connue que sa concurrente pour son catalogue de RPG, la Megadrive n’en reste pas moins un paradis pour les bons titres. Shining Force, Phantasy Star, Soleil et consorts ont su nous émouvoir du haut de leurs 16 bit. La Super Fighter Team, fondée par Brandon Cobb, américain passionné et rêveur, a décidé qu’il était dommage que certains jeux made in Taiwan restent dans l’ombre de leur marché. C’est pourquoi plus de quinze ans après sa sortie originale, Legend of Wukong connaît enfin une adaptation occidentale, entièrement localisée de surcroit. Il serait bien dommage de bouder notre plaisir…
Wukong est un jeune homme absolument comme les autres, au voisin, quant à lui, plutôt excentrique. Le docteur Tang est en effet un scientifique qui vient de faire l’une des plus grandes découvertes de l’histoire en créant la première machine à remonter dans le temps. Fier de lui, il présente l’appareil au jeune Wukong qui s’empresse de le mettre en route. Et tandis que le Dr Tang est sur son petit nuage, la machine à voyager dans le temps se volatilise avec à son bord Wukong. Ce dernier se réveille en pleine Chine antique et aperçoit un démon s’emparer de la machine. Wukong n’aura alors de cesse de le poursuivre afin de rentrer à son époque. Sur son chemin, il croisera Pigsy, un jeune garçon porcin jugeant son physique ingrat, et Wuking une fille fort habile au sabre dont la famille a été décimée par les démons. La fine équipe pleinement constituée dès le deuxième chapitre, devra en traverser quatre supplémentaire avant de mettre fin à cette aventure venue tout droit d’Asie…
Legend of Wukong n’est pas à proprement parler un jeu original. Faisant partie des premiers RPG parfaitement originaux sortis sur le marché 16bit chinois, il se permet de reprendre les grands principes des cadors du genre : système de combat au tour par tour, équipements améliorant trois domaines de compétences (force, défense, vitesse), schéma village-donjon-boss, carte du monde et pnj indispensables pour avancer. Gamtec a donc bien appris ses leçons auprès des RPG japonais, sans pour autant en extraire toute l’essence. Si le principe est rigoureusement le même, il le reste malheureusement jusqu’à la fin des vingt-cinq heures de jeu. A aucun moment les développeurs n’ont essayé de renouveler l’histoire en intégrant soit une phase de gameplay nouvelle ou tout simplement des rebondissements dans l’histoire. Les chapitres se succèdent et se ressemblent tous. Il s’agit inexorablement de parler aux habitants des villages, se débarrasser du démon local, voire d’enchainer un autre petit donjon pour la forme, et de faire un peu de level up. Cette dernière partie est d’ailleurs absolument vitale en début de partie sous peine de voir Wukong succomber à chaque affrontement. La difficulté est en effet corsée au cours des premières heures de jeu, avant de devenir proche du néant à compter du quatrième chapitre. Même si la Super Fighter Team a réajusté la difficulté, en créant de nouvelles magies et équilibrant les dommages, ils n’ont semble-t-il pas pu tout réajuster.
C’est d’autant plus dommage que la monotonie s’installe réellement dans Legend of Wukong, au point de laisser les combats en automatique. A chaque début de round, il est possible de donner des ordres à ses combattants ou de les laisser frapper un ennemi jusqu’à trépas. Les actions possibles sont les bien connues Attaquer, Magie, Objet et Fuir. Rien de plus, rien de moins. Autant dire que Legend of Wukong fait dans le minimaliste et l’archaïque, ce qui est vérifié au travers des interfaces qui se veulent aussi austères que celle des premiers Dragon Quest. Heureusement la Super Fighter Team a réalisé un petit guide comparatif des armes et armures dans le manuel d’utilisation, rendant l’achat d’équipement moins piégeur. A ajouter à cette langueur une bande son composée de tout au plus d’une dizaine de musiques. Et si leur côté oriental assez sympathique fait sourire les premières heures, il sera difficile de conserver le son activé jusqu’en fin d’aventure, préférant d’autres Original Sound Track ou podcasts…
Sur le papier, le titre de Gamtec a vraiment tout pour déplaire, pourtant il est difficile de ne pas avoir de la sympathie pour cette petite production qui nous arrive des années après grâce à un fabuleux travail de la Super Fighter Team. Un travail de « debugging » comme abordé plus haut et surtout un travail d’adaptation. Car si le scénario n’est peut-être pas renversant d’originalité, il a été amélioré et surtout complété par des dialogues marquant davantage la personnalité des protagonistes. Brandon Cobb, fondateur de la SFT, s’est occupé de rendre les dialogues plus attractifs et humoristiques. Sans compter que le packaging du jeu a été extrêmement soigné reproduisant les boîtiers Genesis de la fin de vie de la console, avec son livret couleur et sa cartouche dézonée. Même s’il est nécessaire de lutter en fin d’aventure pour ne pas laisser tomber en raison d’une routine assez lourdingue et de nombreux bugs, les joueurs que nous sommes auront du mal à ne pas se prendre au jeu pour remercier les passionnés qui ont rendu l’adaptation du jeu possible.
Legend of Wukong ne peut donc pas prétendre à apparaître sur le podium des RPG Megadrive. Il n’en a ni la carrure ni les moyens. Sa jolie réalisation ne peut faire oublier son rythme insolemment monotone et son manque d’originalité, ainsi que sa bande son difficilement supportable après vingt heures. Pourtant, le capital sympathie que l’on acquiert petit à petit finit par nous faire dire qu’il mérite tout de même une place de choix dans nos ludothèques. Pas de médaille donc mais tout de même un prix du jury.