Tandis que la Neo Geo est habituée à la baston et aux shoot’em up, Data East décide de sortir complètement des sentiers battus avec un titre au concept presqu’inédit : Windjammers (Flying Power Disc en version japonaise). Un jeu de frisbee. Audacieux concept mais finalement pas si inintéressant que cela pour de l’arcade. Disponible à la fois en borne et sur console de salon, que ce soit cartouche ou CD, Windjammers surprend tout le monde et il faut bien avouer qu’il y a de quoi.
Windjammers nous met dans la peau d’un des six compétiteurs. Japonais, Anglais (Coréen si vous jouez sur une console occidentale), Espagnol, Italien, Allemand et Américain. Les deux premiers correspondent aux débutants, les deux suivants à des joueurs intermédiaires pendant que les derniers sont destinés aux joueurs chevronnés. Ils ont en effet chacun leurs propres caractéristiques, plus ou moins orientées vitesse ou puissance. Les effets donnés au frisbee ne seront pas les mêmes selon. Une fois votre choix fait, il s’agira d’affronter les six concurrents (nous-même compris) d’affilée, avec une difficulté croissante. Si le mode easy porte bien son nom, les modes medium, hard et MVS constituent une autre paire de manche, surtout en raison d’un nombre limité de crédits. Mais cela ne nous en dit toujours pas davantage sur les mécaniques de gameplay.
Celles-ci se révèlent être à la fois simples et incroyablement complexes. Simples car elles ne reposent que sur deux boutons : A pour envoyer le frisbee, B pour effectuer un lob. En mode défensif, A permet d’effectuer une glissade, et ainsi aller plus vite pour rattraper le frisbee. Une prise en main optimale donc. Mais ces deux touches sont complétées par les directions du stick analogique et notre timing. Ainsi, une pression au moment de toucher le frisbee effectuera un contre rapide, se positionner dans son axe d’arrivée en avance permet d’effectuer une super attaque. Propre au personnage, elle constitue une véritable plaie pour l’adversaire qui doit deviner sa nature et sa direction. En effet, les combinaisons de touches, à savoir directions et A ou B, sont également valables pour ces techniques réellement dévastatrices. La meilleure façon de les contrer viendra de l’expérience du joueur puisqu’elles s’apprivoisent au fil des parties. Tout cela dans quel but ? Envoyer le frisbee dans les filets, à l’arrière de votre adversaire. Ceux-ci sont découpés en deux zones, 3 et 5 points. La partie se joue en 15 points, pendant 45 secondes (12 points et 30 secondes sur des consoles occidentales). Autant dire que le temps passe vite, très vite et la moindre erreur se paie cache. Mais ce n’est pas tout, puisque le frisbee n’est pas obligé d’être envoyé de manière rectiligne, il peut tout à fait être « brossé » comme diraient nos amis footeux, autrement dit envoyé avec effet, et surtout envoyé sur les deux murs perpendiculaires aux buts pour y rebondir. Et presque toute la stratégie du jeu repose sur la gestion des rebonds. Selon l’angle et la vitesse du frisbee, l’effet ne sera pas le même. Et quand nous réalisons que certains terrains disposent de murs au beau milieu de la salle, nous pouvons être assurés que la courbe de progression de Windjammers est proprement hallucinante. Si les premiers échanges se veulent naturellement timides, c’est pour mieux fuser quelques heures plus tard. D’où la notion de complexité : il y a toujours quelque chose à apprendre ou à maîtriser. Un débutant ne mettra pas à l’amende un pro.
L’intérêt premier de Windjammers repose d’ailleurs sur son mode deux joueurs. Car si le solo permet de progresser et de découvrir deux mini-jeux assez sympas – un lancer de frisbee sur la plage et une tombée de quilles –, le multi constitue la réelle motivation à l’allumage de la console. En versus, chacun peut opter pour l’un des six personnages et les six terrains du solo. Ces derniers varient réellement les parties puisqu’ils offrent des configurations radicalement différentes. Petits contre grands, panneaux à 5 points aux extrémités contre panneaux à 5 points centraux, milieu de salle vide contre petits murets. Chacun y trouvera son lieu de prédilection. Pas de chance, pour être un bon joueur de Windjammers, il faut apprendre à jouer sur chacun d’eux. Il sera donc une fois de plus demandé au joueur de la rigueur et du temps de jeu. Cela dénote réellement avec l’habillage extrêmement simple du titre de Data East, la technique n’étant clairement pas son fort. Les arènes n’explosent pas de détails, les personnages sont peu charismatiques, mais ce n’est que pour mieux garder de la ressource pour l’animation, fluide en toute circonstance. Jamais prise en défaut, elle permet de suivre le fil de l’intégralité des parties, même les plus rapides. Le tout accompagné par des musiques certes peu inspirées mais tout à fait en accord avec le côté punchy du titre.
Sous ses airs d’OVNI au sein de la ludothèque Neo Geo, Windjammers constitue très certainement l’un des titres les plus fédérateurs. Hardcore gamers ou joueurs du dimanche, tous succombent au charme immédiat du jeu. Sa durée de vie, rachitique en solo, est compensée par un mode Versus inusable. L’une des perles du monde Neo Geo.