A blockbuster américain à succès, jeu vidéo dans la foulée. Ce proverbe est valable sur la plupart des consoles actuelles et malheureusement, nous aimerions bien que ce soit synonyme de bon soft. Il se trouve que les développeurs et éditeurs n’y voient souvent qu’une raison de plus pour renflouer aisément leurs caisses. Le pôle de Recherche et Développement se met alors en vacances et six mois plus tard, nous nous retrouvons avec une déception. Spiderman 3 a coûté 300 millions de dollars et vous vous en doutez, son homologue sur console n’a pas bénéficié du même budget… ni du même soin.
Le soft ne reprend pas exactement le scénario du film puisqu’il rajoute une pléthore d’événements et ennemis tout à fait absents du long-métrage. La confrontation entre le bouffon vert et Spiderman n’a lieu qu’après une ou deux heures de jeu par exemple. Il est difficile de dire le temps nécessaire pour participer à cette confrontation puisque les missions peuvent être effectuées dans l’ordre voulu. Vous disposez en permanence sur la carte du jeu d’un panel de trois-quatre missions. Une fois une de remplie, une nouvelle prend sa place. Ainsi, il est rare de se voir imposer une progression linéaire. Le fil conducteur de la trame est respecté tout en laissant au joueur un certain sentiment de liberté. Cette impression si chère à notre cher Peter Parker constitue d’ailleurs certainement la raison première de l’attirance qu’il peut exercer sur certains.
A l’instar de son modèle papier et cinématographique, le Spiderman en 3D présent dans notre PS3 est capable de se balader où bon lui semble dans la ville. Une pression sur une gâchette et voilà que des fils de toile s’éjectent des poignets du protagoniste pour se loger sur l’immeuble le plus proche. Si l’on pouvait reprocher dans les précédents l’étonnante adhérence qu’ils pouvaient avoir sur le ciel de la ville – aberration des premiers épisodes – ici, il sera absolument nécessaire de se trouver à proximité d’un édifice. Une tentative d’accroche au beau milieu d’un parc sans immeuble et Spiderman se retrouvera à chuter lourdement. Vous vous en doutez, une fois la galette insérée dans notre console et le jeu lancé, la première chose que nous faisons est de nous promener de building en building, valdinguant au gré des croisements et ne cessant d’essayer d’aller plus haut (Tina, si tu nous lis). L’animation de Spiderman durant les phases aériennes a d’ailleurs reçu une attention toute particulière de la part des développeurs puisque celle-ci se compose d’une multitude de poses en fonction de la position du héros, de la proximité des bâtiments ou encore de la vitesse à laquelle l’on se déplace. Il n’est pas rare de voir le héros exécuter un saut de l’ange tout simplement en raison du manque d’immeuble autour de lui.
Il est donc aisé de se laisser griser par cette étonnante liberté, liberté que l’on attendait beaucoup puisque fer de lance de la licence. Malheureusement, très vite, le principal souci du soft se fait sentir et l’on est dans le regret de modérer notre enthousiasme : la caméra.
Pire qu’une compagne surexcitée, elle ne cessera de bouger dans tous les sens et de réagir de manière complètement aberrante. Si elle sait correctement se positionner derrière vous quand vous arpentez la ville en « volant », elle perd toute lucidité à l’approche d’un obstacle. Elle s’affole, tournoie et empêche réellement d’appréhender correctement l’action. Autant dire que lorsqu’une mission prend place dans un espace exigu – intérieur de maison, métro, pont, etc… – il est parfois difficile de se mouvoir, voire de tout simplement de s’orienter. Ce problème survenait déjà dans les versions précédentes. Même si la ville est ici plus grande que jamais, nous ne pouvons pas passer outre ce défaut qui plombe réellement une grande partie de l’intérêt du jeu. Spiderman 3 est un titre grand public pourtant, les plus jeunes auront très certainement du mal à achever certaines missions en raison d’une difficulté accrue par cette caméra bien capricieuse. Le soft n’en avait réellement pas besoin puisque certains boss sauront vous hérisser les poils à plusieurs reprises, en raison de barres de vie qui ne descendent pas à l’inverse de la vôtre apparemment très sensible aux coups adverses.
