SOS : The Final Escape, comme avons pu l’aborder au travers du dixième numéro de Survivance, proposait autant de bonnes idées qu’il accumulait de défauts principalement dûs à sa localisation déplorable et à une technique loin d’être parfaite. Au Japon, sa terre de naissance, le titre d’Irem semble avoir remporté un franc succès pour que le développeur remette le couvert pour un second épisode qui s’éloigne des tremblements de terre, pour nous proposer de survivre face à une menace tout aussi effroyable et désastreuse humainement et matériellement : les inondations… A grande échelle, ici, il faut bien le dire. Sorti milieu 2006 dans l’archipel nippon avec le sous-titre Mémoires gelées, il faudra attendre juin 2007 pour voir arriver dans nos rayons de jeux à petit budget le bien nommé Raw Danger!, la version européenne dont la jaquette semble être une allégorie de la localisation pour notre territoire. Pour ce qui est du jeu au sens plus général, il y a vraiment du mieux, comme nous allons voir ci-après.
C’est la veille de Noël à Geo City. La préparation du réveillon bat son plein, à l’instar de l’importante pluie qui sévit là-dehors. Cela n’a l’air d’inquiéter personne, jusqu’au moment où la structure de la ville ne peut plus supporter ces fortes précipitations, et commence à littéralement prendre l’eau et s’effondrer sur elle même. Il n’est donc ici plus question de tremblements de terre mais bien d’inondations, et c’est à travers cette fois cinq survivants que nous allons suivre cette catastrophe sans précédent. Cinq personnages jouables totalement différents, quelque peu ordinaires, mais plutôt attachants : on prendra ainsi le contrôle d’un serveur, d’un chauffeur de taxi, d’une lycéenne, d’un type amnésique, et d’une fugitive. On enchainera leur histoire à tour de rôle, mais leurs péripéties seront intimement liées, au point que certaines actions effectuées sur un des scénarios influera le déroulement d’un autre, que ça soit en bien ou en mal. Pas mal de PNJs (dont quelques surprises) viendront s’ajouter au casting histoire de rendre les choses plus intéressantes. Le système d’affinités et de réponses multiples du premier épisode est d’ailleurs de retour : être sympa ou au contraire méprisable impactera fortement la fin d’une partie, avec des résultats souvent hilarants. Ce qui nous amène plus ou moins à la localisation du jeu, car autant se débarrasser du sujet tout de suite… Et bien finalement, si on retrouve le même massacre graphique que dans l’opus précédent, avec tout un monde de blondinets aux noms des plus américains mais aux tenues des plus japonaises (dans une ville fichtrement tokyoïte), très peu de libertés semblent avoir été prises au niveau des dialogues (miraculeusement pas traduits en français, on les remercie) qui sont loin d’être aussi ridicules qu’avant, pour une bonne intrigue distillée au travers de ses différents protagonistes, avec des moments tragiques, quelques séquences malsaines, pas mal de retournements de situation. Enfin, n’allons pas trop loin dans les louanges, nous sommes juste en présence d’une qualité écriture digne d’un très bon téléfilm, surtout avec une trame de fond qui sent bon la pseudo menace d’une mystérieuse entité diabolique. Mais ça lui donne un cachet certain, légèrement nanardesque.
