Un épisode transitoire
Peu de nouveautés, peu d’éloignement par rapport au fondateur de la série des Ace Attorney, notamment à cause de son recyclage où l’on se retrouve carrément confronté de temps à autre à des décors et protagonistes qui y sont directement issus : qu’il en soit bien clair, ce Justice For All n’arrive clairement pas à surpasser son prédécesseur. D’autant plus que cette impression de paresse se répercute jusqu’à la déception de constater que contrairement au premier Phoenix Wright, le portage DS de Justice For All – osons rappeler pour les plus ignorants que la série provient de la Game Boy Advance, versions jamais sorties chez nous à l’époque – n’apporte pas sous son bras une nouvelle affaire bonus qu’on était pourtant en droit d’attendre. Ce qui diminue pas mal la durée de vie. Ce second opus est d’ailleurs le plus court de la série, on en voit très vite le bout avec ses quatre maigres affaires… Enfin, trois affaires et demie vu que la première servant de didacticiel se révéle extrêmement courte du haut de ses deux petites phases de procès. Tutoriel plutôt bien amené, permettant de bien acquérir les bases (sans tout montrer pour autant, ce qui est appréciable) pour les éventuels nouveaux venus sans que les rescapés du premier Phoenix Wright s’en retrouvent gonflés pour autant de revoir des mécaniques qu’ils ne connaissent déjà que trop bien.
En parlant de nouveaux venus, il faut savoir que malgré les références plus ou moins insistantes au premier volet, il demeure tout à fait possible de commencer sa vie d’avocat par Justice For All. Après, il est sûr que les plus assidus à la série apprécieront les clins d’œil divers et variés lancés, prétexte bienvenue afin de remettre en marche les souvenirs des bons moments passés sur son prédécesseur. Malgré tout, Justice For All, comme les autres opus qui suivront ont été conçus afin d’en dire un minimum pour ne pas perdre les nouveaux, sans en dire trop non plus afin de ne pas gâcher la joie de découverte de la série dans le désordre.
Même si ce second volet ne vole pas aussi haut que son prédécesseur, il n’en demeure pas moins intéressant sur plusieurs points. Déjà, l’amateur de la franchise n’aura aucun mal à retrouver du plaisir dessus tant les codes qu’on attend d’un Ace Attorney sont bel et bien là afin de ne pas s’ennuyer : des procès à rebondissements multiples, des témoins qui n’en ont pas fini de nous faire marrer – que ce soit par leur discours ou simplement leur attitude grotesque en général – sans compter ce grand moment de plaisir de mettre le véritable coupable au trou, celui-là même qui, par désespoir, partira totalement en vrille dans des mimiques exagérément explosives telles qu’on peut en voir lorsqu’on détruit un boss dans un J-RPG. Mais au-delà de cela, même si les affaires semblent bien plus décousues et ne semblent pas avoir de liens entre elles comme ça a pu être le cas dans d’autres volets, ce Justice For All nous introduit (comme son prédécesseur d’ailleurs) une affaire (la seconde) qui prendra toute son importance dans l’opus suivant. Car dans les trois premiers Ace Attorney, on peut y percevoir une grande trame tournant autour d’événements communs et même si certaines sont clairement des gourmandises individuelles, d’autres sont directement rattachées à cette grande histoire qui ne prendra fin qu’aux crédits du volet suivant, Trials & Tribulations. Ce fil conducteur est plutôt riche, intéressant, haletant et par ailleurs très bien écrit, il en est par conséquent dommage de ne pas en cerner toutes les subtilités en loupant quelques éléments disséminés çà et là dans la première triplette des Ace Attorney. Qui dit éléments-clés dit aussi personnages-clés qui revêtent déjà d’une certaine importance dans ladite affaire mais qui prendront une tournure d’autant plus importante dans l’opus suivant. Tout comme on en retrouve des moins importants mais qui ajoutent un atout charme non négligeable. On pensera notamment à Franziska Von Karma, procureur zélée au fouet facile, qui donne dans l’intégralité de ce Justice For All de belles tranches de rigolade. Enfin, ce second volet nous permet aussi d’introduire un rythme nouveau dans sa toute dernière affaire, histoire de s’habituer à l’intensité que l’on retrouvera tout au long de Trials & Tribulations, un rythme d’une intensité telle qu’elle ne laisse que très peu de temps mort, une ampleur rocambolesque et dramatique qu’on trouvait bien plus amoindrie chez son prédécesseur.
[section id= »conclusion » style= »border:1px solid white;padding:10px;overflow:auto;background-color:#00a0db;color:#FFFFFF; »]Autant dire, si le numéro deux est sans doute le plus faible de la trilogie de base des Ace Attorney, il n’en demeure pas moins important et indispensable. Même s’il est plus plat, chose qu’on se rendra pleinement compte en s’attelant à Trials & Tribulations qui est sans conteste LE meilleur opus que la série ait jamais compté, il n’en est pas moins agréable à parcourir pour autant. D’autant plus qu’il revêtit tout de même d’arguments, en particulier dans sa dernière affaire, qui feront que l’on n’est pas prêt de s’ennuyer, ni même de lâcher sa console facilement sitôt un nouveau chapitre commencé. En même temps, même si faiblesse il y a, la série des Ace Attorney est tellement solide, que ce soit grâce à sa trame principale excellente, le côté attachant des trames secondaires, son casting et son gameplay mêlant simplicité et efficacité, qu’il est bien difficile de le condamner durement au point d’en bouder son plaisir. Pour résumer : Justice For All reste un délicieux épisode de transition entre un premier volet introduisant de belle manière l’univers et les faits et un numéro trois absolument grandiose qui donnera toutes ses lettres de noblesse à cette prétendue « simulation d’avocats » qui n’en est pas vraiment une.[/section]