[dropcaps style=’2′]Après le relatif insuccès de Senran Kagura 2 Deep Crimson sur 3DS, la série de jeux d’action à forte composante érotique Senran Kagura revient sur Playstation ou elle est économiquement la plus viable. A cette occasion, cette série jusque-là cantonnée aux consoles portables arrive dans les salons avec une version Playstation 4 en plus de celle sur PSVita avec Senran Kagura Estival Versus.
Si Senran Kagura Shinobi Versus était bien plus qu’un spin-off, ce Senran Kagura Estival Versus est lui bien un épisode parallèle sans grande portée scénaristique. Les 20 personnages du précédent volet sur PSVita sont transportés sur une île paradisiaque où les quatre écoles devront s’affronter dans le cadre du Kagura Sennensai, festival millénaire destiné à apaiser l’esprit des ninjas défunts pour leur passage dans l’autre monde. L’enjeu n’est rien d’autre que le titre de Kagura, le but ultime de chaque Kunoichi (terme désignant les femmes ninjas). Cependant, cette base de scénario ne sera jamais sérieusement exploitée au cours de l’aventure, qui n’est au final qu’un prétexte pour des batailles sexy entre filles. Le seul vrai développement narratif concerne Ryôbi et Ryôna : les deux sœurs issues de Senran Kagura Shinobi Versus vont retrouver leur aînée Ryôki, ressuscitée le temps du festival.[/dropcaps]
Seules restent les sempiternelles blagues qui parsèment les 8 chapitres de l’histoire principale et les nombreuses side stories, mais l’humour de Senran Kagura commence à trouver ses limites et à devenir redondant. En outre, la pauvreté de la mise en scène commence à se faire sentir en l’absence de toute narration crédible, car trop d’éléments sont encore racontés sur fond noir et le côté visual novel devient vite ennuyeux et même inadapté. Un exemple tout bête : une de ces séquences purement textuelles raconte le combat entre Yumi et son grand-père revenu d’entre les morts. N’aurait-il pas été plus judicieux d’en faire un combat en bonne et due forme et de laisser le joueur vivre cela en direct? Autre manquement, le background des sœurs Mikagura, développé tout au long du jeu, ne trouve aucune conclusion claire. Tout ces éléments montrent combien Senran Kagura Estival Versus a été vidé de sa substance narrative par Marvelous. Tout juste pourra-t-on se consoler avec les nombreuses illustrations toujours très sympathiques présentes dans cet opus.
En termes de gameplay en revanche, la série va dans le bon sens. A l’image de Senran Kagura Shinobi Versus, chaque «mission» vous opposera a une multitude d’ennemis, puis à une ou plusieurs rivales. C’est la un point très important : cet épisode vous mettra très souvent à 1 contre 2 ou 3! Cela donne une action hyper-rapide et des confrontations vraiment intenses, surtout que l’IA des ennemies est ultra-agressive. Celles-ci ne vous lâchent pas d’une semelle et n’hésitent pas à utiliser leurs attaques spéciales à répétition. Il faut donc extrêmement alerte, agile et viser les combos aériens qui font la différence. C’est d’ailleurs presque trop fouillis ou frustrant par moment, car votre personnage est (beaucoup) trop souvent étourdi ou victime d’états anormaux. Pour éviter d’être bêtement bloqué de la sorte, les contrôles incluent plusieurs possibilités de contre notamment en prenant appui sur les murs. Au final, on regrettera encore et toujours la caméra capricieuse à proximité des murs. La série réajuste enfin son challenge avec cette fois trois niveaux de difficulté au lieu de deux : ceux qui veulent en baver comme ceux qui veulent aller vite en auront pour leur argent. Pour l’emporter, il sera encore une fois question de faire bon usage des ninpôs, ces puissantes techniques spéciales exécutées avec L1+carrée ou triangle. Ce dernier titre en ajoute un troisième, qui est en réalité en transformation : cette métamorphose qui consomme presque tous vos points de technique est d’une puissance incomparable, capable de balayer un boss d’un seul coup! Miyabi prend par exemple une forme angélique alors que Homura dégaine son fameux septième katana. En résumé, le gameplay de Senran Kagura Estival Versus est tout bonnement inversement proportionnel à sa narration, énergique et impressionnant.