Raw Danger! est une fois de plus porté sur la survie en milieux hostiles, mais le développeur a choisi une autre voix pour cet opus. Car ici, le danger, c’est l’eau. Et le froid. Être exposé aux pluies diluviennes ainsi qu’à diverses agressions aquatiques et thermiques n’est guère l’idéal pour rester au sec et au chaud, et à force de rester mouillé(e), c’est l’hypothermie qui va rapidement sévir, entraînant fatigue, étourdissements et, dans le pire des cas, la mort. C’est donc humidité et température corporelle que devra surveiller le joueur s’il ne veut pas voir arriver une tragique fin de partie. En l’occurrence, les barres d’énergies et de soif de SOS The Final Escape sont ici remplacées par une étrange pastille située en bas de l’écran et composée d’indicateurs précisant à quel point le personnage est trempé et s’il est en train de se les geler sévère ou non. Comme avoir des vêtements humides fera inexorablement chuter le thermostat, il faudra donc éviter de se mettre sous des trombes d’eau, tomber dans des flaques, et surtout régulièrement se sécher auprès de chauffages et autres feux improvisés. Mais comme ces zones de survie ne courent pas les rues, il sera possible de manger des plats cuisinés ou utiliser des chaufferettes jetables qui permettront de se maintenir au chaud pendant quelques minutes. S’habiller comme il faut aidera beaucoup aussi, surtout si les vêtements sont imperméables. Attention cependant à ne pas les déchirer suite à une maladresse, ou tout simplement avoir peur du ridicule. Évidement, si l’on ne sera pas systématiquement pas victime du froid, c’est les répercutions du désastre qui se chargeront de mettre des bâtons dans les roues des héros : bâtiments qui s’écroulent, montées soudaines des eaux, objets qui flottent et qui se mettent violemment dans le passage… On retrouve donc ce qui faisait le charme de SOS The Final Escape, à savoir de nombreux séquences de plateformes en milieux dévastés, avec déplacements à tâtons, sauts par dessus des précipices, des échelles casse tronche, des trucs à pousser… Et toujours pas d’armes pour se défendre contre des criminels. Les situations sont variées, mieux mises en scène, avec un mélange de phases d’action et d’infiltration, pour un jeu au final jamais vraiment bien calme puisque l’on ne sera jamais à l’abri de se manger un truc dans la tronche, de tomber dans un trou ou de périr noyé(e)… Bon évidemment tout est scripté, donc après s’être fait avoir une fois, difficile de se rater par la suite. Pour en finir avec le gameplay, on notera que beaucoup d’aspects à peine utilisés de le premier opus seront bien mieux exploités dans Raw Danger!. En outre, on sera emmené à conduire un taxi ou encore à naviguer avec différentes embarcations improvisées durant des phases particulièrement longues (et crispantes). On retrouvera également la possibilité de bricoler différents équipements pouvant servir à se protéger des intempéries ou à progresser dans l’aventure. Et pour le coup, c’est vraiment utile, surtout pour passer pour un épouvantail habillé de bâches en plastique… Ridicule encore une fois… Mais bien protégé du froid. Globalement, si on ajoute que chaque personnage possède une capacité spéciale qui lui ai propre, c’est encore un jeu fourre-tout, avec plein d’idées et pas mal de code plus ou moins utile derrière, mais on sent un meilleur encadrement niveau développement, avec beaucoup moins de fonctionnalités superflues. Et c’est plutôt agréable.
Parlons des sujets qui fâchent et qui faisaient bien malgré lui la renommée du premier épisode. Techniquement, Raw Danger! est encore loin de casser la baraque, mais il y a un large fossé entre lui et SOS The Final Escape. Dans son ensemble, la ville où se déroule l’intégralité des évènements du jeu est sincèrement bien construite. Les décors vides ont disparu et laissent place à des rues et intérieurs fourmillant de détails. On remarque tout au long des différentes aventures le soin apporté à la modélisation des décors, le choix des couleurs – c’est un détail, mais tout de même – ainsi qu’au réalisme des conditions météorologiques : pluie, neige, blizzard, inondations… Tout y est bien retranscrit. En revanche, cela pèche toujours au niveau des animations et de la stabilité du titre, avec des personnages très ridicules dans leurs mouvements patauds (cette galère pour monter une échelle), et l’hilarante absence d’un moteur physique donne pour résultat des trucs qui bougent de manière peu réaliste, ainsi que des bâtiments qui s’écroulent par un simple basculement d’un gros bloc, avec une texture 2D étirée au maximum pour faire l’effet giclée d’eau. Bon c’est bas d’exiger que la PlayStation 2 gère tout, mais tout de même, on constate de nombreux ralentissements et saccades qui interviennent sans raison apparente, ainsi qu’une maniabilité toujours aussi raide, avec des contrôles qui répondent plus ou moins aléatoirement, ainsi qu’un saut automatique toujours pas désiré. La partie sonore? Plutôt discrète, autant le dire, mais tout de suffisamment et idéalement présente lors des moments de grande tension. Le reste du temps… Le bruit du vent et de la pluie. Constamment.