Chase the Express

Terreur à Grande Vitesse

Genre
Action
Développeur
Sugar & Rockets / TYO Entertainment
Éditeur
Sony Computer Entertainment
Année de sortie
2000

Noyé dans le nébuleux mais passionnant organigramme des sociétés travaillant, de près ou de loin, pour Sony et sa PlayStation à la fin du siècle dernier, le japonais Sugar & Rockets est surtout connu dans nos contrées pour son travail de conception et/ou de production sur les séries Kurushi et PoPoLoCrois, réalisées conjointement avec le studio G-Artists. Se focalisant en aucune manière sur un genre en particulier, la boîte s’est associée en 2000 avec TYO Entertainment pour nous concocter un titre dont il est difficile de ne pas rapidement entrapercevoir la finalité quand nous prenons connaissance de son nom et de sa jaquette : avec Chase the Express, il va être en effet question de train, d’explosions, et probablement d’action à tout va. Simple mais vaste programme en perspective !

Chase the Express prend place à bord du Blue Harvest, un train militaire à grande vitesse conçu en coopération entre l’OTAN et la Russie. Le voyage inaugural, prévu de Saint-Pétersbourg à Paris, est un symbole marquant de la relation entre l’organisation et la fédération. Malheureusement l’incruste opportune puis l’attaque surprise d’un groupe terroriste au sein de l’engin va en décider autrement. Le personnel de sécurité méthodiquement liquidé puis la prise d’otage très ciblée de l’ambassadeur français et sa famille, malchanceux voyageurs du train, instaure directement le ton : ces types ne sont pas des tendres et ne sont pas vraiment prêts à négocier. Ce qu’ils ne savent pas en revanche, c’est que le lieutenant Jack Morton, soldat d’élite de profession et protagoniste de notre histoire, se trouve dans une autre voiture. Celui-ci obtient expressément le feu vert pour endiguer cela avec toute la subtilité non nécessaire, tant que les innocents civils à bord sont sauvés.

Influencé par les films d’action des années 90 où un seul homme vient à bout d’une armée surentrainée avec un simple trombone, et en particulier de Piège à grande vitesse avec Steven Seagal, suite du classique (et délicieusement idiot) Piège en haute mer, dont il reprend quelque peu le concept général, l’amour de la pyrotechnie et des affrontements musclés, Chase the Express propose un scénario au prémisse tenant certes sur un timbre poste, mais qui s’autorise quelques emprunts appréciés aux fictions d’espionnage, avec un sens certain de la mise en scène et un tant soit peu de recherche quant à sa mise en contexte. Notre héros, assez borné et bourrin au demeurant et quand même assez lisse dans son ensemble, la faute au doublage français peut-être, pourra compter sur l’aide d’autres passagers qui ont pu fuir les hostilités ainsi qu’un bon paquet de sous-fifres faisant office de boss qui tenteront – en vain nous nous en doutons – de l’arrêter. Sans non plus exploser les codes du genre, le titre ne s’enfonce pas directement dans une trame parfaitement prévisible et rectiligne, mais sait bien garder du suspens, le soupçon d’espionnage aidant, en balançant quelques rebondissements et autres situations insoupçonnées qui pourront se trouver modifiées selon nos actions, avec une poignée d’embranchements et fins différentes à découvrir. Nous noterons notera enfin si le jeu ne navigue pas dans une trame géopolitique poussée à l’extrême, il est plutôt au fait des événements de son époque et fait ainsi écho à la guerre du Kosovo sans vraiment la citer, invoquant au travers différentes notes des conflits en cours dans l’Europe du Sud-Est et toute la volonté humanitaire et militaire engagée par le Blue Harvest. Mais oui, ça va péter et être pas mal sanglant, pas d’inquiétude !