Après un Senran Kagura Shinobi Versus plutôt long, Marvelous livre là encore un contenu fourni qui occupera au bas mot 30 à 40 heures. En plus des huit chapitres de l’aventure principale, le jeu contient un mini-défi consistant à trouver et à détruire des autels dissimulés dans les missions. Défi qui lui-même débloque les mini-histoires purement humoristiques propres à chacune des 25 filles du jeu. De plus, les nombreuses mises à jour intervenues au Japon ont rajouté de nouveaux chapitres parallèles gratuitement. Si toutefois tout ceci n’était pas assez, le mode multijoueur en ligne est reconduit avec de nombreux modes de jeux (score attack, match par équipes, capture the flag, survie…) et jouable à 4. Les règles sont entièrement paramétrables avec la présence éventuelle de concurrents gérés par l’IA, le matchmaking est très rapide et même à plusieurs le jeu ne ralentit jamais.
Les cinq nouveaux personnages sont plutôt inégaux, notamment dans leur façon de se battre. Des trois sœurs Mikagura, la cadette Kafuru est probablement la plus intéressante et la plus drôle : combattant à mi-distance avec ses pistolets à eau (!), elle est assistée par un dauphin à la voix virile ! Renka est un peu plus anecdotique avec ses tambourins, et Hanabi est carrément trop lente pour être efficace dans les combats effrénés. Ryôki, qui est un peu la nouvelle star de cet épisode, est sans surprise la nouvelle venue la plus travaillée. Son style de combat est parfaitement en phase avec sa personnalité : dans un état second, elle n’hésitera pas à lâcher son fusil à pompe et son bouclier pour foncer dans le tas armée de son seul cercueil ! Enfin et pour ceux qui ont quelques économies en marge de l’achat du jeu, Senran Kagura Estival Versus a eu une longue saison de DLC avec de arrivantes plus réussies les unes que les autres, pour un total final de 35 personnages jouables (notez que Rin et Daidôji sont gratuites). Chacune des invitées de marque, dont Ayane de Dead or Alive, le trio de l’anime Ikki Tôsen ou encore Naraku & Kagura (ces deux dernières issues de Senran Kagura 2 Deep Crimson où elles n’étaient pas jouables), ont fait l’objet d’un travail minutieux qui les rend aussi agréables à jouer, sinon plus, que les «titulaires».
Au niveau purement technique, le titre de Marvelous reste un jeu de niche et ne tire évidemment pas le maximum de la PS4. Les environnements restent étriqués et simplistes, les ennemis banals sont assez maladroitement modélisés et animés. Sans surprise, le paquet a été mis sur les héroïnes qui ont vu leurs formes toujours généreuses s’affiner un peu plus, avec des contours très propres et un niveau de détail réhaussé. Avec ça, le 1080p et les 60 images par secondes sur la console de salon, le plaisir des yeux est garanti. Sur PSVita, le jeu perd forcément en finesse et en fluidité, mais il se défend quand même très bien. A l’inverse d’autres éditeurs qui négligent les versions PSVita au profit du lead-développement sur PS4, Marvelous a travaillé au maximum sa mouture portable : le cel-shading de Senran Kagura Shinobi Versus a disparu pour laisser la place à des modèles 3D beaucoup plus nets qui n’ont pas tant que ça à envier à la version PS4. Le jeu ralenti quand même sévèrement par endroit, mais c’est le prix à payer pour l’avoir toujours avec soi. Côté musiques, ce nouvel opus ne rivalise pas avec les anciens, je ne retiens que le thème d’Homura et iza, atuski omoi o mune ni! qui fut une excellente composition finale.
Évidemment, impossible de clore le test d’un Senran Kagura sans parler de son fond de commerce licencieux. Les destructions de costumes vont intervenir un peu moins souvent afin de ne pas trop gêner le flux des combats, mais sont en revanche nettement plus suggestives que dans le précédent! Très clairement, les poses et les expressions des visages font tellement de surenchère qu’on en considérerait presque les anciens épisodes comme timides… Et parce qu’il faut innover sur tous les plans, le nouveau titre de Kenichirô Takaki introduit ce que l’on appelle dans la version originale les puru puru finish. Ces «fatalités» en quelque sorte consistent à donner le coup fatal à un adversaire près d’un élément du décor qui va déclencher une petite scène un brin libertine où la nudité est de rigueur. Vous l’avez compris, Senran Kagura Estival Versus ne connaît pas le mot «compromis» et n’est pas à mettre entre toutes les mains.