[dropcaps style=’2′]The Next BIG Thing, malgré sa grande qualité, a été un cuisant échec commercial. Est-ce que cela a contribué au cheminement futur des ibériques de Pendulo ? Ou au contraire, le studio avait-il prévu de plus longue date quant au parti-pris très différent que prendrait son bébé suivant ? Pas évident à dire mais en tout cas, le nouveau-né, Yesterday, se situe à des années lumières des précédents travaux des Espagnols. Exit les sempiternelles comparaisons avec l’âge d’or de Lucas Arts, Pendulo décide de sortir de sa zone de confort afin de débroussailler d’autres contrées. Mais le savoir-faire acquis durant les huit dernières années sera-t-il suffisant afin que le premier essai vers une nouvelle direction s’avère gagnant du premier coup ? Ou cela sonnerait-il vers le début d’un nouveau voyage d’apprentissage ? Malheureusement, et malgré toute la sympathique que l’on peut bien témoigner à l’égard du studio espagnol, la réponse tend quand même pas mal vers cette seconde possibilité.[/dropcaps]
Il suffit de bien observer l’écran de démarrage et de constater le petit message de dédicace pour se rendre compte du pot aux roses : définitivement, Yesterday sera très différent des Runaway et The Next BIG Thing. Car si l’on peut voir dès l’écran-titre que le cell-shading est toujours de mise, il se révèle moins coloré que d’accoutumée. Plus sombre est également la musique de fond. Et ce message introductif pour enfoncer le clou une bonne fois pour toute que l’on touchera du doigt un sujet sérieux, voire carrément grave. Car Yesterday se veut dédié au monde de la rue et aux associations, celle des Enfants de Don Quichotte en tête, se bougeant le cul afin de rendre la vie des Sans Domiciles Fixes plus supportables.
L’introduction également se révèle inquiétante : meurtres de SDF, cérémonies sacrificielles satanistes… On se retrouve à manier un jeune homme dénommé Henri White et son ami Cooper, tous deux bénévoles à ladite association sus-mentionnée avec un arrière-goût terreux en gorge. Celui-là même qui annonce comme un pressentiment de déroulement futur fort sombre où l’odeur de sapin s’avère omniprésente. Autant dire que l’on est très loin des frasques absurdes du passé de son géniteur. Au contraire, le ton est grave, sérieux et mesuré. La seule chose qui éloigne de toute réalité reste sans conteste cet emprunt au fantastique. A ce niveau, les glorieux travaux de Lucas Arts sont loin et l’on se rapproche bien plus de ce que l’on pouvait trouver chez Sierra, une autre grande chapelle du point’n click des 80’s/90’s.
Henri White, riche futur héritier d’un gros empire multinational et Cooper, gorille décérébré jouant les gardes du corps au jeune asticot bourgeois. Deux adolescents, membres des Enfants de Don Quichotte qui se retrouvent à enquêter sur les disparitions inquiétantes de plusieurs clochards. On les retrouve à l’entrée d’un vieux tunnel, une vieille rame de métro désaffectée, en quête d’indices. Et définitivement, on se rend vite compte que les deux comparses ont frappé à la bonne porte car ils ont tôt fait de se retrouver face à des hurluberlus aussi frappadingues que dangereux. Capture, tentative de sacrifice, évasion et tragiques conséquences de légitimes défense, les deux jeunes hommes finissent par plier bagage en quatrième vitesse, non sans charger deux « macchabées » dans le coffre de leur camionnette.
Les années passent, on se retrouve sous la peau d’un nouveau protagoniste, John Yesterday, homme aussi mystérieux qu’amnésique, venant de se remettre d’une vilaine agression. Aussitôt sorti du coma, nos routes s’entremêlent une fois encore avec ce fameux Henri White, aujourd’hui devenu adulte et riche comme Crésus, maintenant qu’il a hérité des pleins pouvoirs entrepreneuriaux de la société familiale. Objectif de l’amnésique : reprendre la mission qui lui a été confié auparavant là où il était mystérieusement resté sur le carreau. Autant dire, vu l’état d’esprit de l’intéressé, tout reprendre depuis le début. Aussi peu évident pour lui que pour le joueur qui ne comprend décidément pas grand-chose à ce qu’il se passe durent ces vingts premières minutes.
Ce qui n’est absolument pas un problème car le déroulement de Yesterday tourne autour du démêlement de tout ce schmilblick. Et y apporter un terme. Pour cela, il n’y aura pas forcément besoin d’être très patient car les révélations pleuvent très vite. Aussi vite qu’il se termine d’ailleurs car en trois ou quatre heures, la bête est pliée. Malheureusement, Pendulo ne semble pas forcément avoir retenu la leçon de The Next BIG Thing en terme de compression car Yesterday bat ici tous les records. Et si le précédent jeu des Ibériques montrait en cette faille de déroulement trop expéditif, un amoindrissement de l’implication du joueur en terme narratif, le dernier-né se montre carrément frustrant.
Car se faire à une nouvelle approche par rapport à ce que l’on pensait être l’identité Pendulo est déjà un sacré travail intérieur en soi pour que cela passe comme dans du beurre, il est encore plus difficile de le faire la bestiasse devant nous crache ses glaviots comme une pluie de météorites. Pourtant, on sent que le savoir-faire en terme de plume est présent : si l’on met de côté la compression en terme de déroulement, il faut reconnaître que l’histoire développée par Yesterday est bien foutue, le tout, enrobé par un gameplay efficace, à l’image de ses grands frères même si présenté un chouïa différemment. Narré par l’intermédiaire de cinématique en bande-dessinée, le propos reste intéressant et oscille tour à tour entre moments graves, suspens et humour. Car oui, si on est loin du déjanté d’antan, ce dernier est toujours là, distillé dans un contexte tout en retenue. A vrai dire, tant sur le background – certains décors tant sur leurs teintes que leurs détails notamment – que la narration, on pourrait dire qu’on se rapproche beaucoup de ce que l’on peut trouver du côté des Broken Sword des grands jours. L’humour british remplacé par un mix entre l’humour made in Pendulo, en témoignera les habiles clins d’œil assez potaches à leurs travaux passés, mâtiné d’un soupçon de cynisme sombre d’un Gabriel Knight. Mais à l’instar du premier Runaway, on retrouve une certaine timidité de jeunesse. Les Espagnols tentent de nouvelles choses et l’on sent qu’ils ne sont pas encore très à l’aise dans leurs baskets sur le sujet. Et c’est bien dommage car cela impacte beaucoup sur la qualité générale de leur nouveau bébé.
[section id= »conclusion » style= »border:1px solid white;padding:10px;overflow:auto;background-color:#00a0db;color:#FFFFFF; »]En cela, Yesterday défriche autant qu’il ne déçoit. Pendulo signe là un prétendant en demi-teinte. Plein de bonnes intentions quant à son habitude, le studio retrouve là la maladresse qu’il pouvait montrer lors du premier Runaway. Car nul doute que Yesterday manque de gnaque malgré de belles qualités d’écriture. Car s’il faut se diriger vers d’autres sphères du point’n click, on n’aura aucun mal à se rediriger vers d’autres grands noms, tels que les softs de Sierra ou encore Revolution Software. Car aussi vieux ces derniers peuvent-ils être, ils ont le mérite d’être plus aboutis et haletants que le sujet du jour, visiblement développé trop hâtivement pour qu’il se hisse au même niveau.[/section]
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