[dropcaps style= »2″]La communication sur DriveClub débutait bien. Un jeu de course, réaliste, beau, au lancement de la Playstation 4 capable de faire face à Forza Motorsport 5 dans le camp adverse. Fière de lui, Sony se permet de le représenter à chaque événement, LE – seul – jeu de course exclusif de la machine. Patatra, la console arrive et le jeu est repoussé ad viternam. Silence radio, puis changement de direction, refonte du jeu, départs et remplacements, finalement, DriveClub déboule avec près d’un an de retard. Une arrivée mouvementée donc, à l’image des sentiments qui se bousculent après plusieurs heures de jeu.
Au lancement de la galette, tout se passait pourtant pour le mieux. Au travers d’une interface des plus claires, DriveClub nous invite à pratiquer ses pistes seul ou à plusieurs, ou à rejoindre un club, voire en créer un. Les joueurs les plus branchés “Social” se précipiteront sur cette “feature”, pillier central de la mentalité du jeu, au point de lui avoir donné son titre. Après avoir choisi un petit nom (au hasard : Archaic) et quelques options, il est offert aux joueurs de créer leur propre logo et design de carrosserie. Gadget sur le papier, cette fonctionnalité permet d’établir une marque de reconnaissance potentiellement arborée à tout moment, en solo ou en ligne. Un club peut accueillir jusqu’à six joueurs, et peut être privé ou ouvert au public. Les plus futés auront compris que l’ouverture au public ne pose aucun filtre d’entrée. Heureusement, il est possible de virer qui l’on souhaite, en tant que créateur. Une fois ces formalités réalisées, il n’y a plus qu’à concourir. Quelque soit le mode de jeu, DriveClub permet d’accroître l’expérience du joueur et de son club.
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Le mode solo, extrêmement classique, aligne les épreuves où il est possible de remporter jusqu’à trois étoiles à chaque fois. L’accumulation d’étoiles permet de débloquer de nouvelles épreuves, tout au long des cinq championnats amateur, intermédiaire, semi-pro, pro et légende, pour un total une fois tout bouclé de 225 étoiles.
A l’image de bien des jeux du genre, DriveClub nous fait partir des petits véhicules se trainant pour mieux nous faire découvrir des monstres en fin de parcours tels que des Formule 1 ou les Ferrari les plus célèbres. Pour les obtenir, le pilote doit gagner en niveau. Chaque niveau gagné amène son lot de nouvelles voitures et types de personnalisation. Mais l’expérience ne vient pas des étoiles, mais bel et bien des points glanés au fil des courses. Que vous atteigniez une forte vitesse de pointe, que vous preniez l’accélération, que vous négociez bien un virage ou tout autre beau geste, vous gagnez des points. Heurtez un concurrent ou sortez de piste vous en fait perdre. Les petits malins aimant couper les chicanes seront tristes de voir que ce genre de comportement leur occasionne perte de points et surtout pénalité de quelques secondes où la vitesse est bridée. En somme, tricher est plus que puni. Révélation de l’assemblée : DriveClub est le fils spirituel de la série Project Gotham Racing. L’XP de DC est clairement les Kudos de PGR. Les jeux sont à tel point proches que le gameplay de DriveClub est lui aussi calqué. Ainsi, comme tout le monde s’en doutait au vu des derniers trailers, DriveClub n’est ni une simulation ni un produit purement arcade.
La conduite est à mi-chemin entre les deux extrêmes, sûrement pour contenter un maximum de monde. Malheureusement, ce cul entre deux chaises est loin d’être aussi bien équilibré que son modèle. Ce qui étonne lors des premiers contacts avec les voitures tient dans la sensation de vitesse. Finalement peu présente – en tout cas avant les dernières courses – elle occasionne un défilement durant lequel la voiture paraît légèrement flotter sur la route. Premier virage, la voiture tourne telle une savonnette lancée sur un chemin de terre. Plus les voitures deviennent puissantes, et plus le plaisir de jouer s’évapore en raison des comportements parfois incompréhensibles de certaines cylindrées. Conduire les véhicules dont la caractéristique Drift est supérieure à la moyenne tient du calvaire. Pas moyen de customiser la physique du véhicule pour pallier à cela, si ce n’est le choix entre boîte manuelle ou automatique. Il en ressort des derniers défis pénibles. D’autant que pour rien arranger, l’IA des concurrents est loin d’être un modèle du genre. Elle sait placer l’intégralité des adversaires en file indienne et s’adapter à votre conduite. Ainsi, si vous freinez, elle vous attend mais si vous êtes dans le trio de tête, attendez-vous à devoir mériter votre place, et ne croyez pas qu’elle vous laissera la dépasser ou prendre correctement un virage : l’IA n’hésite pas à vous rentrer dedans, vous occasionnant certes que des dégâts visuels – les voitures se conduisent de la même façon quelque soit l’état de la carrosserie – mais pouvant surtout vous envoyer dans le décor. Quitte à sacrifier une voiture. Sans compter que les adversaires, avec la même voiture que vous, iront plus vite en ligne droite ! Aberration complète, apparemment pour compenser leur excès de freinage dans les virages. Très vite, la moindre erreur de pilotage prive du podium, obligeant à recommencer la course aussitôt.
Si les premières heures font penser à un jeu exigeant, les suivantes ne montrent qu’un jeu à la difficulté mal dosée, en raison de ces deux points plus que discutables. Dommage car dès lors que l’on opte pour une voiture “peu drifteuse”, le plaisir de jouer revient. Bien assez pour persévérer et tenter le multijoueur. Avec un titre pareil, il est évident que DriveClub s’axe sur le jeu à plusieurs. Pourtant, fort de cinq environnements et relativement peu de courses, vous tournez bien vite en rond. Que vous battiez des records, que vous acceptiez (et réussissiez les défis envoyés par d’autres joueurs) ou que vous remportiez des courses, la seule carotte tient dans la montée en expérience de votre club, permettant de débloquer les ultimes voitures. Autant dire que très vite, le solo redeviendra le nerf de votre guerre routière. Malgré tout, DriveClub reste un petit jeu de course plutôt sympathique à parcourir, à petites doses, obligatoirement, sous peine de s’en écœurer, et plutôt joli. La technique n’a pas à trop rougir de la concurrence – Forza restant tout de même l’étalon du genre – offrant de jolis moments, comme à chaque course où le temps change. Chose finalement plutôt rare : l’heure de la course évolue avec vous pour vous permettre de débuter une course de jour et la finir de nuit, et vice-versa. Les voitures sont plus que bien modélisées, tout comme leur habitacle, fidèlement reproduit et différent selon les modèles. DriveClub permet de prendre de bien beaux panoramas avec la fonction Share.
DriveClub se parcourt le sourire aux lèvres les premières soirées, pour finalement offrir une conduite insupportable où la moindre erreur – souvent provoquée par l’IA – oblige à tout recommencer. Très classique dans sa progression et finalement assez maigre en options et customisations, DriveClub étonne. Après tant de mois de gestations supplémentaires, comment peut-il paraître si archaïque et convenu. Les fans d’arcade apprécieront mais le déserteront une fois les conduites en drift quasiment obligatoires. Les pro-simu le laisseront sur le bas côté dès le démarrage. Il en résulte un petit jeu sympa, à ne peut-être pas payer plein tarif, bien loin de son statut de blockbuster proclamé par la communication Playstation.