Professeur Layton et l’Appel du Spectre

professeur-layton-4_jaquette[dropcaps style=’2′]A-t-on encore besoin de présenter le Professeur Layton ? Sorte de Sherlock Holmes aussi aseptisé que japonisé, cela fait aujourd’hui de bien nombreuses années que ce gentleman en haut de forme se complaît à jouer les détectives de l’étrange en compagnie du (très) jeune Luke, son fidèle assistant. Après avoir sévi sur la forme d’une trilogie tournant autour de L’Étrange Village – se rapporter à sa critique si vous sortez de votre caverne et n’avez par conséquent aucune idée de comment la série se présente – , La Boîte de Pandore et Le Destin Perdu, on aurait pu croire qu’on retrouverait tout ce joyeux beau monde aux neurones aussi sadiques que masochistes sur 3DS. Que nenni, Level-5 avait semblait-il encore des choses à dire du côté de la grande sœur. Ce qui nous donne un Professeur Layton et l’Appel du Spectre, faisant office de préquelle à l’épisode fondateur, bénéficiant d’une sortie pour le moins tardive en plein cœur de passation de génération entre DS et 3DS.[/dropcaps]

professeur-layton-4_screen-002Par chance pour ce cher Layton, le public qu’il s’est bâti au cours de sa première trilogie est on ne peut plus fidèle – bien que l’on n’atteigne pas pour autant celui de son cousin germain Phoenix Wright, ce même avocat avec qui il partagera la vedette dans un épisode crossover (sorti chez nous en fin d’année dernière), réputé pour sa communauté à la dévotion sans borne quand bien même l’amusement de Capcom à les malmener dans ses choix plus que discutables – ce qui fait que ce quatrième opus a été accueilli en grande pompe malgré le contexte d’entre-deux qui a toujours été délicat pour beaucoup de prétendants. En même temps, la rétrocompatibilité de la 3DS a joué un rôle non négligeable dans l’accessibilité du soft.

Dès les premières minutes, on sent que Level-5 s’est décidé à mettre les petits plats dans les grands dans son adieu à la DS. En contestent les très belles cinématiques animées pourvues d’un doublage vraiment excellent. Un effort de mise en scène louable, surtout dans le cadre de la série des Professeur Layton qui a su se bâtir un concept solide dès le départ où le principal défaut se situe sur ses limites : il est juste impossible de faire évoluer les grandes lignes. On se retrouve donc toujours face à un enchevêtrement d’énigmes et de casse-têtes intégrés de façon plus ou moins cohérent dans une narration typiquement point’n click. Une recette basée sur un pivot et un satellite où seul ce dernier peut se permettre d’être chamboulé pour offrir autre chose.

professeur-layton-4_screen-003L’avantage dans tout ce beau monde : la série est une référence en la matière et cet opus-ci, disons-le d’emblée, ne fait pas exception à la règle dans le sens où il reste à l’aise dans ses baskets et solide dans le respect de sa charte qualité. Il est certain que si l’on compare ce Professeur Layton et l’Appel du Spectre dans la globalité du style lié à l’aventure/réflexion, la cartouche fait partie du haut du panier. En même temps, on ne cachera pas non plus que dans son discours, la concurrence n’est pas non plus légion, ce qui aide beaucoup. En tout cas, dans ce quatrième volet tout comme les précédents, le résultat est là et l’on retrouve d’emblée nos vieilles habitudes, à savoir se confronter dans la joie et la bonne humeur dans une débauche de triturage intensif de matière grise qui nous conduira parfois à ramasser les flux les plus téméraires qui se seront échappés de nos oreilles. Et encore une fois, la bouillie de cerveau nous fera regretter nos tendances masochistes de continuer, d’en redemander… Bref, d’aimer ça.

Je pourrais m’arrêter, lui fourguer la note maximale et basta. Malheureusement, il y a un très gros « MAIS » à ajouter à l’équation. Et pour ce cas, je parlerai en mon propre nom car cela a été un ressenti vraiment personnel – quoique j’ai cru voir çà et là que je n’ai pas été vraiment la seule dans ce cas – mais il n’empêche qu’au sortir de ce cahier des charges bien respecté, je suis vraiment ressortie perplexe de ce quatrième opus. L’histoire ne m’a clairement pas passionnée comme ça a pu être le cas par le passé. En même temps, cet opus montre la fameuse rencontre entre Layton et Luke, ce qui fait que les projecteurs se tournent indubitablement vers ce dernier. Et comme ce gamin m’a toujours agacée, j’ai été servie dans le limage de dents, surtout qu’on ne peut pas dire qu’il soit présenté sous un jour plus flatteur. Il aurait même tendance à être encore plus insupportable que de coutume. Et ce ne sont pas les nouveaux personnages présentés, tels que Emmy Altava, l’assistante universitaire de Layton à cette époque, qui iront sauver le tableau tant il n’arrivent pas vraiment à se démarquer. Après, bien entendu, la mise en scène est à saluer et j’ai été loin de ne pas baver sur les jolies cinématiques mais elles se présentent du coup un peu comme une poignée de paillettes jetées dans les yeux, histoire de cacher la pauvreté du propos.

