Après deux monstrueux épisodes sur Playstation 2, Kratos a décidé de venir hanter la PSP. Ce que nous ne pensions pas possible, Ready at Dawn l’a fait. Les deux volets de salon avaient su repousser les limites de la console et ce au travers de somptueux graphismes et d’une animation sans faille. Le jeu le plus impressionnant de la console de salon de Sony sur une console portable. Voilà le pari que s’était fixé le petit studio californien de Ready at Dawn. Petit, et jeune aussi. Fondé en 2002, il a su marquer les esprits avec Daxter, le spin-off de la série Jak and Daxter, également sur PSP. Il avait réussi à transposer de la plus belle des façons tout l’univers de la série, aussi bien sur le fond que sur la forme. God of War est une adaptation d’un autre niveau encore.
– Les 12 travaux de Kratos
Plutôt que porté un des épisodes existant, Sony et RAD se sont mis d’accord sur un épisode inédit, un épisode qui raconterait les débuts de Kratos et qui servirait donc de pré quel à ceux déjà parus. C’est ainsi que sa folie meurtrière nous est racontée. Vaincu par Arès, le dieu de la guerre, Kratos accepta de prendre les armes pour lui en échange d’une garantie de succès. Il sema alors terreur et chaos sur les terres qu’il foulait. Les cadavres s’amoncelaient tellement que Kratos ne se rendit même pas compte que ceux de sa femme et de sa fille y figurait. Epris de remords, il décida de quitter le Dieu et se tourna vers ceux de l’Olympe avec qui il conclut un marché. En échange de dix ans de pénitence, ses souvenirs s’effaceraient. Kratos fut donc voué à servir les Dieux et devint leur homme de main, chargé du meurtre de tous ceux qui s’élevaient contre les immortels.
L’histoire de Chains of Olympus prend place lors de l’attaque de la ville d’Attique. Les perses ont lancé une offensive contre la cité grecque, avec à sa tête un puissant Basilic. Il dévaste tout sur son passage et nul ne semble en mesure de l’arrêter. Kratos est alors dépêché sur les lieux, mais très vite, il se rend compte qu’un lourd complot se trame contre l’Olympe. La disparition du Dieu du soleil, Helios, est plus que mystérieuse. Le monde est menacé de sombrer sous la brume de Morphée. Kratos se révèle être le dernier espoir non seulement du peuple grec mais de tous les autres.
– Spartiaaate
Malgré son rôle de héros, le fantôme de Sparte, ainsi est-il surnommé, n’en reste pas moins un prodigieux guerrier, sans réelle état d’âme. Rendu insensible par son passé, Kratos est surtout devenu une machine à tuer. Il le démontre une fois de plus dans ce volet tout aussi sanglant et brutal que les précédents. RAD a su parfaitement adapter le gameplay de God of War à la PSP. Les développeurs nous disaient qu’ils ne feraient aucune concession. Force est de reconnaître qu’il faut les croire. Kratos retrouve les mêmes mouvements que dans GoW. Il esquive, tranche, saute, pare et il n’hésite pas non plus à grimper sur les parois le permettant. Toujours accompagné des Lames du Chaos, il peut à la fois toucher au corps à corps et à distance. Ce gameplay assez particulier, mais terriblement jouissif, avait su combler tous les joueurs PS2. Il se retrouve à l’identique sur PSP, le calibrage étant juste parfaitement respectée. Première prouesse. Mais les concepteurs ne se sont pas limités à cela : ils ont voulu innover et apporter leur savoir-faire à la licence. C’est pourquoi Kratos peut désormais se servir de deux armes différentes. Une fois le Gant de Zeus trouvé, via une pression sur la touche directionnelle bas, il peut s’en saisir et voir ses techniques de combat évoluer. L’idée a entièrement été reprise de Devil May Cry et après test, il est évident qu’elle sied sans problème à God of War.
Le gameplay s’en trouve en grande partie chamboulé puisque Kratos se concentre alors sur le corps à corps. Ses coups sont plus lents, plus puissants aussi, mais voient leur portée réduite de moitié. Il faut donc apprendre à se servir de chaque arme quand il le faut, ou quand l’ennemi le requiert. Ce basculement de l’une à l’autre offre une richesse toute particulière aux combats, richesse que nous ne trouvions pas auparavant, et dieu sait que les combats étaient déjà excellents. Nous retrouvons d’ailleurs tout le bestiaire habituel – Soldats, squelettes, méduses, trolls – plus quelques nouveautés à découvrir. Nous tapons sur tout ce qui bouge, s’amusant à démembrer le moindre squelette ou à décapiter la première méduse qui passe au cours d’un petit QTE bien sympathique. Certaines portions de niveau demandent de toute façon l’anéantissement de tous les adversaires présents pour pouvoir progresser. Dommage que les ennemis ne soient pas plus variés, mais leur nombre compense. Dans le chahut des batailles, il est difficile d’admirer la diversité de la faune locale. D’autant que les environnements sont stupéfiants.