Arrivent alors les problèmes cette fois liés au système de combat. Les affrontements ont toujours été un peu trop « rapides » dans la série. Preuve est faite que cela ne l’était pas suffisamment pour l’équipe. Par conséquent, ils les ont encore accélérés, les rendant bordéliques et sans intérêt. Il est possible d’enclencher le pouvoir de l’araignée (pouvoir permettant de ralentir le temps et d’esquiver les coups) et en abuser sera la raison sine qua non pour vous en sortir vivant. Foncer dans le tas ne vous aidera que rarement et il existe des méthodes très simples de sortir quasi indemne des échauffourées qui font alors perdre encore davantage de saveur à l’ensemble. C’est dommage, d’autant plus que les bastons contre des emblèmes tels que Rhino, Scorpion ou le Bouffon Vert méritaient d’être réussies. Et oui, le nombre d’événements survenant dans le jeu est bien plus élevé que dans le film et voir ressurgir d’anciens ennemis jamais portés au cinéma ne doit pas vous étonner. Il fallait bien que les concepteurs trouvent un moyen de rallonger la durée de vie qui aurait avoisiné celle du film sinon. Ils ont d’ailleurs pensé à incorporer divers gangs qu’il faudra arrêter à moult reprises. Un indice de criminalité est d’ailleurs présent dans les statistiques du jeu afin de savoir à quel niveau se situe l’agressivité de ces charmantes personnes, réparties par quartier.
Pour continuer dans les déceptions, nous pourrions parler de la réalisation technique qui ne fait pas entièrement honneur au support. En effet, alors que nous aurions pu nous attendre à des graphismes profitant au maximum des capacités de la console de Sony, nous nous retrouvons en face d’un titre, certes agréable à l’œil, au champ de vision assez conséquent, mais aux détails absents. Les immeubles se ressemblent tous, les ennemis également et seul notre homme-araignée peut se pavaner grâce à sa superbe tenue moulante. Noire ou rouge, à vous de choisir. Les deux sont agréables à l’œil et les différences sont minimes en ce qui concerne leur utilisation. La noire ne permet pas une aussi bonne défense mais vos attaques deviennent plus vigoureuses.
Le clipping aime bien vous surprendre tandis la vue lointaine ne vous cache la fainéantise des développeurs. Cependant, il faut louer la persistance du monde : aucun temps de chargement pour changer de zone et il ne faudra compter que sur une très courte page pour pénétrer dans les tréfonds du métro. De nombreux lieux sont visitables sans pour autant requérir un chargement. Le moteur est donc, en soi, performant et nul doute qu’il peut fournir un travail admirable. Malheureusement, il ne semble pas exploiter au mieux de ses capacités tout comme notre chère PS3.
Que reste-il donc de ce Spiderman 3 ? Un soft qui recèle de nombreux plaisirs, vous faisant sentir libre à de nombreuses reprises, à l’ambiance tout à fait en adéquation avec l’œuvre originelle, mais dont le système de caméra et l’imprécision de sa maniabilité saura bien vite vous rappeler à l’ordre. Il n’est pas question de crier au génie mais de prendre un peu de bon temps avec Peter Parker. Rien de plus, rien de moins.
Nous aurions pu avoir pire comme adaptation. Spiderman 3 n’étonne plus comme le premier mais ne déçoit pas comme le second. Il offre une aire de jeu tout à fait honorable et sa durée de vie saura tenir en haleine les plus fervents fans de l’araignée. Néanmoins, nul ne sera capable d’occulter ses défauts de maniabilité et de caméra qui se veulent très présents et réellement gênants pour la progression du joueur. Une réalisation réellement en demi-teinte ne lui permet pas de se sauver du paquet des jeux à licence un peu trop vite achevés.