professeur-layton-4_screen-001Mais là où je me suis sentie le plus biaisée, c’était dans cette sensation tenace de roue libre. Certes, l’évolution est complexe pour la série des Professeur Layton, mais pour cet opus-là, on ne peut que ressentir un côté « recyclage ». Les énigmes se posent toutes comme du déjà-vu avec un énoncé légèrement changé, histoire de dire que la résolution soit différente. Énigmes dont l’efficacité n’est pas à remettre en question certes mais il faut admettre que le plaisir en découlant s’avère rapidement superficiel. On ne fait ici que reprendre ses vieilles habitudes et comme tout bon automatisme, on se retrouve confronté au fait qu’une fois la console éteinte, rien de ce qu’on a pu faire pendant notre partie n’a réellement marqué, que les souvenirs restent bien vagues. Un peu de la même manière qu’on se retrouve à faire demi-tour bêtement pour vérifier si l’on a bien verrouillé sa voiture ou la porte de chez soi pour finalement se rendre compte que l’effort avait été inutile vu que cela avait bien été fait, quand bien même on ne s’en souvienne plus vraiment.

Après, on ne pourra pas en vouloir à Level-5 de faire dans la générosité. Les énigmes sont déjà nombreuses en cours de l’histoire, le studio n’a pourtant pas décidé à s’arrêter là en proposant toute une partie bonus qui permet de gonfler un peu le capital et la durée de vie. Néanmoins, on en voudra davantage à Nintendo d’avoir décider d’amputer nos braves versions européennes de London Life, le RPG bonus disponibles dans les versions japonaises et américaines développé par Brownie Brown – à qui l’on doit déjà Mother 3 et les remakes des Sword Of Mana et Heroes Of Mana sortis respectivement sur Game Boy Advance et Nintendo DS ou encore les plus récents Super Mario 3D Land sur 3DS et Super Mario 3D World sur Wii U sous leur nouveau nom, 1-UP Studio qui semblait pourtant prometteur. Et aurait pu justifier à lui seul l’intérêt de Professeur Layton et l’Appel du Spectre via une plus-value alternative et rafraîchissante pour la série, quand bien même cela n’aurait été que ponctuel.

[section id= »conclusion » style= »border:1px solid white;padding:10px;overflow:auto;background-color:#00a0db;color:#FFFFFF; »]Finalement, ce jeu qui se montrait excellent quand on le prend dans la globalité du style se limite à un volet asthmatique dès lors qu’on approche le microscope pour se focaliser uniquement sur la série en elle-même. Professeur Layton et l’Appel du Spectre tire une révérence de l’ère DS en demi-teinte malgré toutes ses bonnes volontés. La faute à une avancée en roue libre qui donne une impression similaire au fleuve tranquille basé uniquement sur une succession d’habitudes routinières d’un vieux couple. Ce qui est en soit sécuritaire mais ô combien morose dans le vécu. Et amputer la seule initiative vraiment audacieuse qu’incarnait London Life, un véritable jeu dans le jeu, n’arrange vraiment pas la déception que représente ce quatrième opus.[/section]

 

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  1. Je n’ai fait que les 2 et 3 qui étaient excellents.
    Dommage si celui-ci n’arrive pas à renouveler la série, ça ne donne pas vraiment envie de s’y plonger dedans :/

  2. C’est sûr qu’il vaudrait mieux choisir le premier en priorité si tu ne l’as pas fait 😉 . Après, comme je le disais, c’est un ressenti personnel sans doute dû que je suis moins proche de l’univers de Layton que d’autres softs d’aventure qui resservent une tambouille assez similaire d’opus en opus sans que je ne ressente pour autant de lassitude (je pense notamment aux Ace Attorney). Après, d’après ce que j’ai cru voir, notamment du côté de Sens Critique, les avis restent mitigés et certains ont été eux aussi déçus de cet opus-là en particulier alors qu’en parallèle, ils adulent les autres. Alors que d’autres hissent tous les opus qui ont pu sortir sur le même piédestal, ce 4ème volet compris.

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