– Une splendeur monotone
Si les concessions n’ont pas été faites sur le gameplay, elles n’ont pas été faites non plus sur l’aspect technique. Il paraissait évident que ce God of War serait une version au rabais. La PSP, aussi puissante soit-elle, ne peut rivaliser avec sa grande sœur de salon. Pourtant, les petits gars de Ready at Dawn ont réussi. Ils ont porté la licence God of War en conservant le gigantisme des décors. Les personnages sont plus que bien modélisés, avec un Kratos identique à celui auquel nous avions eu droit. Les environnements sont à la fois détaillés et immenses, nous laissant pleinement vaquer au massacre (plus ou moins) organisé. Sangs, étincelles, lens-flare, tous les effets y passent. La PSP ne bronche jamais. Même constat du côté de l’animation. Les ennemis peuvent déferler à l’écran, dépassant souvent la demi-douzaine en fin de partie, pas question pour la console de montrer le moindre signe de faiblesse. Les niveaux se chargent continuellement, faisant oublier tout écran de transition. Il arrive qu’un petit panneau chargement intervienne à l’occasion, freezant l’écran guère plus d’une seconde ; mais qu’est-ce donc au milieu de cet océan de joie ? Il serait déplacé de critiquer l’équipe technique sur cela. God of War peut se vanter d’être le plus beau jeu de la PSP, aux côtés de Final Fantasy VII : Crisis Core et Grant Turismo PSP. La claque est faite d’entrée de jeu et se répétera jusqu’à la fin du jeu. Il n’y a pas un décor qui fasse chuter l’appréciation. Tout est beau et fluide. Un modèle en la matière. Seconde prouesse.
A l’inverse, le nombre d’ennemis monopolisant l’écran n’est pas si grand. L’un des points forts de la série est de savoir nous proposer des boss colossaux, durant des combats si épiques qu’ils en deviennent anthologiques. Ici, mis à part le Basilic du début, Kratos n’est que rarement écrasé par la taille de ses adversaires. Ils ne sont guère plus grands que lui et ne présentent pas grande difficulté. La technique pour les vaincre est souvent très simple à deviner et leur vie descend assez rapidement. Nous aurions pu affronter un des Titans, mais à l’inverse de leur importance dans l’histoire, leur intervention face à Kratos reste anecdotique, bien qu’impressionnante durant les quatre secondes qu’elle dure.
– Un Kratos miniature
Chains of Olympus n’est en effet pas dénué de défauts. En plus de cette quasi-absence d’ennemis gigantesques, marque de fabrique de la série, la durée de vie du titre fait également peur : six heures de jeu lors de la première partie. Les épisodes de salon tablaient sur la douzaine d’heures de jeu, et c’était sans compter sur la replay value. Cette dernière est toujours présente ici, tant le plaisir de trancher du revenant est forte mais il est facilement possible d’achever l’histoire plusieurs fois avant d’atteindre dix heures au compteur. Autant dire que les joueurs chevronnés risquent de voir le générique à la vitesse de l’éclair. Il faut en effet quatre heures en facile, deux de plus en normal et une supplémentaire pour les modes suivants. L’envie de se replonger dans l’aventure n’est pas qu’à but défouloir puisque des bonus s’offrent à nous au fil des parties. Nouveaux costumes, vidéos de l’équipe et scènes coupées font partie des éléments pouvant être débloqués. Il faut également compter sur les défis d’Hadès. Plusieurs missions, accessibles depuis le menu de départ, peuvent vous donner accès, si réussies, à de nouveaux cadeaux. Il s’agit là d’une façon comme une autre de prolonger l’endurance de ce GoW.
Il fallait bien comprendre qu’un UMD ne pouvant stocker que jusqu’à 1,5Go de données, la concession se retrouverait ici. Images de synthèse, décors à tomber par terre et animation parfaite ne pouvaient pas se faire sans pénaliser à un moment donné le titre. Aucune concession, oui, mais au prix de la durée de vie. Voilà bien la seule concession que les développeurs ont eu à faire. Et encore, quand nous pensons qu’il s’agit d’un titre portable et que vous le trimballez dans le métro, cela peut tout à convenir au joueur nomade, public visé par la PSP.
– Quel homme ce Kratos
God of War Chains of Olympus ne constitue pas l’adaptation foireuse à laquelle nous aurions pu nous attendre. A la fois belle, bien animée, bien amenée et passionnante, elle fait honneur à la série en lui offrant un épisode à part entière qui s’inscrit sans problème dans sa mythologie. Cette aventure de Kratos prouve aux derniers sceptiques que la PSP peut offrir des titres ébouriffants. Certes, la durée de vie peut être sujette à moquerie mais quelle idiotie ce serait que de bouder pareil jeu. GoW CoO écrase la concurrence en matière d’aventure-action et instaure un nouveau standard de qualité. Mis à part Ghost of Sparta, nul n’a réussi à le dépasser, techniquement parlant. La fine équipe de Ready at Dawn a réellement réussi son pari et nous l’en remercions. Six heures de jeu mais quel pied !