/!\ ATTENTION /!\ Cet article contient des spoilers sur Sen No Kiseki! La localisation du jeu étant en rumeur chez XSEED, ne lisez pas plus loin si vous avez l’espoir et l’intention d’y jouer en anglais.
[dropcaps style=’2′]Malgré ma semi-déception sur Legend of Heroes Sen no Kiseki premier du nom, les nouveautés de cette suite étaient suffisamment nombreuses et excitantes pour me faire replonger dans les aventures de la Classe VII. Et c’est effectivement un titre très enrichi que j’eu entre les mains.
Legend of Heroes Sen no Kiseki 2 commence là où Sen no Kiseki finit (jusque là tout va bien…). Rean se retrouve donc avec pour seul compagnie son mecha Valimar nouvellement “acquis”. ll va donc se mettre à la recherche de ses compagnons disséminés à travers le monde, ce qui n’est pas sans rappeler un certain FFVI. Seulement voilà, à l’issue de la guerre-éclair menée par la faction des aristocrates, ces derniers contrôlent la quasi-totalité de l’Empire d’Elbonia et la Classe VII, ainsi que tous les membres de l’académie Thors, entrent en résistance avec la ferme intention de libérer le territoire occupé. Pour ce faire, Rean et ses compagnons vont mener des actions commando en différents points du territoire, afin de déstabiliser l’ennemi, ce qui permet à l’armée régulière en déroute de se réorganiser et reprendre les positions perdues.[/dropcaps]
Cette narration générale de Sen no Kiseki 2 a sans conteste un excellent feeling, car l’aspect politico-militaire est très bien amené et mis en scène (le thème de la reconquête est très fort), ce qui parle à un fan de Valkyria Chronicles tel que moi. Si Sen no Kiseki était une représentation efficace des années 30, cette suite fait quelques excellent parallèles avec les années 40, notamment le gouvernement provisoire incarné par la très jeune Alfin. L’idée de retrouver les anciens personnages petit à petit a aussi ce petit côté grisant “comme au bon vieux temps”.
Aucun grand JRPG ne se construit sans des antagonistes particulièrement probants, et cette suite fait très fort en la matière : en plus de l’état-major aristocratique vicieux et sans scrupules, le jeu vous met face à une dizaine de mercenaires à la fois surpuissants, charismatiques et au final tout aussi attachants (voire plus) que vos propres personnages. Cela va sans dire, les affrontements qui vous opposent à ces rivaux sont particulièrement prenants et là encore, s’inscrivent dans la lignée du JRPG des années 2000.
Petit bémol, Sen no Kiseki 2 commet le même impair que sa préquelle, à savoir une intensité inégale dans sa narration. Concrètement, on a un jeu qui encore une fois démarre très fort, avec l’excitation qui monte beaucoup à mesure que l’on retrouve ses camarades, un milieu qui diminue les enjeux et une fin en (formidable) apothéose en plus d’un chapitre spin-off qui fait un parallèle tout à fait enrichissant, voire carrément génial, dans la principauté voisine du pays dans lequel vous évoluez. C’est peu de chose au regard de la narration dans sa globalité, mais c’est un ressenti non négligeable.
Si Sen no Kiseki était désespérément linéaire, sa suite gagne grandement en liberté et en contenu. Première chose et pas des moindres, vous êtes désormais aux commandes du fier Courageous, et pouvez vous rendre à l’envi dans les régions libérées! Vous avez également maintenant la super moto entièrement customisable pour foncer à travers les routes nouvellement ouvertes entre les localités connues de Sen no Kiseki.
Cela donne un nouveau sens aux quêtes annexes, et elles sont aussi également plus nombreuses. La pêche, le jeu de cartes et la cuisine gagnent en intérêt. Cette suite introduit aussi entre entres bonnes idées un loto et des défis de snowboard dont l’inspiration est évidente (indice : ajoutez 1 au Final Fantasy sus-cité). De plus, vous allez rechercher vos anciens camarades de promo, qui ont pris le maquis pour faire face à l’occupant, pour les inviter à rejoindre votre équipage et étoffer les installations à bord (boutiques, centres d’entraînement).
Autre ajout important et enthousiasmant, des personnages secondaires de Sen no Kiseki deviennent jouables. Ce ne sont pas moins de 8 personnages qui s’ajoutent aux 10 du précédent! C’est le cas par exemple de Elise, Claire, Sarah que j’attendais particulièrement (et d’autres dont nous parlerons plus bas), ce qui en plus du plaisir de jouer des persos inaccessibles jusqu’alors, apporte aussi en richesse et en stratégie puisqu’ils ont tous des capacités et un style de jeu qui leur est propre.
A mon grand désespoir, Sen no Kiseki 2 ne corrige pas les points de gameplay que je lui reprochais, au contraire il les amplifie. Il n’est toujours pas possible de masquer les indications des objectifs, ce qui gâche toujours un peu l’exploration (même s’il on l’a vu, celle-ci est bien plus intéressante qu’avant). Le plus grave reste les combats, car un personnage perd toujours tous ses CP quand il est KO. Les CP servant à peu près à tout, il est quasiment impossible de remonter la pente quand on commence à avoir des persos KO. Surtout que même si on les ressuscite, leur tour est repoussé loin derrière dans la timeline, ce qui rend la survie encore plus difficile. Le système est en outre beaucoup trop axé sur les S-Break, ces attaques spéciales monstrueuses qui consomment l’ensemble de vos CP. Les S-Breaks sont tellement cruciaux pour la victoire que cela tend à uniformiser les combats, puisqu’on cherche naturellement à les lancer le plus vite possible.
