyage onirique quelque peu trippant. On pourra regretter que le moteur semble avoir un peu de mal à tourner durant certains sections, où le framerate chute inexplicablement alors que les paramètres d’affichages sont au plus bas alors que l’on possède une machine en somme toute honnête qui mange du 144 FPS sans broncher. Heureusement, pas d’impact sur le gameplay. Pour la session musicale, Studio Bean s’est associé avec l’artiste américain Makeup and Vanity Set, qui offre ici une magnifique bande-son, parfaitement adaptée à l’ambiance du jeu – enfin, qui la constitue en grande partie – pour des compositions à tendance electro/synthwave/dreamwave du plus bel apparat, pour des moments on va dire plutôt magiques, avec de nombreuses variations collant à la difficulté du moment. Ça pulse, ça plane, ça calme, bref c’est superbe, et de quoi assurément revenir le temps d’une petite session pour arrondir un score. Notons sa pochette, pourrait servir d’une base de départ à un lore officiellement inexistant… A moins que ?