[dropcaps style=’2′]Quand les glorieux inventeurs du FPS, idSoftware (Wolfenstein, Doom, Quake), se mettent sur un nouveau projet… forcément, ça aguiche ! Promettant un cadre saisissant, des gunfights enflammées et un retour au pur jeu de tir à la première personne, Rage avait bien des arguments à faire valoir. Reste à voir ce que cela vaut dans les faits. Le jeu se passe dans un monde de type post-apocalyptique. Les environnements affichés s’avèrent être ainsi véritablement sublimes et dépaysants. Si les cadres extérieurs sont évidemment assez répétitifs par leur apparence, on ne s’en lassera pas pour autant. Les lieux que l’on visite pour les missions sont par ailleurs assez variés, et il s’agit même d’une petite force du jeu qui arrive à diversifier un minimum les plaisirs pour nous maintenir en haleine le long de toute sa campagne solo (d’une durée d’une petite douzaine d’heures, pouvant varier selon votre façon d’avancer).[/dropcaps]
D’une ville fantôme aux classiques égouts en passant par une vieille usine ou un repère de bandits, vous serez amenés à visiter des endroits plutôt glauques, collants toujours parfaitement à l’ambiance maitrisée voulue par les développeurs. En revanche, on sera un peu moins élogieux en évoquant les textures, dont certaines font très tâches au milieu des décors pourtant splendides. La qualité des graphismes est en effet bien inégale sur ce point… magnifiques de loin, mais parfois assez moches de près.
Ceux qui s’attendent à une histoire intéressante risquent également d’être déçus. Passé l’univers un tantinet original – et agréable – de Rage, son histoire et le scénario en découlant sont en fait très prévisibles et utilisent des poncifs tout relatifs au genre. Pour ma part, je dois dire que je n’en attendais pas beaucoup de ce côté pour un jeu venant de développeurs ayant déclaré que « faire un jeu vidéo c’est comme faire un porno, pas besoin d’histoire ». Et cela se vérifie effectivement en pratique, où l’histoire n’est qu’un simple prétexte pour la mise en place du reste. Celle-ci évolue d’ailleurs en majeure partie via les énoncés des missions que l’on nous donne, mais jamais il n’y a une scène inattendue qui va venir nous surprendre, ou un élément supplémentaire de mise en scène pour apporter un plus à l’ensemble. Le tout est très restreint, structuré de façon un peu (trop) simpliste. Tant pis diront certains, et dommage en diront d’autres. Rassurez-vous toutefois : Rage puise ses qualités ailleurs.
Les missions pourront sembler un poil répétitives au départ. On se contente d’aller d’un point A à un point B de façon assez générique… Par la suite, il y aura toujours ce type de mission simple, où on se rend à un lieu avec un véhicule, en éliminant quelques vilains bandits entre-temps. Mais celles qui nous intéressent vraiment sont les « grosses missions », celles où on passe longtemps dans un lieu précis pour y trouver quelque chose (étant donné qu’on passe notre temps à faire le larbin…). Comme déjà dit, ces dernières ont le mérite de nous embarquer dans des endroits assez divers. Avant de s’y rendre, il est conseillé de bien se préparer en achetant une blinde de munitions, des améliorations d’armes ou d’armures, etc… Rage offre d’ailleurs un monde « semi-ouvert », que l’on peut explorer librement (préférable de faire ça en véhicule, parce que sinon…), pour y rechercher des points de saut (histoire de débloquer des succès/trophées), éliminer des bandits pour gratter un peu d’argent, ou… ben, pas grand chose d’autre, en fait. Le monde est sympa, mais concrètement à part se rendre de la ville au lieu de mission, on ne fera guère autre chose.
« D’une ville à une mission », puisqu’effectivement, outre deux camps au début du jeu, nous sommes amenés à visiter deux villes dans Rage, qui font également un peu office de QG pour le joueur. On y revient après chaque mission pour y chercher notre butin, se ravitailler, etc… Mais elles peuvent aussi constituer une certaine place de divertissement : on peut y trouver quelques mini-jeux (comme des cartes) mais surtout, c’est de là que l’on peut participer à des courses de buggy (jouables aussi en multijoueurs). Il y en a plusieurs types : les courses normales, les courses avec armement, les rallyes, et enfin les « rallyes rockets » où il faut juste dégommer un maximum d’adversaire. Certains pourront voir en ces courses un passe-temps plutôt sympathique entre deux missions, même si on ne risque pas d’allumer le jeu juste pour ça non plus. M’enfin on imagine que telle n’était pas vraiment l’intention et la prétention d’idSoftware dans l’absolu. Dans l’univers de Rage, la chose demeure tout à fait cohérente, et a toujours le mérite d’apporter un petit plus au contenu proposé.
Mais parlons sérieusement : le coeur du jeu, les gunfights, sauront ravir les amateurs de jeu de tir. Le feeling des armes est franchement excellent, et les sensations éprouvées font partie des meilleures que l’on puisse voir dans le genre. Les ennemis se renouvellent un peu, les armes sont toutes différentes et varier entre elles est un plaisir. L’action est soutenu par des musiques très efficaces, une IA que l’on qualifiera de correcte, et des situations qui tentent de se diversifier. La quête principale vous occupera entre dix et douze heures, mais comptez-en quelques unes de plus si vous envisagez d’exploiter le jeu à fond. En comparaison à ce qui se fait à côté, et même si le mode multijoueurs ne casse pas des briques, le bilan est très honorable en terme de contenu. L’ensemble est ainsi convaincant, et Rage est au final un bon FPS, pas une grosse révolution (là n’était peut-être pas son désir premier), mais quand même l’un des plus réussis de sa génération en dépit de certains défauts sur lesquels on aura du mal à fermer l’oeil. Notamment la fin du jeu, totalement bâclée et expéditive, l’une des plus décevantes possibles… on aurait d’ailleurs apprécié un peu plus de combats épiques, surtout quand on nous bombarde un boss énorme dans l’une des premières missions, et qu’après ça… plus rien. Mais, malgré ces déconvenues, peut-être dues à un manque de temps dans le développement, on boudera difficilement notre plaisir de toucher à un pur FPS de cette sorte. Et pas si bourrin qu’on veut nous le faire croire, car le challenge est bel et bien présent, et ceux qui foncent tête baissée risquent d’être rapidement punis !