Si avec son concept et sa trame scénaristique, nous sommes plutôt sur de l’original pour du jeu-vidéo, Chase the Express l’est sensiblement moins quand nous nous attardons sur son gameplay. La base de ce dernier, c’est le classique des classiques, maintes fois démultiplié, tronçonné, et itéré à l’extrême, à savoir Resident Evil. Ici, les soldats remplacent les zombies à zigouiller, mais dans la forme, rien ne change ou presque : maniabilité façon tank, inventaire aux emplacements limités à gérer, objets, armes et munitions, à dégoter, quelques bêtes énigmes à base d’objets en guise d’alternatives aux combats, ainsi qu’un train en lieu et place du célèbre manoir. L’idée inhérente et plutôt intéressante à cela, c’est que l’exploration sera donc sur un axe parfaitement vertical, mais sur deux étages et un toit, avec des accès pas systématiquement autorisés en début de partie, mais qui le seront selon l’évolution de l’histoire, cette dernière s’amusant régulièrement à nous balader d’un bout à l’autre du convoi, ce qui pourra parfois agacer. Durant les combats, Jack Morton pourra se déplacer baissé, se mettre à couvert derrière certains éléments du décor, et même effectuer des roulades et tirer en arrière. Plutôt que d’offrir une visée automatique, Chase the Express propose un système qui demandera une précision au poil de fesse près et qui tiendra compte de la distance avec un adversaire, une arme infligeant moins de dégâts si l’on attaque à trop grande distance d’une cible. Pas simple quand la caméra ne coopère pas, mais pas non plus insurmontable, même si nous pourrons pester davantage durant les risques avec les boss, ceux-ci étant particulièrement rapides et puissants. Il semble pertinent de noter que les ennemis, en plus de débouler souvent de n’importe où pour des assauts surprises, auront tendance à réapparaître dans les wagons, alors que les munitions elles, seront bien plus limitées, disposées ça et là ou plus rarement lâchées par un adversaire déchu. Gare donc à bien économiser balles et medikits en début de partie afin de ne pas être rapidement bloqué et échouer à combattre aux poings, ceci étant tout bonnement inefficace. Le titre saura se montrer plus généreux par la suite, même si l’équilibrage et la précision des armes fait parfois défaut.

Quelques défauts pour ce The Chase the Express donc, qui pourront cependant être éclipsés compte-tenu de la réalisation propulsant le titre. Ainsi, les situations portées sur l’action seront mises en scène de façon efficace, que ça soit directement via le moteur du jeu ou par de très nombreuses cinématiques, si nombreuses qu’il faudra à un moment basculer sur une seconde galette, alors qu’une aventure ne dépasse pas les six heures. Des cinématiques avec un doublage français intégral, pas toujours dans le ton donc très téléfilm de la TNT, qu’on pourra apprécier ou non pour son côté nanardesque. Dommage également que la qualité des modélisations durant celles-ci ne soit pas plus harmonieuse. Pour la bande-son, nous sommes sur du très standard mais efficace, avec des compositions qui savent mettre dans l’ambiance aux moments opportuns. Enfin, les graphismes, dont il est difficile de ne pas être étonné quant au mix proposé : à l’intérieur du train, nous sommes sur de classiques rendus 3D, déjà vus dans nombreux survival horrors et JRPGs sur PlayStation, mais ici projetés à l’écran par une caméra fixe par son positionnement… Mais pas les pirouettes et autres rotations autorisées. Pas vraiment simple à expliquer textuellement mais bien plus parlant visuellement, cette technique permet certes d’afficher des décors détaillés, mais la lisibilité en prend un coup avec une pixellisation à outrance. Un choix qui permet de gonfler les polygones de certains personnages, en particulier Jack Morton, particulièrement bien animé. En revanche, durant les passages sur les toits des wagons, soit 10% du jeu, c’est un moteur gérant véritablement la troisième dimension qui prend le relais ! L’occasion pour l’équipe de développement, sans doute, de proposer autant de paysages que de contrées traversées par le Blue Harvest, nous rendons compte de la course folle en cours.

Chase the Express
Appréciation
Avec son agrégation de différents concepts et évidentes inspirations, l’œuvre conçue avec un certain brio par Sugar & Rockets et TYO Entertainment pour la vénérable PlayStation peut se targuer de faire mouche sur bien de nombreux aspects. Avec une réalisation explosive et étonnante, plusieurs fins à la clef, un contexte réaliste et contemporain, on pourra souligner que Chase the Express ne accuse parfois trop de ses similarités avec un certain Resident Evil, dont il partage la maniabilité assez crispante et des caméras pas toujours coopératives, même si des efforts ont été faits ici pour rendre l'expérience plus agréable. En reste un titre au scénario assurément typé action et quelque peu idiot, mais pas désagréable et divertissant à la vue les situations proposées avec souvent un peu trop de sérieux, mais un doublage qui ne suit pas tout le temps. Une petite mais bonne surprise, en somme.
Points forts
Concept et contexte originaux
Plusieurs fins différentes
Techniquement étonnant
Points faibles
Maniabilité pas toujours idéale
Démarrage quelque peu crispant
Protagoniste assez oubliable