On avait sans doute eu tendance à l’oublier à un certain moment mais le jeu vidéo, ce n’est pas que du triple A réaliste. Cela peut être également des petits mondes tout mignons et colorés. Voire même minimalistes, à l’image de grands titres de la PSP comme Patapon ou encore LocoRoco. D’ailleurs, c’est plutôt de ce dernier que se rapproche grandement Pikuniku, développé par les franco-anglais de Sectordub et édité par Devolver Digital. Et quand on dit Devolver, c’est souvent synonyme de qualité mais aussi de choses perchées. Et en cela, Pikuniku, malgré ses airs faussement enfantins, ne déroge pas à la règle.
A quoi ça ressemble ?
C’est coloré, c’est mignon, l’ambiance est pleine de bonne humeur enfantine – les Barbapapas sous acide donc – ça semble être dessiné par des gamins, pas de doute, les influences LocoRoco sont pleinement là d’entrée de jeu dès le premier coup d’œil. En plus, la plate-forme est une grosse composante de gameplay, histoire d’enfoncer un brin le clou, même si Pikuniku s’en détache finalement très rapidement. On y incarne un petit monstre sortant de sa grotte au sein d’un monde où un riche excentrique règne en maître en distribuant de « l’argent gratuit ». On se débarrasse de ses affaires superflues contre du cash, le bougre semble avoir bien appris ses leçons chez Cash Converters, se permettant même le bonus de venir chercher vos « ordures à vendre » grâce à de gros robots. Il n’en fallait pas plus pour que la populace soit séduite par l’appât du gain, jusqu’à perdre un peu la tête et en profiter de manière bien trop excessive. Autant dire, quand bien même le propos est léger et les dialogues simples et potaches, il demeure tout de même en toile de fond un petit aspect dystopique. C’est que Pikuniku, ce n’est peut-être pas que pour les gamins après tout.
Comment ça se joue ?
Le soft part d’une base de plate-forme/réflexion quand bien même il s’avère autrement plus hybride dans son ensemble. Notre petit monstre s’avère en effet doté d’une physique quelque peu lunaire et approximative – ce qui est purement intentionnel de la part des développeurs – ajoutant ainsi une véritable dimension de jeu d’adresse. Niveau de sa construction globale, on pensera également à Tombi ! dans le fait qu’outre la trame principale, on y propose quelques quêtes secondaires au sein d’un monde pas forcément ouvert mais pas forcément linéaire non plus. De la même manière, le jeu dans son ensemble s’avère très varié dans les situations proposées et n’a aucun complexe à sortir du carcan avec des phases de rythme, d’infiltration ou encore un mini-jeu de basket totalement chaotique.
Pourquoi on en parle ?
Les amateurs d’immersion réaliste pourront fuir au plus vite ce Pikuniku mais si vous êtes sensibles aux univers colorés, enfantins et aux ambiances aussi feel good que perchées, vous frappez pile poil à la bonne porte. On se plonge dans un soft aussi régressif et fascinant dans sa forme et son ton. Et une fois la physique cheapos de notre protagoniste apprivoisée, on ne s’ennuie pas non plus une seconde d’un point de vue ludique tant les situations sont variées tout en restant cohérentes à sa formule plate-forme/réflexion de base. On pourra peut-être regretter qu’il ne dure que quatre à cinq heures, d’autant plus que son parti-pris accessible et jamais pénalisant en terme de difficulté ne viendra pas offrir un petit rab’ aux moins skillés mais c’est typiquement le genre de soft où l’on se dit finalement que cette durée de vie limitée lui va plutôt bien tant la redondance aurait pu poindre le bout de son nez si elle avait été étirée davantage. A noter en bonus que Pikuniku propose de la coopération avec un second joueur (et quelques mini-jeux dédiés).