[dropcaps style=’2′]A la fois limité et déséquilibré dans son gameplay, Hyperdimension Neptunia U Action Unleashed avait une certaine marge de progression pour faire une suite solide. Arrive donc MegaTagmension Blanc + Neptune vs Zombies, avec son titre à la syntaxe hasardeuse qui est au final annonciateur des choix erronés du jeu.
Même si Compile Heart s’en défend, MegaTagmension Blanc + Neptune vs Zombies à tout de la suite de Hyperdimension Neptunia U Action Unleashed. Cet épisode consacré au personnage de Blanc, grande gagnante du précédent vote de popularité, se veut une expérience à part. On ne croira guère à un tel discours à la vue de la totalité des assets graphiques de Hyperdimension Neptunia U Action Unleashed et d’un gameplay quasiment copie carbone. L’éditeur met en avant le thème scolaire puisque qu’effectivement, Neptune et les autres déesses vivent cette fois leurs aventures dans un campus, chose qui a déjà été largement utilisée dans les romans Neptunia. Malheureusement, cet univers estudiantin n’est qu’une façade, presque un simple skin qui fait l’objet d’un développement minimal. Vert est présidente du bureau des élèves, Noire la vice-présidente… chacune a son rôle mais les dialogues affreusement courts les élaborent peu.[/dropcaps]
Ce n’est pas l’histoire du jeu qui relèvera l’intérêt : Neptune, présidente du club de cinéma, désire tourner un film a succès pour sauver l’école. Pour le synopsis, elle fait appelle à Blanc, dont on sait pourtant que le talent littéraire n’a jamais percé. Assez ironiquement, on a là la mise en abîme de personnages qui tournent un film série Z dans un scénario de jeu de série Z… l’histoire et les dialogues sans inventivité trahissent une absence d’effort de la plupart du duo Tamsoft/Compile Heart, avec en plus un humour en berne. Alors que Hyperdimension Neptunia U Action Unleashed avait une vraie logique narrative qui divertissait efficacement, rien de tel dans sa suite au déroulement erratique. Les personnages rejoignent le groupe sans transition, renforçant l’impression qu’on a voulu expédier le travail rapidement.
Côté gameplay, on garde la formule action-RPG dans des combats contre des dizaines de monstres, zombifiés cette fois (thème qu’on retrouve aussi dans un autre roman Neptunia). Votre progression sera donc conditionnée par votre niveau, la puissance de vos armes et, petite nouveauté, les modules temporaires à placer sur celles-ci pour s’octroyer un gain de stats sur un combat. Autre nouveauté, la gestion des statistiques et des combos est désormais manuelle : vous attribuez vous-même les points d’expérience à la statistique que vous voulez faire augmenter, ou sur la ligne combos pour en débloquer de nouveaux. La difficulté a été augmentée, à fort juste titre. Seulement voilà, la mise à jour 1.01 au Japon a fait marche arrière, rendant trop facile des combats plutôt coriaces et techniques. Les movesets des personnages de base n’ont pas grandement changé, malgré l’apparition d’une attaque chargée sur triangle qui bizarrement, n’est pas pour tout le monde. Les anciens manquent pour le coup d’attrait par rapport aux nouveaux venus aux possibilités d’attaque plus étendues.
Les nouveaux arrivants permettent une nouvelle fois de se délecter de la réalisation de ce qui reste une tuerie technique sur portable. La modélisation est toujours extraordinaire et les animations sont encore plus inimaginables chez certains nouveaux persos. Encore une fois, ce sera un véritable plaisir d’immortaliser tout ça grâce à l’excellent mode photo toujours présent.
Bien qu’utilisant uniquement son porte-voix dans Megadimension Neptunia VII, Uzume usera également de ses poings pour venir à bout des hordes d’ennemis. Son utilisation du noble art est plutôt convaincant et on peut moduler la puissance de chaque coup pour un maximum d’efficacité par rapport à la position des ennemis. Sa forme déesse, beaucoup plus svelte, aura un gameplay moins en finesse et beaucoup plus rapide, recentré sur le porte-voix.
