Des grands noms qui ont contribué à forger le genre du J-RPG, Phantasy Star n’est probablement pas le plus populaire chez les jeunes joueurs à l’heure actuelle. Maintenant centrée sur le jeu online, la série de Sega, née sur Master System, a véritablement connue ses heures de gloire sur la Megadrive. Phantasy Star II fut le premier à sortir sur cette machine et fait figure de RPG cultissime de l’époque. Un chef d’oeuvre incontournable ? Phantasy Star II… Un nom qui parle beaucoup aux pros-Sega, aux vieux de la vieille. A sa sortie, ce n’était pourtant déjà pas très sexy comme jeu. Un peu comme le premier opus, lui sorti sur Master System, qui était techniquement franchement très limité. Mais le progrès est là malgré tout. Et nul doute que son ambiance, éternelle, saura conquérir bon nombre de rôlistes. Ne vous fiez pas aux apparences, le monde de PSII est bien plus développé qu’il ne semble au premier abord…
Le lien avec Phantasy Star premier du nom est relativement large, puisque l’histoire se passe ici mille ans après les événements de celui-ci, mais les références y sont multiples. On commence sur la planète Motabia, dans le système d’Algol, où un mystérieux ordinateur surpuissant, Mother Brain, gère tout le système solaire. Ce fameux ordinateur sera le point central du scénario. Scénario qui s’avérait par ailleurs être plutôt surprenant pour l’époque… Alors que la plupart des jeux de rôle de l’époque prenaient cadre dans un univers de pure fantasy très classique, les Phantasy Star avaient cette particularité de nous emmener dans une histoire spatiale où l’on visite différentes planète, ce qui a permis à la série de se démarquer des autres RPG et de se forger sa propre identité. L’histoire se voulait aussi moins simple que les autres jeux de rôle de cette époque, en prenant quelques parti-pris intéressants, et en instaurant tout simplement la tragédie dans le monde des J-RPG, avant même Final Fantasy IV (contrairement à ce que beaucoup pensent) et consorts… ce qui inspira grand nombre de développeurs par la suite.
Graphiquement, le jeu ne pourra éblouir personne. Ceci dit, il disposait d’une ambiance vraiment marquante et plutôt impressionnante vu les moyens techniques utilisés. Que ce soit dans la retranscription graphique ou sonore de l’univers, Phantasy Star II avait une vraie identité, une ambiance travaillée qui ne laisse pas indifférent. L’OST du jeu était cependant assez peu fournie, avec des musiques globalement très répétitives (gare à l’overdose), généralement à la composition plutôt simple. Certaines mélodies sortaient tout de même du lot, comme Rise or Fall, le thème des combats, mais au final, la plupart des musiques étaient surtout marquantes parce qu’on les entendaient tout du long du jeu… Mais s’il y a une chose qui a contribué à faire la réputation de Phantasy Star II, ce sont sans doute ses donjons extrêmement tortueux. Pour vous dire, ils étaient tellement difficiles que le jeu était vendu avec un guide contenant les cartes détaillées de l’ensemble des donjons… Car si on peut s’en sortir tout seul pour les trois ou quatres premiers, les suivants seront difficilement réalisables de la sorte, à moins d’avoir une chance extraordinaire ou une mémoire visuelle hors du commun.
L’architecture des donjons est en effet plus que chaotique. Nous sommes loins de ceux des premiers Final Fantasy ou Dragon Quest, finalement très simples et linéaires en comparaison. Ici, les couloirs sont larges, mais entrecoupées d’une multitude de carrefours, qui parfois se rejoignent, parfois mènent à des impasses, et d’autres fois sont ponctués de plusieurs téléporteurs pouvant vous emmener à des étages soit supérieurs soit inférieurs à celui où vous vous trouvez. Avec la résolution d’écran évidemment très petite et la taille des couloirs plutôt abusive, c’est tout bonnement impossible de ne pas s’y perdre ! Les effets en foreground comme les poteaux n’aident pas forcément non plus à la bonne lecture de l’ensemble. Il faut faire preuve d’une grande concentration et prévoir quelques tisanes pour venir à bout de ces donjons, que vous ne ferez jamais d’un seul coup, et toujours en plusieurs heures ! Si les joueurs voyaient ça comme une difficulté relevée, on peut aussi imaginer que c’était la grève des level-designers à l’époque chez Sega… Les villes sont construites de façon étranges également, avec un manque d’organisation évident (une place géante et hop, des maisons par-ci par-là pour égayer le tout). De ce côté-là, Phantasy Star II a franchement pris un sacré coup de vieux et semble bien lacunaire à l’heure actuelle.
Parlons enfin des combats, assez nombreux, comme vous pouvez vous en douter. La formule classique de Dragon Quest est reprise, bien qu’ici on peut voir nos personnages sur l’écran de combat, avec d’ailleurs une petite animation à chaque attaque. Par contre, pas de fond de combat spécifiques aux environnements (hormis pour les boss), on a une sorte de « décors virtuel » à la place (voir l’image juste au-dessus). Autre spécificité, il n’y a que deux boutons : « Fight » et « Strategy ». Strategy vous permet de définir les actions de vos héros à l’avance (attaquer, se défendre, magie…), et Fight lance le tour avec les actions que vous avez donc pré-définies. Cela change de ce que l’on voit habituellement, et ça permet en plus d’aller plus vite puisque dans la majorité des combats, la commande attaque suffira. Donc vous n’avez qu’à appuyer sur Fight à chaque tour, ce qui économise donc trois appuis de boutons par rapport aux autres RPG. N’est-ce pas magique ? Les joutes sont ceci dits tout de même assez ardues, et une fois sortis de la première ville, vous comprendrez assez vite qu’il sera nécessaire de faire du level-up régulièrement pour éviter d’être trop embêtés par la suite. Enfin, notons que les interfaces sont très minimalistes… par exemple, quand on achète une arme / une armure, on ne voit pas les stats de celles-ci (on devine leur efficacité surtout grâce à leur prix). Les menus sont très simples, mais pas toujours très intuitifs ou ergonomiques. C’est pas moins bien que Dragon Quest et sa fatigante fenêtre de commande, mais on aurait pu faire plus abordable tout de même. Vous aurez donc compris qu’en dépit de son statut de RPG culte, ce qu’il est effectivement, certains défauts paraissent plus qu’apparents aujourd’hui et c’est pourquoi beaucoup auront du mal à se lancer dans un jeu aussi exigeant. Les joueurs aventureux auront eu de quoi faire : prévoyez entre 80 et 100 heures pour venir à bout du challenge si vous n’utilisez pas (ou que partiellement) les soluces de donjons. Les autres pourront se tourner vers le quatrième épisode de la saga, nettement plus abouti graphiquement et abordable, qui reste reconnu comme l’un des meilleurs RPG de sa génération. Phantasy Star II demeure toutefois une expérience mythique, à essayer. Si ce jeu vous intéresse vraiment et que vous êtes néophyte, sachez toutefois que les versions Playstation 2 (Phantasy Star Complete Collection et Phantasy Star Generation 2) actualisent l’expérience de jeu, notamment la seconde qui remet au goût du jour graphismes, musiques, donjons et difficulté globale.