C’est assez dommage, car Sen no Kiseki 2 a, comme son prédécesseur, un gameplay particulièrement complexe à base de quartz (qui sont des matérias, pour faire simple). Les quartz apportent une très large gamme de sorts élémentaires, d’attaque, de soutien, ainsi que des skills passifs (infliger des états anormaux, baisser les stats, réduire le temps d’incantation). Dans cette suite, la gestion de ces quartz est largement enrichie par la possibilité plus grande de les améliorer via les (rares) boutiques de craft. Commence alors une course terriblement addictive pour se fabriquer des quartz de plus en plus performants, les quartz améliorés donnant un boost de stats confortable. Et vous pouvez perfectionner vos personnages encore davantage quand vous commencez à trouver des quartz S-rares aux effets les plus fous, et les 5 surpuissants Lost Arts et leur magies démentielles. Ajoutez à cela les Master Quartz qui décident de la spécialisation du personnage (soin/attaque/défense etc.), et vous avez un là un système d’une profondeur très appréciable qui vous occupera longtemps.
Dans les combats eux-mêmes, Sen no Kiseki 2 rajoute un option appelée Over-Rise. Selon certaines conditions, deux personnages pourront unir leurs forces pendant 3 tours d’affilée, en étant soignés, renforcés et regagnant quelques dizaines de CP. Les Link Abilities se produisent bien plus souvent, c’est-à-dire que deux personnages liés se soutiennent mutuellement de matière spontanée (soin, défense, gain de CP ou de MP). Enfin, il ajoute un nouvel S-Break à chaque personnage, dont certains déchirent bien, à l’image de celui de Laura.
Mais la plus grande nouveauté reste les combats de mechas. Dans ces combats très spéciaux mais néanmoins relativement nombreux, vous incarnez Valimar, avec en soutien le personnage de votre choix. La palette de coups de ce dernier est plus réduite qu’un perso normal : il dispose d’une poignée de skills, de 2 magies dépendant du perso de soutien et de son propre S-Break. Ces combats sont une affaire d’observation puisqu’il faudra viser certaines parties des robots ennemis pour être efficace. Il faut également être très vigilant et surveiller ses HP, MP et CP, car se tromper d’un seul tour peu coûter la victoire. Cela dit, ces combats se sont avérés plutôt simples en raison du contre surpuissant de Valimar, qui cumule absolument tous les avantages.
En dehors de tout cela, le gros problème de Sen no Kiseki 2 reste sa difficulté écœurante. Le nombre de boss que j’ai vaincu du premier coup, je les compte sur les doigts d’une main! J’ai eu besoin en permanence de recommencer en baissant les stats de l’ennemi (-10% à chaque retry), parfois 2 ou 3 fois! Les boss de ce jeu passent leur temps à augmenter leurs stats, à se soigner et à appeler des sbires qui tous sont plus rapides que vos persos et balancent tout un tas d’états anormaux. Les boss principaux ont leurs propres S-Break qui peuvent démolir votre équipe en un instant. Etre pris par derrière se solde systématiquement par une défaite. C’est ingérable, les soins ne peuvent pas suivre l’avalanche de dégâts. C’est simple, ce jeu ne recule devant rien pour vous faire chialer! Je salue ce système de retry qui permet de le finir malgré tout, mais au bout d’un certain nombre de branlées, le plaisir de jeu est sérieusement érodé. Il y a un mode difficile, il y a même des modes encore plus difficiles au-dessus, donc j’estime qu’en normal je devrais avoir droit à un challenge plus serein.
La réalisation n’a pas changé, mais a un rien vieilli. Les décors sont plutôt jolis et riches pour un jeu PSVita, la modélisation des personnages reste plutôt inégale. Le jeu a tendance à saccader méchamment, mais uniquement lors des cinématiques! En combat en revanche, il reste très très joli avec toute une variété d’effets, d’animations, le tout étant merveilleusement coloré.
En dehors de l’aspect purement technique, c’est son design qui me fait aimer Sen no Kiseki 2 malgré toutes mes critiques. Je l’avais d’ailleurs couronné dans cette catégorie. De l’écran titre jusqu’aux Lost Arts super impressionnants, en passant par les S-Break de folie et les personnages franchement excellents, le dernier jeu de Falcom respire la classe. L’OST participe à cela car elle fait un quasi sans-faute sur mes plus de 100 heures du jeu. Les battle themes sont tous très bons, en particulier l’électrisant Severe Blow. Yumir no Keiyokudô ainsi que Shizuka na Ketsui sont par exemple aussi diablement efficaces sur le plan émotionnel.
Finissons par la dernière mise à jour du jeu : elle ajoute encore 5 personnages jouables par l’intermédiaire de skins (uniquement dans le dernier donjon du jeu, mais ça suffit à ma bonheur), dont trois de vos antagonistes, ce qui pour beaucoup dont moi est un rêve qui devient réalité. J’insiste sur ce point car en tant que mise à jour, elle est entièrement gratuite, et à l’heure où certains personnages commencent à être vendus à part pour 1000 yens, l’initiative de Falcom fait figure d’exception et certains devraient s’en inspirer.
Legend of Heroes Sen No Kiseki 2 est un jeu qui s’enrichit mais qui ne se réforme pas comme je l’aurais voulu. C’est un JPRG pour les durs à cuire, mais les autres ont plus d’une raison de s’y plonger étant donnés ses qualités artistiques et la richesse de son univers et de son gameplay.