Célèbre schizophrène, Plutia est extrêmement statique dans sa forme humaine, mais d’une mobilité ahurissante dans sa forme déesse. Iris Heart apparaît vraiment née pour l’action-RPG tellement ses combos sont plaisants à exécuter. Ces derniers mettent davantage en valeur son épée-serpent que le tour par tour, la variété des trajectoires et la portée prenant tout leur sens ici.
Pishe est quasiment inutile dans sa forme humaine en raison de sa très petite taille et de la portée ridicule de ses poings. On se concentrera donc sur Yellow Heart, dont la maniabilité sauvage et la vitesse exceptionnelle n’ont d’égal que la taille de sa poitrine. Elle est très efficace contre les groupes d’ennemis, mais aussi contre les boss en hit & run. Encore un personnage bien mieux ici que dans Hyperdimension Neptunia Victory.
Tamsoft, qui personnifie le développeur, n’a pas de forme déesse et gagne simplement un power-up ainsi que des parties d’armure de samurai. C’est très nettement l’épéiste le plus complet du jeu, avec de nombreuses variations de combos extrêmement classes, et plus généralement un rapport puissance/amplitude des coups inégalé.
On dénote un clair manque de finition dans ce nouveau spin-off, ainsi que le retrait de plusieurs éléments sans la moindre raison. D’abord, l’interface fait vraiment cheap, avec des menus désuets et surtout des chargements insupportables et inacceptables à chaque changement de page dans la partie préparation. Cette suite rajoute quelques illustrations (ce qu’on avait pas dans le précédent), mais si encore ça avait été bien fait… Non, les rares artworks sont planquées dans certains chapitres qu’il faut compléter avec un duo de personnage bien particulier. Ce sont des 2-combinaisons de 14 personnages, ça fait 14!/(14-2)!x2!=91 possibilités. Sans soluce et dépit des piètres indications, ça prend des plombes…
L’écran de victoire à la fin de chaque mission (qui était parfait) a mystérieusement disparu pour laisser place un tableau récapitulatif très impersonnel. Mais cette perte n’est rien en comparaison de l’absence ahurissante du costume break qui était pourtant un argument majeur du précédent volet (et du coup, le Famitsu/Dengekiko news disparaît aussi), tout cela encore une fois sans la moindre explication de l’éditeur. Compile Heart a beau, dans un ultime élan de miséricorde, rajouter les costumes pré-abîmés avec la mise à jour 1.01, le mal est fait : Idea Factory a cédé face aux SWJs et à l’appel d’un business plus politiquement correct. Et ce ne sont sûrement pas les quelques uniformes scolaires extrêmement banals qui compenseront. Oubliez également toute idée d’un postgame sérieux comme le mode budôkai ou la Neptral Tower de Hyperdimension Neptunia U Action Unleashed, il n’y a rien du tout après le court et atone mode histoire.
Enfin si, car MegaTagmension Blanc + Neptune vs Zombies est le premier de la licence à offrir un mode multijoueur en ligne qui va permettre aux fans de casser du monstre ensemble. Contrairement au reste du jeu, celui-ci s’avère très complet et facile d’utilisation, se payant le luxe d’avoir la seule vraie bonne nouvelle musique du jeu, en l’occurence eXistenZ. Aucun ralentissement à déplorer, l’action reste aussi nerveuse qu’en mode 1 joueur, et les ennemis sont évidemment nettement plus forts, quoique prévisibles. Les monstres justement : certains adversaires massifs complètement inédits à ce mode coopératif donnent lieu à des parties à plusieurs assez jouissives, le tout étant rendu un peu vivant grâce au mini-chat incorporé. Entre outre, tous les personnages y sont débloqués dès le départ et on peut jouer en forme déesse en permanence, ce qui est plutôt sympa.